Dimanche matin, la paisible Promenade des Anglais à Nice a été le théâtre d’une scène digne d’un film d’action. Un automobiliste, visiblement pressé d’échapper aux forces de l’ordre, a refusé de se soumettre à un contrôle routier sur l’autoroute A8, préférant prendre la fuite dans les rues de la cité azuréenne. Cette course-poursuite effrénée a malheureusement fait un blessé parmi les gendarmes.
Une matinée mouvementée sur la Côte d’Azur
Selon des sources proches de l’enquête, tout a commencé lorsqu’une patrouille de l’escadron départemental de sécurité routière a repéré un véhicule roulant à vive allure sur l’A8, multipliant les embardées dangereuses. Malgré les injonctions des gendarmes, le conducteur a refusé de s’arrêter, préférant s’engager dans une fuite en avant périlleuse.
La course-poursuite s’est poursuivie jusque dans les artères de Nice, le chauffard n’hésitant pas à emprunter la mythique Promenade des Anglais, d’ordinaire réservée aux flâneurs et aux joggers. C’est là, au niveau du quartier Carras, qu’un gendarme descendu de sa moto pour tenter d’intercepter le fuyard a été violemment percuté.
Un militaire blessé, le chauffard en fuite
Malgré la dense circulation dominicale, le chauffard a réussi à prendre la fuite, manquant d’écraser le gendarme à terre. Ce dernier, blessé au genou, a dû être transporté à l’hôpital par les sapeurs-pompiers. Fort heureusement, ses jours ne sont pas en danger.
Pendant ce temps, le conducteur fou a poursuivi sa cavale, n’hésitant pas à griller des feux rouges et à percuter plusieurs véhicules dans sa fuite. Malgré les renforts déployés, il est parvenu à semer ses poursuivants, abandonnant sa voiture endommagée dans une rue de la commune voisine de La Trinité.
La traque d’un individu dangereux
Si le propriétaire du véhicule a rapidement été identifié et interpellé, les enquêteurs ont dû se rendre à l’évidence : il ne s’agissait pas du conducteur au moment des faits. Depuis, c’est un véritable jeu du chat et de la souris qui s’est engagé entre le chauffard et les forces de l’ordre.
Le parquet de Nice, qui a ouvert une enquête pour tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique, a confié les investigations à la brigade de recherches. Tous les moyens sont mis en œuvre pour retrouver l’individu, considéré comme dangereux et qui n’a visiblement pas hésité à mettre en danger la vie d’autrui pour échapper à un simple contrôle routier.
L’indignation des élus locaux
Cet événement n’a pas manqué de susciter une vive émotion chez les élus de la région. Christian Estrosi, le maire de Nice, a immédiatement réagi sur les réseaux sociaux, souhaitant un «prompt rétablissement au gendarme blessé» et appelant à un renforcement des sanctions contre ces «criminels de la route».
Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, a lui aussi fait part de son «total soutien au gendarme du peloton motorisé blessé», réclamant «une plus grande fermeté face à ces criminels». Des mots forts qui font écho au sentiment d’insécurité grandissant sur les routes, en particulier dans ce département encore marqué par le décès tragique du gendarme Éric Comyn, tué cet été lors d’un refus d’obtempérer à Mandelieu-la-Napoule.
En attendant que le chauffard soit interpellé et réponde de ses actes devant la justice, cette affaire remet sur le devant de la scène la question épineuse des refus d’obtempérer et des moyens à mettre en œuvre pour endiguer ce fléau. Un défi de taille pour les autorités, qui doivent concilier sécurité des forces de l’ordre, protection des citoyens et respect des libertés individuelles.
Refus d’obtempérer : un phénomène en hausse
Malheureusement, l’incident survenu ce dimanche à Nice est loin d’être un cas isolé. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les refus d’obtempérer sont en constante augmentation ces dernières années, mettant en péril la vie des forces de l’ordre et des usagers de la route.
- En 2020, pas moins de 24.609 refus d’obtempérer ont été recensés en France, soit une hausse de 4,7% par rapport à l’année précédente.
- Dans près d’un cas sur deux (49,4%), ces refus ont donné lieu à des poursuites.
- Dans 5,3% des cas, les forces de l’ordre ont dû faire usage de leur arme pour stopper les fuyards.
Des statistiques alarmantes qui témoignent de la nécessité de renforcer les moyens de lutte contre ce phénomène. Mais au-delà de la réponse pénale, c’est aussi un travail de prévention et de sensibilisation qui doit être mené auprès du grand public, afin de rappeler les risques encourus et les conséquences dramatiques que peuvent avoir ces comportements irresponsables.
Un soutien unanime aux forces de l’ordre
Face à cette recrudescence des refus d’obtempérer, les syndicats de police et de gendarmerie tirent la sonnette d’alarme, réclamant davantage de moyens et une réponse pénale plus ferme. Un appel entendu par le gouvernement, qui a récemment annoncé une série de mesures visant à renforcer la protection des forces de l’ordre.
Il est inadmissible que ceux qui nous protègent au quotidien risquent leur vie face à des individus qui refusent de se soumettre aux règles les plus élémentaires de notre société. Nous serons intraitables avec ces délinquants de la route.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur
Parmi ces mesures, on trouve notamment un durcissement des sanctions pour les auteurs de refus d’obtempérer, avec des peines pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende. Des stages de sensibilisation obligatoires pour les contrevenants sont également prévus, ainsi qu’un renforcement des moyens techniques et humains alloués aux forces de l’ordre.
Mais au-delà de la réponse sécuritaire, c’est aussi un message de soutien et de reconnaissance que les pouvoirs publics souhaitent adresser aux policiers et gendarmes, trop souvent pris pour cible dans l’exercice de leurs fonctions. Un soutien partagé par l’ensemble de la population, comme en témoignent les nombreux messages de sympathie qui ont afflué suite à l’incident de Nice.
Reste à espérer que ces mesures porteront leurs fruits et que le chauffard qui a semé la panique sur la Promenade des Anglais sera rapidement interpellé et traduit devant la justice. En attendant, c’est toute une ville qui retient son souffle, saluant le courage de ces femmes et hommes qui risquent leur vie chaque jour pour assurer notre sécurité.