C’est un coup de filet sans précédent qu’ont réalisé les gardes-côtes indiens ce dimanche. Au large des côtes de l’Andaman, une patrouille de reconnaissance aérienne a repéré un bateau de pêche suspect en provenance des eaux birmanes. À son bord : la bagatelle de 5,5 tonnes de méthamphétamine, soit la plus importante saisie de drogue jamais opérée par les autorités indiennes. Six ressortissants birmans qui se trouvaient sur l’embarcation ont été interpellés.
Le « Triangle d’Or », épicentre de la production de méthamphétamine
Cette prise record met en lumière l’ampleur du trafic de drogue en Asie du Sud-Est, et notamment dans la zone du « Triangle d’Or ». Cette région frontalière entre la Birmanie, le Laos et la Thaïlande est depuis des décennies un haut lieu de la production de stupéfiants, en particulier d’opium et de méthamphétamine. Selon l’ONU, le prix de gros d’un kilo de méthamphétamine avoisine les 380 euros dans la région.
Des routes du trafic chamboulées par le coup d’État birman
Mais le chaos politique qui règne en Birmanie depuis le putsch militaire de février 2021 a rebattu les cartes. Face au renforcement des contrôles aux frontières thaïlandaises et chinoises, les trafiquants se sont tournés vers les routes maritimes pour écouler leur production. Un contexte qui explique l’importance de la cargaison interceptée au large de l’Inde, dont la valeur marchande se chiffrerait en millions d’euros.
Les trafiquants de méthamphétamine se sont tournés vers la mer pour contourner la surveillance accrue aux frontières chinoises et thaïlandaises.
Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC)
La criminalité organisée prospère sur l’instabilité birmane
D’après une source proche du dossier, la production de méthamphétamine aurait ainsi significativement baissé dans l’État Shan, une région de l’est de la Birmanie considérée comme l’épicentre du trafic. Là-bas, dans des laboratoires clandestins cachés au cœur de la jungle, près de la frontière thaïlandaise, des groupes criminels produisent la drogue en masse, souvent avec la complicité de groupes armés locaux.
Une situation d’instabilité chronique dont profite à plein la criminalité organisée, et qui complique considérablement la tâche des autorités dans leur lutte contre ce fléau. La saisie exceptionnelle réalisée par les gardes-côtes indiens ce week-end représente certes une victoire d’étape, mais le chemin est encore long pour démanteler ces puissants réseaux qui prospèrent sur la misère et le chaos.