ActualitésPolitique

Référendum Au Gabon : Un Tournant Crucial Pour L’avenir Du Pays

Le Gabon est à la croisée des chemins. Un référendum crucial sur une nouvelle Constitution, présentée comme un "tournant majeur" après le putsch d'août 2023, divise le pays. Entre espoirs de renouveau et craintes d'une dérive autoritaire, les Gabonais s'apprêtent à faire un choix lourd de conséquences pour l'avenir de la nation. Découvrez les enjeux de ce scrutin historique qui passionne et inquiète tout un peuple.

En ce samedi 16 novembre 2024, le Gabon vit un moment charnière de son histoire. Les citoyens sont appelés aux urnes pour se prononcer sur un projet de nouvelle Constitution, présenté par le régime du général Brice Oligui Nguema comme “un tournant majeur” après le putsch d’août 2023 qui a renversé la dynastie Bongo. Les 860 000 électeurs gabonais ont jusqu’à 18 heures pour glisser dans l’urne leur bulletin vert pour le “oui” ou rouge pour le “non”, sous la supervision de commissions électorales mises en place par le ministère de l’Intérieur.

Un Projet Constitutionnel Qui Ne Fait Pas L’unanimité

Le texte soumis au vote des Gabonais est loin de faire consensus. Il prévoit notamment un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une seule fois, avec un exécutif fort concentré entre les mains du chef de l’État, qui nommerait un vice-président à ses côtés. Le projet octroie également au président le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. Des dispositions jugées taillées sur mesure pour le nouvel homme fort du pays par ses opposants.

Pour le constitutionnaliste gabonais Franck Idiata, interrogé par l’AFP, ce projet “consacre un présidentialisme exacerbé avec un pouvoir exécutif hypertrophié”.

Des Critères D’éligibilité Présidentielle Qui Font Débat

La nouvelle Constitution imposerait aussi des conditions strictes pour se présenter à l’élection présidentielle : être exclusivement de nationalité gabonaise, né d’au moins un parent lui-même Gabonais de naissance, et être marié à une personne de nationalité gabonaise. Des critères assouplis par rapport à une première mouture qui exigeait d’être né de deux parents gabonais.

Un alinéa, ne figurant pas parmi les dispositions intangibles du texte, interdirait au conjoint ou aux descendants du président en exercice de se porter candidat à sa succession. Une façon de tourner la page des dérives dynastiques associées au clan Bongo, qui régnait sur le Gabon depuis 55 ans.

Enjeu Principal : La Participation Électorale

Comme le relève le site d’information Gaboninfoslive, c’est le taux de participation qui représente le véritable “épouvantail à combattre” pour les autorités de transition. Ces dernières ont multiplié les appels à se rendre aux urnes sur tous les supports, accordé deux jours de congé et permis des changements exceptionnels de bureau de vote pour “limiter les aléas liés aux transports et à la météo” en cette saison des pluies. Le journal l’Union s’interroge d’ailleurs dans son édition de vendredi : “Campagne référendaire ou présidentielle ?”, tant les affiches à l’effigie du général Oligui sont omniprésentes.

Après Le Référendum, L’élection Présidentielle En Ligne De Mire

Si la Constitution est adoptée, la prochaine étape sera la tenue d’une élection présidentielle, prévue en août 2025 selon le calendrier actuel, pour mettre un terme définitif à la période de transition née du putsch. Le général Oligui, qui a promis de rendre le pouvoir aux civils tout en ne cachant pas ses ambitions présidentielles, parle lui d’un “essor vers la félicité”.

Le général Oligui cumule 46,4% des intentions de vote dans un récent sondage sur l’élection présidentielle.

Mais pour ses détracteurs, à l’image de la juriste Marlène Fabienne Essola Efountame, le général est en train de “fabriquer de toutes pièces un dictateur qui conçoit la Constitution pour lui-même”. Un grand débat organisé dimanche par la télévision d’État a mis en lumière les fortes divisions des Gabonais, partagés entre l’envie d’aller de l’avant en votant “oui” et la crainte de voir émerger un nouveau potentat.

Le Gouvernement Assure Vouloir Jouer La Transparence

Face aux inquiétudes, le gouvernement de transition met en avant sa volonté de transparence. Le ministère de l’Intérieur assure avoir pris toutes les dispositions nécessaires, notamment en invitant des observateurs internationaux, écartés lors de la présidentielle controversée d’août 2023. Les résultats provisoires devraient être publiés rapidement, avant une proclamation définitive par la Cour constitutionnelle une fois les éventuels recours traités.

Dans ce contexte électrique, une enquête d’opinion publiée mi-octobre par l’institut Afrobaromètre donne quelques indicateurs sur l’état d’esprit des Gabonais. Selon ce sondage réalisé auprès de 1200 personnes, 86,7% pensent que “le pays va dans la bonne direction”, 53,8% jugent assez positivement la gestion économique du gouvernement de transition et 46,4% font “beaucoup confiance” au général Oligui, qui arrive en tête des intentions de vote pour la prochaine présidentielle.

Des chiffres que les autorités de transition ne manqueront pas de mettre en avant pour asseoir la légitimité de leur feuille de route. Reste à savoir si les électeurs gabonais leur donneront quitus de leur projet constitutionnel. Réponse dans les urnes, et dans les prochaines heures.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.