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Réduire le déficit : quand économistes prônent taxes temporaires et coupes budgétaires

Pour réduire le déficit sans étouffer la croissance, des économistes misent sur un savant dosage entre baisse des dépenses et hausses temporaires d'impôts. Leur recette pour dégager des excédents à moyen terme tout en préservant l'économie. Découvrez leur stratégie.

Alors que la France peine à résorber son déficit public, des économistes avancent des pistes pour assainir les finances de l’État sans pour autant plomber la croissance économique. La recette ? Un savant mélange entre réduction des dépenses publiques et hausses d’impôts temporaires, comme le suggère un récent rapport du Conseil d’analyse économique (CAE).

Un déficit public persistant en France

Malgré les efforts engagés, le déficit public français demeure conséquent, atteignant 5,5% du PIB en 2023 selon les derniers chiffres de Bercy. Un niveau qui menace la soutenabilité de la dette à long terme et contraint la France à se financer à des taux d’intérêt plus élevés sur les marchés.

Pour les experts du CAE, il est donc impératif de réduire ce déficit afin de respecter les engagements européens de la France et de préserver sa crédibilité budgétaire. Mais attention à ne pas sabrer trop brutalement dans les dépenses au risque d’étouffer la croissance économique et de faire grimper le chômage, préviennent-ils.

Trouver le bon rythme de réduction du déficit

Adrien Auclert, Thomas Philippon et Xavier Ragot, les trois économistes ayant planché sur le sujet pour le CAE, prônent ainsi un assainissement “modéré mais soutenu” des finances publiques. L’objectif : permettre à la France de dégager chaque année des excédents de l’ordre de 1 point de PIB d’ici 7 à 12 ans.

Un horizon qui peut paraître lointain, mais qui se justifie selon eux par la nécessité de ne pas casser la dynamique économique. En 2023, le pays accusait en effet encore un déficit primaire (hors charges d’intérêts de la dette) de 3,2% du PIB.

Couper dans les dépenses, oui mais pas seulement

Si la maîtrise des dépenses publiques constitue un levier essentiel pour réduire le déficit, les économistes du CAE jugent que les efforts actuels du gouvernement en la matière ne suffiront pas. Certes, les 10 milliards d’économies déjà actés pour 2024, auxquels pourraient s’ajouter 15 milliards supplémentaires, vont dans le bon sens. Mais leur rendement apparaît insuffisant pour atteindre la cible fixée.

Pour dégager les quelque 112 milliards d’euros nécessaires chaque année pour revenir durablement dans le vert, le trio d’experts recommande de combiner ces coupes budgétaires avec “des hausses temporaires de taxes ou une sous-indexation généralisée des dépenses et des tranches d’imposition”. Une cure d’austérité limitée dans le temps pour accélérer le redressement des comptes sans trop pénaliser le pouvoir d’achat des ménages ni les investissements des entreprises.

À titre purement illustratif, si le salaire de base des fonctionnaires, l’ensemble des prestations sociales en espèces et le barème de l’impôt sur le revenu étaient tous gelés en 2025, plutôt que revalorisés à la hauteur de l’inflation de 2024 (estimée à 2,5%), cela rapporterait environ 20 milliards d’euros aux comptes publics

Conseil d’analyse économique

Un défi politique et social

Si ce scénario a le mérite de quantifier les efforts à fournir, sa mise en œuvre se heurte à de nombreux obstacles politiques et sociaux. Geler les salaires des fonctionnaires et les prestations sociales risque en effet de susciter une vive contestation des syndicats et de l’opposition. Quant à l’augmentation, même ponctuelle, des impôts, elle demeure un sujet très sensible pour l’exécutif comme pour les parlementaires.

Il n’empêche, les pistes esquissées par le CAE ont le mérite d’alimenter le débat sur les moyens de rééquilibrer les finances publiques tout en ménageant la croissance. Un exercice d’équilibriste délicat mais nécessaire pour préserver les grands équilibres économiques du pays et sa souveraineté budgétaire.

Reste à savoir si le gouvernement, englué dans d’autres dossiers brûlants comme la réforme des retraites, aura la volonté et les marges de manœuvre politiques pour s’engager dans cette voie. Une chose est sûre : plus il tardera à agir, plus le redressement des comptes publics s’annonce ardu et potentiellement douloureux pour les Français.

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