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Référendums en 2025 : Quels Sujets Macron Pourrait Soumettre aux Français ?

Emmanuel Macron a ouvert la voie à d'éventuels référendums en 2025 sur des "sujets déterminants". Quelles questions pourraient être soumises aux Français ? Immigration, fin de vie, proportionnelle... Le champ des possibles semble vaste mais le cadre constitutionnel est contraignant. Décryptage.

Dans ses vœux aux Français pour 2025, Emmanuel Macron a surpris en ouvrant la voie à de possibles référendums au cours de l’année sur des « sujets déterminants ». Une annonce inattendue qui relance les spéculations sur les thèmes qui pourraient être soumis au vote populaire. Immigration, fin de vie, réforme du mode de scrutin… Les sujets clivants et émotionnels ne manquent pas. Mais organiser un référendum est loin d’être une formalité sur le plan constitutionnel. Décryptage des enjeux et des obstacles.

Macron et le référendum, une histoire contrariée

Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron évoque l’idée de référendums au cours de son quinquennat. Lors de la crise des gilets jaunes fin 2018, il avait envisagé de poser une série de questions aux Français, avant d’y renoncer. Durant la campagne présidentielle de 2022, il avait de nouveau promis un référendum, cette fois sur l’inscription de la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution. Mais là encore, le projet a fait long feu face à l’hostilité du Sénat.

En reconnaissant dans ses vœux que la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier a apporté « davantage de divisions que de solutions », le chef de l’État semble vouloir renouer le dialogue avec les Français. Le référendum apparaît alors comme un moyen de trancher des débats de société ou de faire adopter des réformes délicates.

L’immigration, un sujet explosif

Parmi les sujets récurrents lorsqu’on parle de référendum, la question migratoire arrive en tête. Plusieurs responsables de droite, comme Laurent Wauquiez ou Éric Ciotti, ont réclamé une consultation sur ce thème lors du dernier quinquennat. Une proposition de référendum d’initiative partagée (RIP) sur l’immigration portée par Les Républicains a même été rejetée en 2019 par le Conseil constitutionnel.

Emmanuel Macron lui-même a plusieurs fois évoqué l’idée de « faire voter les Français » sur la politique migratoire. Mais le sujet est juridiquement et politiquement miné. Contrairement à d’autres pays européens comme la Suisse, la France n’a pas de tradition de référendum sur l’immigration. Et les partis de gauche comme les associations s’opposent farouchement à cette idée, y voyant un risque de stigmatisation des étrangers.

La fin de vie, un débat éthique

Autre thème sociétal sensible régulièrement évoqué pour un référendum : la fin de vie. Faut-il légaliser l’euthanasie ou le suicide assisté comme l’ont fait d’autres pays européens (Belgique, Pays-Bas, Espagne…) ? La société française apparaît divisée sur cette question qui touche à l’intime et soulève des questions éthiques complexes.

Lors de son premier mandat, Emmanuel Macron avait initié un large débat public sur la fin de vie, avec une convention citoyenne qui s’était prononcée en faveur d’une « aide active à mourir ». Mais le gouvernement est resté prudent, préférant faire évoluer la loi Claeys-Leonetti de 2016 plutôt que de franchir le pas de l’euthanasie. Un référendum permettrait de trancher, mais au risque de fracturer davantage l’opinion.

Une dose de proportionnelle aux législatives ?

Sur le plan institutionnel, Emmanuel Macron pourrait être tenté de soumettre aux Français l’introduction d’une dose de proportionnelle pour les élections législatives. Une promesse ancienne du président, censée favoriser le pluralisme à l’Assemblée nationale, mais qui n’a jamais été concrétisée.

Avec un mode de scrutin majoritaire à deux tours, le système actuel favorise les grands partis et pénalise les formations plus petites, même si elles font des scores importants au niveau national. Les partisans d’une dose de proportionnelle y voient un moyen de mieux refléter la diversité de la société française et de lutter contre l’abstention. Mais ses détracteurs craignent une forme d’instabilité politique et des coalitions plus difficiles à construire.

Un référendum sur le mode de scrutin des législatives serait inédit sous la Ve République et exigerait probablement une révision de la Constitution.

Un cadre constitutionnel contraignant

Au-delà des sujets envisageables, c’est surtout la procédure référendaire qui est complexe en France. La Constitution de 1958 a volontairement limité le recours au référendum, perçu comme une menace potentielle pour le régime représentatif. Seul le président de la République peut en décider, sur proposition du gouvernement ou du Parlement.

Mais les thèmes possibles sont restreints : organisation des pouvoirs publics, réformes économiques, sociales ou environnementales, ratification d’un traité… Impossible par exemple de poser une question sur la peine de mort, les symboles nationaux ou les libertés publiques. Le Conseil constitutionnel peut aussi censurer une question jugée trop vague ou sans lien avec les domaines autorisés.

Enfin, en cas de victoire du « non », le président est fragilisé politiquement et peut difficilement ignorer ce désaveu. C’est ce qui était arrivé à Jacques Chirac en 2005, après le rejet par référendum du traité constitutionnel européen. Un précédent qui incite à la prudence.

Une annonce à haute valeur politique

Si les obstacles juridiques et politiques sont nombreux, l’annonce d’Emmanuel Macron sur de possibles référendums en 2025 n’est pas anodine. Dans un contexte de fortes tensions sociales et de défiance envers les élites, redonner la parole aux Français peut apparaître comme un geste d’apaisement et de conciliation.

En choisissant bien son sujet et son moment, le président pourrait aussi relancer une dynamique politique positive et rassembleuse pour la fin de son mandat. Mais le pari est risqué. Un référendum mal préparé ou sur un sujet trop polémique pourrait au contraire aggraver les fractures et affaiblir encore davantage le pouvoir en place.

Dans tous les cas, organiser un ou des référendums en 2025 exigera un vrai travail de pédagogie et de consensus en amont. Lancer de vastes consultations citoyennes, missionner des experts pour définir des questions claires et neutres, impliquer toutes les forces politiques et sociales dans le processus… Autant de conditions nécessaires pour que le référendum soit vécu comme un progrès démocratique et non comme un plébiscite ou une manœuvre politicienne. Un vrai défi pour Emmanuel Macron, s’il veut terminer son second mandat par une note positive et rassembleuse.

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