Le sort de la réforme des retraites est plus que jamais suspendu au verdict de la Cour des comptes. Alors que le gouvernement tente de relancer ce chantier hautement inflammable, l’institution financière rendra son très attendu « constat » sur le financement du système de retraites le 19 février prochain, a annoncé François Bayrou aux partenaires sociaux ce vendredi.
Un constat crucial pour l’avenir de la réforme
Selon une source proche du dossier, ce constat de la Cour des comptes sera déterminant pour la suite des événements. Il permettra en effet « d’avoir une vision de l’avenir » du système de retraites et de ses équilibres financiers. Un enjeu crucial alors que l’exécutif cherche à remettre sa réforme sur les rails, après l’avoir fait adopter au forceps en 2023.
Devant les partenaires sociaux réunis en « conclave » au ministère du Travail, le Premier ministre a souhaité qu’ils puissent « poser les questions » et indiquer leurs « zones d’inquiétude » sur le financement des retraites, dans l’attente du rapport de la Cour des comptes. « Chacun a le droit d’ouvrir les questions qu’il souhaite », a-t-il insisté, promettant un dialogue « sans tabou ».
Une concertation sous haute tension
Mais cette main tendue suffira-t-elle à apaiser les tensions autour de la réforme ? Rien n’est moins sûr. Depuis son adoption controversée en 2023, le texte continue de susciter une vive opposition dans l’opinion et chez certains syndicats. Beaucoup craignent un nouveau « passage en force » du gouvernement, malgré les promesses de dialogue et de concertation.
Pour François Bayrou, cette phase de discussions avec les partenaires sociaux doit néanmoins être mise à profit pour « établir les bilans chiffrés les plus indiscutables possibles » sur les comptes du système de retraites. Une manière de « faire confiance au dialogue social », selon lui.
Le système de retraites concerne toute la Nation et pas seulement ceux qui sont dans un régime particulier.
François Bayrou, Premier ministre
Des arbitrages douloureux en vue ?
Au-delà de la question du financement, le chef du gouvernement a prévu d’aborder avec les partenaires sociaux d’autres aspects sensibles de la réforme, comme la pénibilité au travail, l’emploi des seniors ou les droits familiaux.
Mais une fois rendu le verdict de la Cour des comptes, de douloureux arbitrages pourraient s’imposer pour rééquilibrer les comptes. Hausse des cotisations, recul de l’âge de départ, baisse des pensions… Toutes les options semblent sur la table, au risque de raviver la colère sociale.
Une chose est sûre : avec la réforme des retraites, l’exécutif marche sur des œufs. Et le constat de la Cour des comptes pourrait bien faire office de juge de paix dans ce dossier ultra-sensible. Réponse le 19 février.