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Réforme de l’assurance-chômage : gagnants et perdants chez les séniors

La réforme de l'assurance-chômage est une arme à double tranchant pour les séniors. Si elle promet de faciliter leur retour à l'emploi grâce à un bonus, elle réduit aussi drastiquement la durée d'indemnisation maximale. Quels seront les vrais impacts pour les chômeurs de plus de 50 ans ? Décryptage.

La nouvelle réforme de l’assurance-chômage, dont le décret est attendu ce lundi 1er juillet, s’annonce comme une véritable révolution pour les demandeurs d’emploi séniors. Entre mesures incitatives et restrictions, les plus de 50 ans risquent d’avoir un sentiment partagé. Décryptage d’une réforme aux multiples facettes pour cette population souvent fragilisée sur le marché du travail.

Le “bonus emploi sénior”, un coup de pouce pour retrouver un poste

Le point positif de cette réforme pour les chômeurs en fin de carrière est sans conteste le nouveau “bonus emploi sénior”. À partir de 57 ans, s’ils acceptent un poste moins bien rémunéré que leur emploi précédent, ils pourront bénéficier pendant un an d’une compensation de la perte de revenus, financée par une partie de leur allocation chômage.

Cette mesure vise à lever un des principaux freins à l’embauche des profils expérimentés : jugés trop coûteux par rapport à des candidats plus jeunes, ils peinent souvent à retrouver un emploi à la hauteur de leurs prétentions salariales. Avec ce bonus, le gouvernement espère les inciter à élargir leurs recherches vers des postes certes moins bien payés, mais qui leur permettront de se maintenir en emploi.

Objectif : un taux d’emploi des séniors de 65% en 2030

Cette incitation financière s’inscrit dans l’ambitieux objectif fixé par l’exécutif : atteindre un taux d’emploi des 60-64 ans de 65% d’ici 2030, contre moins de 40% actuellement. Un chiffre qui place la France loin derrière nombre de ses voisins européens en matière d’emploi des séniors.

“Il n’en faut pas moins, selon l’exécutif, pour résoudre le problème du maintien en emploi des séniors et sécuriser leurs parcours professionnels jusqu’à la retraite.”

Mais une durée d’indemnisation fortement réduite

Revers de la médaille, la réforme prévoit en parallèle une baisse significative de la durée maximale d’indemnisation pour les chômeurs séniors :

  • Pour les 53-54 ans : de 22,5 mois à 18 mois
  • Pour les 55-56 ans : de 27 mois à 18 mois
  • Pour les 57 ans et plus : de 27 mois à 22,5 mois

Si cette mesure vise à accélérer le retour à l’emploi, elle fait craindre une précarisation accrue de ceux qui ne parviendraient pas à se reclasser rapidement. D’autant que passé un certain âge, retrouver un poste relève souvent du parcours du combattant, entre discrimination liée à l’âge et inadéquation des compétences avec le marché.

Un risque de basculer plus rapidement vers les minimas sociaux

Avec une durée d’indemnisation réduite, les chômeurs séniors en difficulté risquent de se retrouver sans ressources bien plus tôt qu’auparavant. Et donc de devoir basculer vers des minimas sociaux comme le RSA avant de pouvoir prétendre à la retraite. Un échec en termes de maintien en emploi, mais aussi un simple transfert du coût de leur prise en charge vers la solidarité nationale.

Pour les partenaires sociaux comme pour les associations de chômeurs, cette réforme est loin d’être la panacée. Si des efforts sont notés pour améliorer l’attractivité des séniors, beaucoup craignent que cela ne suffise pas à contrebalancer les effets négatifs de la baisse de leurs droits. L’avenir dira si le gouvernement a misé sur le bon cheval avec ce nouveau cadre pour l’assurance-chômage des séniors. Une chose est sûre, le débat est loin d’être clos sur ce sujet brûlant.

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