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Réchauffement climatique : le ministre sommé d’agir d’urgence

Le ministre de l'Économie Éric Lombard se voit reprocher de négliger une urgence cruciale au profit de la transition écologique. Un expert l'appelle à revoir ses priorités, la situation des comptes publics étant jugée particulièrement préoccupante pour l'avenir du pays...

Alors que le gouvernement affiche ses ambitions en matière de transition écologique, la gestion des finances publiques suscite de vives inquiétudes. Dernier épisode en date : les propos d’Éric Lombard, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, qui a déclaré faire de la transformation écologique la priorité absolue. Une position qui ne fait pas l’unanimité, certains appelant à recentrer l’action gouvernementale sur le défi majeur que constitue l’état préoccupant des comptes de la nation.

Changement de cap ministériel : le climat avant tout ?

Lors d’une récente allocution, Éric Lombard a clairement affiché la ligne directrice qu’il entend donner à son action à la tête de Bercy. Pour le ministre, l’adaptation des entreprises face au dérèglement climatique doit constituer la priorité des priorités, quitte pour celles-ci à consentir des investissements conséquents et potentiellement peu rentables. Un changement de modèle jugé vital, M. Lombard allant jusqu’à prédire que sans réaction forte, le réchauffement « tuera l’économie ».

Ce volontarisme affiché passe cependant mal auprès de ceux qui jugent que la dégradation continue des comptes publics constitue un péril au moins aussi sérieux pour le pays. Une situation qui nécessiterait de la part du gouvernement et en particulier du ministre de l’Économie un engagement prioritaire pour rétablir des finances saines et pérennes.

Les comptes publics en souffrance

La dette publique française a franchi un nouveau record en 2024, dépassant les 3400 milliards d’euros. Un niveau jugé difficilement soutenable à terme et qui obère les capacités d’investissement du pays. Dans ce contexte, la grande cause écologique portée par le gouvernement apparaît pour certains comme un luxe que la France ne peut plus se permettre.

L’urgence vitale est en fait le rétablissement des comptes publics. Si l’État ne se recentre pas sur ses missions essentielles qu’il peine déjà à accomplir, il y sera contraint…

– Frédéric Douet, professeur à l’université Rouen-Normandie

Pour ce spécialiste comme pour d’autres observateurs, la crédibilité de « l’État stratège » en matière économique est sérieusement écornée au vu de la dérive des déficits. Loin de favoriser la transition écologique, cette impasse budgétaire pourrait au contraire précipiter le pays dans une spirale récessive, avec son cortège d’impacts sociaux comme la paupérisation d’une partie croissante de la population.

Concilier l’urgence climatique et le redressement des comptes

Face à ces critiques, le gouvernement se trouve face à un délicat exercice d’équilibriste. Comment maintenir le cap des réformes jugées nécessaires pour adapter le pays au défi climatique tout en engageant le rééquilibrage des comptes publics ? Pour certains économistes, les deux objectifs ne sont pas incompatibles mais nécessitent de faire des choix clairs en termes de priorités budgétaires.

Cela passerait notamment par un recentrage de l’État sur ses missions régaliennes, en limitant ses dépenses dans des domaines jugés non essentiels. Parallèlement, orienter l’épargne et l’investissement vers la transformation écologique de l’économie via des incitations fiscales et réglementaires ciblées pourrait favoriser la transition bas carbone sans peser excessivement sur les finances publiques.

L’équation politique d’un nouveau modèle de développement

Au final, c’est bien un nouveau modèle de développement qu’il s’agit d’inventer, conciliant urgence climatique, redressement des comptes et justice sociale. Un défi considérable qui suppose une véritable refondation du logiciel de pensée économique. Le gouvernement semble en avoir pris la mesure, comme en témoignent les propos volontaristes du ministre de l’Économie.

Mais pour que cette ambition ne reste pas un vœu pieu, il faudra convaincre une opinion publique échaudée par des années de cures d’austérité et réticente à l’idée de nouveaux sacrifices. La tâche s’annonce ardue pour l’exécutif, qui devra faire preuve de pédagogie et surtout de résultats tangibles pour maintenir le cap dans la durée. L’avenir du pays en dépend très largement.

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