Lorsque la justice fait preuve de laxisme, c’est bien souvent la société qui en paye le prix fort. L’histoire tragique et révoltante d’Olcer, jeune multirécidiviste, en est la triste illustration. Condamné en juin 2022 à 5 ans de prison pour avoir battu à mort Philippe, un homme sans abri de 62 ans, Olcer n’aura finalement passé que quelques mois derrière les barreaux avant d’être remis en liberté conditionnelle. Une décision qui interroge, d’autant plus qu’il vient d’être à nouveau condamné pour une agression d’une violence inouïe, commise à peine un mois après sa sortie de prison.
Un crime d’une rare violence
Les faits remontent à juin 2019. Alors âgé de 16 ans, Olcer s’en prend avec deux complices à Philippe Paquier, un SDF de 62 ans, devant la gare de Nancy. Rué de coups, notamment de violents coups de pied dans la tête alors qu’il gisait au sol, la victime sombre dans le coma. Hospitalisé dans un état critique, ce père de deux enfants succombera à ses blessures trois semaines plus tard. Un déchaînement de violence gratuite qui choquera profondément l’opinion publique.
Une condamnation importante suivie d’une libération hâtive
Olcer comparaît en juin 2022 devant le tribunal pour enfants de Nancy. Pour ces « violences volontaires sur personne vulnérable ayant entraîné la mort sans intention de la donner », il écope d’une peine de 5 ans de prison ferme. Une sanction importante, semblant à la hauteur de l’horreur de son acte. Pourtant, après seulement 11 mois de détention provisoire, Olcer est remis en liberté conditionnelle, bénéficiant d’un aménagement de peine. Un laxisme déconcertant au vu de la gravité des faits et du profil inquiétant du condamné.
La récidive, un mois à peine après sa sortie
Malheureusement, les craintes suscitées par cette libération rapide se confirmeront très vite. Un mois après sa sortie de prison, Can Olcer, désormais majeur, agresse à nouveau un passant dans les rues de Nancy, aux côtés d’un comparse de 20 ans. Une attaque « sans motif », comme le relèvera la procureure. Lors de l’audience, le président ne manquera pas de souligner les sinistres similitudes avec le meurtre précédent, évoquant le film « Orange mécanique ». Olcer, avec sa réponse laconique – « Je ne sais pas ce que cela veut dire » – ne semble pas avoir pris la mesure de ses actes ni tiré les leçons de ses erreurs passées.
Le travail de réinsertion en question
Cette affaire glaçante met en lumière les lacunes de notre système judiciaire et pénitentiaire dans la prise en charge et la resocialisation des jeunes délinquants multirécidivistes. Comment expliquer qu’un individu condamné pour des faits aussi graves ait pu sortir si rapidement, sans qu’un réel travail sur son passage à l’acte et sa dangerosité n’ait été mené ? Les aménagements de peine semblent parfois accordés de manière quasi-automatique, sans réelle évaluation du profil criminologique ni mise en place d’un suivi suffisant à la sortie.
Peut-on réellement parler de justice quand les victimes et leurs proches ont le sentiment d’être les grands oubliés, face à des criminels qui ressortent trop rapidement et insuffisamment préparés ?
– Une question qui mérite d’être posée
Il est grand temps de remettre en question le fonctionnement de nos institutions. Sans sombrer dans un populisme sécuritaire, il est légitime d’attendre que la Justice protège en priorité les citoyens honnêtes, en mettant tout en œuvre pour prévenir la récidive des délinquants les plus dangereux. C’est une question de bon sens, une exigence minimale pour maintenir la confiance de la population dans le système.
Un drame qui aurait pu être évité
En entendant le sort tragique de Philippe Paquier et l’agression similaire qui a suivi, on ne peut s’empêcher de penser que ce nouveau drame aurait pu être évité. Si la peine prononcée avait été réellement exécutée dans son intégralité et accompagnée d’une prise en charge adaptée. Si les magistrats avaient pris la mesure de la dangerosité du prévenu avant d’accorder une libération prématurée.
Il est urgent de tirer les leçons de ces affaires qui révoltent l’opinion. De remettre la protection des citoyens et la lutte contre la récidive au cœur de notre politique pénale. Car chaque récidive est un échec collectif, un drame individuel qui devient scandale national. Il en va de la crédibilité de nos institutions, mais aussi de notre devoir de justice envers les victimes et leurs proches, à jamais meurtris par ces violences injustifiables et bien souvent évitables.