En 2024, le trafic aérien mondial devrait atteindre des sommets inédits. Selon les dernières prévisions de l’Association internationale du transport aérien (Iata), près de 5 milliards de passagers devraient prendre l’avion cette année-là, pulvérisant le précédent record de 4,54 milliards datant de 2019, avant la pandémie de Covid-19.
Une reprise spectaculaire après la crise sanitaire
Cette croissance fulgurante témoigne de l’extraordinaire capacité de résilience du secteur aérien, qui a traversé la pire crise de son histoire avec la pandémie. Entre 2020 et 2022, les pertes abyssales des compagnies aériennes ont atteint 183 milliards de dollars selon l’Iata. Mais le trafic passagers devrait rebondir de manière spectaculaire, retrouvant dès cette année son niveau d’avant-crise.
Les compagnies aériennes devraient dans le même temps renouer avec une forte rentabilité. L’Iata table sur un bénéfice net mondial de 30,5 milliards de dollars en 2024, sur un chiffre d’affaires sans précédent de 996 milliards. Soit une marge bénéficiaire de 3,1%, un niveau jamais atteint depuis la crise financière de 2008.
Un trafic tiré par la reprise du tourisme international
Cette croissance vigoureuse du trafic passagers sera principalement tirée par la reprise du tourisme international, qui a été quasiment à l’arrêt pendant la pandémie. De nombreux pays ont en effet assoupli ou levé leurs restrictions sur les déplacements, tandis que les voyageurs semblent avoir retrouvé la confiance pour prendre l’avion malgré les incertitudes sanitaires qui persistent.
Ces résultats espérés représentent un énorme succès étant donné les récentes graves pertes dues à la pandémie.
Willie Walsh, directeur général de l’Iata
Vers un rattrapage également du voyage d’affaires
Outre le segment loisirs, la reprise devrait aussi concerner progressivement le voyage d’affaires, qui reste encore aujourd’hui en retrait par rapport à son niveau pré-Covid. Mais le développement massif des outils de visioconférence pendant la crise sanitaire laisse planer le doute sur un retour complet à la “normale” des déplacements professionnels.
Des défis environnementaux et sociétaux à relever
La croissance spectaculaire du trafic aérien prévue en 2024 ne sera cependant pas sans poser question sur le plan environnemental. Le secteur aérien s’est engagé à réduire de moitié ses émissions de CO2 d’ici 2050 par rapport à 2005. Mais cet objectif semble difficilement atteignable sans une véritable révolution technologique des avions et des carburants, encore loin d’être une réalité.
Certains s’inquiètent aussi de la démocratisation excessive du transport aérien, alors que celui-ci reste de loin le mode de déplacement le plus émetteur de gaz à effet de serre. Est-il raisonnable et responsable que de plus en plus d’individus multiplient les voyages aux quatre coins du monde, souvent pour de simples city breaks de quelques jours ? Un débat sociétal loin d’être tranché.
Un ciel pas si serein à long-terme ?
Par ailleurs, si les perspectives de trafic sont au beau fixe pour 2024, la visibilité est beaucoup plus réduite à long-terme pour le secteur aérien. Les incertitudes géopolitiques, les tensions inflationnistes, la volatilité des cours du pétrole ou encore l’évolution de la situation sanitaire globale sont autant de facteurs qui pourraient remettre en cause cette embellie.
Ainsi, au-delà du rebond mécanique du trafic passagers post-pandémie, les compagnies aériennes vont devoir affronter des défis structurels immenses dans les années qui viennent, et opérer de véritables mutations pour assurer leur survie et leur développement futur. L’année 2024 record pourrait ainsi n’être qu’un trompe-l’œil, avant une nouvelle zone de turbulences.