Le paysage réglementaire de la crypto aux États-Unis pourrait connaître un revirement majeur dans les mois à venir. Avec l’arrivée de nouveaux dirigeants favorables à la crypto au sein de deux agences clés, l’Office of the Comptroller of the Currency (OCC) et le Consumer Financial Protection Bureau (CFPB), l’industrie des actifs numériques pourrait bénéficier d’un cadre plus propice à son développement.
Un nouveau chef crypto-friendly à l’OCC
La nomination de Rodney Hood, un fervent défenseur de la technologie blockchain, à la tête de l’OCC laisse présager un assouplissement des politiques restrictives envers les banques souhaitant offrir des services liés aux crypto-monnaies. Lorsqu’il dirigeait l’agence de régulation des coopératives de crédit en 2021, Hood avait déclaré :
Les crypto-monnaies doivent faire partie du système des coopératives de crédit. Si vous ne les avez pas, cela affectera votre capacité à rivaliser avec d’autres prestataires de services financiers.
Selon des sources proches du dossier, Hood aurait déjà ordonné une révision complète des directives publiées par l’OCC en 2021, qui avaient contribué à freiner l’adoption des crypto-monnaies par les banques traditionnelles.
Vers une levée des freins réglementaires ?
Outre l’OCC, la Securities and Exchange Commission (SEC) serait également en train de revoir sa position sur les exigences comptables des actifs crypto détenus par les banques. Une évolution qui pourrait supprimer un obstacle majeur à l’offre de services de garde par les institutions financières.
Rodney Hood n’est pas le seul partisan de la crypto à intégrer l’administration Trump. Le nouveau directeur par intérim de la CFPB, Russ Vought, semble lui aussi déterminé à réorienter l’approche de l’agence envers les entreprises du secteur.
La CFPB change de cap
Créé après la crise financière de 2008 pour protéger les consommateurs, le CFPB s’était récemment illustré en multipliant les actions à l’encontre des sociétés crypto, pointées du doigt pour leurs pratiques parfois douteuses. Mais avec l’arrivée de Russ Vought, connu pour ses positions anti-réglementations, l’agence pourrait mettre un coup d’arrêt à ses velléités de régulation du secteur.
Une perspective saluée par Brian Armstrong, le PDG de Coinbase, qui a qualifié le CFPB « d’organisation activiste inconstitutionnelle ayant causé d’énormes dégâts au pays ». Sa plateforme d’échange faisait l’objet de milliers de plaintes de consommateurs enregistrées dans la base de données de l’agence.
Les défis restent nombreux
Malgré ces signaux encourageants, le chemin vers une adoption généralisée des crypto-monnaies par le système financier américain s’annonce encore long et semé d’embûches. Les récents effondrements de l’écosystème Terra et de la plateforme FTX ont laissé des traces et renforcé la méfiance des régulateurs envers ce secteur encore peu mature.
De plus, le virage pro-crypto voulu par l’administration Trump se heurte à une forte résistance des élus démocrates du Congrès, bien décidés à encadrer plus strictement cette industrie. La sénatrice Elizabeth Warren et la représentante Maxine Waters ont ainsi vivement critiqué les tentatives de démantèlement du CFPB, y voyant un « cadeau aux riches investisseurs qui veulent arnaquer les familles ».
Les prochains mois s’annoncent donc cruciaux pour l’avenir de la crypto aux États-Unis. Entre volonté de stimuler l’innovation et nécessité de protéger les consommateurs, les régulateurs devront trouver le bon équilibre pour permettre à cette industrie de réaliser son plein potentiel, tout en prévenant les dérives.
Une chose est sûre : malgré les incertitudes, l’intérêt des institutions financières traditionnelles pour les actifs numériques ne cesse de grandir. Avec un cadre réglementaire plus clair et favorable, nul doute que de nombreuses banques franchiront le pas pour proposer des services liés aux crypto-monnaies à leurs clients. Une évolution qui pourrait bien transformer en profondeur le paysage financier américain dans les années à venir.
