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Réactions mitigées en France face au retour de Donald Trump

Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche ne laisse pas indifférent en France. Entre craintes et appels à l'unité européenne, la classe politique se divise. Quelles conséquences pour les relations transatlantiques ?

L’investiture de Donald Trump pour un second mandat à la Maison-Blanche ce lundi a suscité des réactions contrastées au sein de la classe politique française. Si certains redoutent un regain de protectionnisme et une politique étrangère américaine dominatrice, d’autres y voient l’opportunité pour l’Europe de s’affirmer.

Craintes d’une Amérique hégémonique

Le « come-back » de celui qui fut le 45e président des États-Unis de 2017 à 2021 ne laisse personne indifférent. À commencer par le président du MoDem François Bayrou qui, à la veille de la cérémonie d’investiture, a appelé l’Europe au « ressaisissement » face à la menace d’une Amérique trumpienne prête à imposer sa loi au reste du monde :

Si Français et Européens ne font rien face au protectionnisme et à l’action dominatrice de Donald Trump, nous serons écrasés, marginalisés.

François Bayrou, président du MoDem

Une inquiétude partagée par plusieurs responsables de la majorité présidentielle qui craignent de voir les États-Unis, sous la houlette de Donald Trump, se lancer dans une guerre commerciale tous azimuts et multiplier les coups de force diplomatiques.

L’Europe doit parler d’une seule voix

Face à ces menaces, nombreux sont ceux qui appellent l’Union européenne à resserrer les rangs et à parler d’une seule voix sur la scène internationale. Un haut responsable de la diplomatie française confie ainsi :

Plus que jamais, nous devons renforcer notre souveraineté et ne pas nous laisser imposer l’agenda américain. L’Europe doit défendre ses intérêts et ses valeurs.

Le retour de Donald Trump pourrait ainsi accélérer les discussions sur l’autonomie stratégique européenne, un concept cher au président Emmanuel Macron. Il s’agirait pour l’UE de se doter de moyens militaires, technologiques et économiques pour peser face aux grandes puissances.

Des divergences sur la méthode

Si un consensus semble se dégager sur la nécessité pour l’Europe de s’affirmer, des divergences existent quant à la méthode à adopter face à l’administration Trump. Certains, à l’instar du député européen Arnaud Danjean, plaident pour une attitude ferme :

Nous ne devons faire preuve d’aucune naïveté et riposter coup pour coup si les États-Unis s’engagent dans une politique agressive. C’est une question de crédibilité.

Arnaud Danjean, eurodéputé

D’autres en revanche mettent en garde contre une confrontation frontale avec Washington, estimant qu’un dialogue constructif reste possible sur certains dossiers comme la lutte contre le terrorisme ou le changement climatique. Un ministre s’inquiète :

Attention à ne pas jeter de l’huile sur le feu. Mieux vaut chercher le compromis là où c’est possible, sans renoncer à nos intérêts fondamentaux bien sûr.

L’impact sur la campagne présidentielle française

À 15 mois de l’élection présidentielle française, le positionnement vis-à-vis de Donald Trump et des États-Unis pourrait s’immiscer dans le débat. Alors que certaines formations comme La France Insoumise ou le Rassemblement National avaient salué en 2016 la victoire du milliardaire, beaucoup se montrent aujourd’hui plus prudents.

À droite, si des personnalités comme Éric Zemmour ou Marion Maréchal voient toujours d’un bon œil le retour du républicain à la Maison-Blanche, la direction des Républicains se veut plus mesurée, consciente des réticences de l’opinion envers le bouillonnant septuagénaire.

À gauche, l’heure est clairement à la mobilisation face à Trump, accusé par Jean-Luc Mélenchon de mener une « guerre hybride contre le reste du monde ». Un proche du leader insoumis résume :

Trump, c’est le cheval de Troie d’un capitalisme américain décomplexé. Il incarne tout ce que nous combattons. Son retour doit pousser la gauche à s’unir.

En somme, le nouveau mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche ne devrait pas laisser la classe politique française indifférente. Entre appels à la fermeté, tentations du dialogue et récupérations électorales, le locataire du Bureau Ovale sera scruté de près depuis l’Hexagone. Avec en toile de fond l’éternelle question de la place de l’Europe dans le nouvel ordre mondial trumpien.

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