Les habitants du quartier de Beauval à Meaux ne sont pas près d’oublier cette nuit cauchemardesque. Peu avant 2h du matin, des détonations déchirent le silence. Au pied d’un immeuble, un homme de 30 ans git dans une mare de sang, touché par pas moins de 8 projectiles. Thorax, bras, jambes… Son corps est criblé de balles. Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraitre, il est toujours en vie quand les secours arrivent.
Un quartier sous haute tension
Le quartier de Beauval, c’est un peu le ventre mou de Meaux. Un concentré de barres d’immeubles décrépies, de caves squattées, de halls enfumés. Ici, le trafic de drogue prospère au vu et au su de tous. Régulièrement, des descentes de police tentent d’endiguer le phénomène. Mais c’est un peu le mythe de Sisyphe. A peine le réseau est-il démantelé qu’il se recrée, encore et toujours.
C’est dans ce contexte tendu que s’inscrit la fusillade de cette nuit. Selon les premiers éléments de l’enquête, le ou les tireurs auraient surgi d’une Peugeot 308 noire avant de faire feu sur leur cible et de prendre la fuite en direction de Trilport. Le véhicule sera retrouvé incendié quelques kilomètres plus loin, à Chauconin-Neufmontiers.
Un arsenal inquiétant
Sur place, les enquêteurs ont mis la main sur un véritable arsenal : pistolet-mitrailleur avec chargeur engagé, arme de poing, étuis de cartouches par dizaines… Des impacts de balles constellent la façade de l’immeuble devant lequel le drame s’est joué. Nul doute qu’on a voulu non seulement blesser, mais tuer.
C’est un miracle qu’il soit encore vivant avec toutes ces balles dans le corps. Les tireurs ne l’ont pas loupé !
– Un riverain sous le choc
Le spectre du règlement de comptes
D’après nos informations, la victime, domiciliée dans le quartier, était connue des services de police. De là à parler de règlement de comptes sur fond de rivalité dans le trafic de stupéfiants, il n’y a qu’un pas que les enquêteurs n’hésiteront sans doute pas à franchir. Dans le microcosme local du banditisme, ce genre de méthode expéditive pour éliminer un concurrent ou un mauvais payeur n’est malheureusement pas rare.
Les investigations vont désormais se poursuivre pour tenter d’identifier le ou les auteurs des tirs, sous l’égide de la police judiciaire. La victime, quant à elle, n’est pas encore en capacité d’être entendue. Son pronostic vital n’est plus engagé mais elle va devoir subir de lourdes interventions chirurgicales pour se remettre de ses blessures. Espérons que ce miraculé aura retenu la leçon et quittera le monde du banditisme avant qu’il ne soit trop tard.
Un quartier en quête d’apaisement
Au-delà de ce fait divers aussi tragique que spectaculaire, c’est toute la question de la sécurité et de la tranquillité publique qui se pose à Beauval comme dans de nombreux quartiers dits “sensibles”. Comment rendre ces espaces de vie aux habitants ? Comment contrer l’économie souterraine de la drogue qui prospère sur la misère sociale ? Des interrogations qui taraudent élus locaux et forces de l’ordre, souvent démunis face à l’ampleur de la tâche.
Cette énième fusillade montre en tout cas que la lutte contre ces fléaux est loin d’être gagnée. Il faudra plus que quelques opérations coups de poing pour venir à bout des réseaux criminels qui gangrènent les cités. C’est un travail de longue haleine qui nécessite des moyens humains et financiers conséquents, mais aussi une volonté politique sans faille. En attendant, les riverains continuent à vivre dans la peur des balles perdues.
Vivre malgré tout
Malgré ce contexte difficile, les habitants de Beauval s’accrochent à leur quartier. Beaucoup refusent la fatalité et veulent croire en des jours meilleurs. Des associations, des initiatives citoyennes tentent de créer du lien, d’offrir un avenir aux jeunes tentés par l’argent facile du trafic. C’est un combat de tous les instants, une lutte souvent à armes inégales. Mais c’est aussi le signe d’un espoir indéboulonnable, d’une farouche volonté de ne pas sombrer.
Alors oui, les fusillades comme celle de cette nuit glacent le sang et la peur est là, tapie. Mais la vie doit continuer, coûte que coûte. Pour tous ces habitants courageux qui se battent au quotidien pour préserver leur dignité et offrir un avenir à leurs enfants. En espérant qu’un jour, les seules détonations qu’on entendra à Beauval seront celles des feux d’artifice un soir de fête.