Deux jours à peine après la chute surprise du président syrien Bachar al-Assad, la question du retour des millions de réfugiés ayant fui le pays depuis des années se pose déjà. Face à cette situation évoluant rapidement, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a tenu à appeler lundi à « la patience et la vigilance ».
Filippo Grandi, le chef de l’agence onusienne, a souligné dans un communiqué l’importance de « rester concentré sur la question des retours », en espérant que les développements sur le terrain puissent enfin permettre à terme « des retours volontaires, sûrs et durables – avec des réfugiés capables de prendre des décisions éclairées ». Une position prudente, alors que la situation en Syrie demeure très instable et incertaine 48 heures seulement après le renversement du régime.
Un élan de retour qui soulève des questions
Pourtant, sur le terrain, nombre de réfugiés semblent déjà s’organiser pour regagner leur pays. C’est notamment le cas en Turquie, terre d’accueil de près de 3 millions d’entre eux selon les chiffres du HCR. Ankara a d’ailleurs annoncé lundi la réouverture d’un poste-frontière fermé depuis 2013 pour faciliter ces retours.
En Europe aussi, où la crise des réfugiés de 2015 avait créé d’importantes tensions, le débat refait surface. Plusieurs pays comme l’Allemagne ont déjà annoncé un gel des procédures de demandes d’asile pour les exilés syriens.
Impératif de la reconstruction et besoins humanitaires
Mais au-delà de l’enjeu politique et sécuritaire des retours, l’ampleur de la tâche pour reconstruire un pays dévasté par une décennie de conflit soulève de nombreuses interrogations. Filippo Grandi insiste sur l’aspect humanitaire :
N’oublions pas non plus que les besoins en Syrie restent immenses. Aujourd’hui 90% de la population dépend de l’aide humanitaire et l’hiver approche.
Il appelle donc les donateurs internationaux à maintenir leurs efforts pour que le HCR et ses partenaires disposent des ressources nécessaires pour une intervention rapide et efficace, en particulier dans les pays voisins accueillant encore des millions de réfugiés.
Le HCR en première ligne pour accompagner une transition complexe
Dans ce contexte très fluide, le Haut-Commissariat assure qu’il restera vigilant. Il s’engage à surveiller de près les développements, à maintenir le dialogue avec les communautés de réfugiés et à soutenir les États dans l’organisation de tout retour volontaire.
Mais il faudra du temps et des moyens. Et surtout, martèle Filippo Grandi, éviter toute précipitation face à un pays qui, malgré la chute du régime honni, reste profondément meurtri et fragile. Un défi immense pour la communauté internationale, qui devra plus que jamais faire preuve de responsabilité, de coordination et de vision à long terme.