Le paysage ferroviaire britannique est sur le point de connaître une véritable révolution. Mercredi, le Parlement a donné son feu vert à une loi visant à re-nationaliser progressivement le rail au Royaume-Uni, où la plupart des compagnies ferroviaires sont actuellement privées. Cette réforme, promesse de longue date du parti travailliste, marque un tournant majeur pour le secteur.
Vers un retour dans le giron public
Le projet de loi, qui doit encore être promulgué par le roi, prévoit que les opérateurs privés passeront dans le giron public à l’expiration de leurs contrats, ou plus tôt en cas de mauvaise gestion. Ils seront alors regroupés au sein d’un nouvel organisme baptisé “Great British Railways”. Selon le gouvernement, cette approche permettra d’éviter de payer des compensations aux exploitants actuels, dont les différents contrats expireront d’ici 2027.
Un secteur en quête de performances
Cette initiative fait suite à ce que les travaillistes ont qualifié “d’années de performances mauvaises et inacceptables” dans le secteur ferroviaire, peu après l’élection de Keir Starmer le 4 juillet après quatorze années de gouvernements conservateurs. Un constat partagé par une majorité de Britanniques. Selon un récent sondage Yougov :
- 77% jugent les billets trop chers
- 51% se plaignent des retards
- Mais 50% apprécient la qualité des trains
- Et 64% sont satisfaits de la gamme de destinations
Au final, les deux tiers des Britanniques soutiennent le projet de re-nationalisation.
Retour aux sources
La privatisation des opérateurs ferroviaires remonte au milieu des années 1990, sous le Premier ministre conservateur John Major. Mais le réseau ferré est depuis revenu dans le giron public, géré par la société Network Rail. Récemment, quatre opérateurs sur quatorze en Angleterre étaient déjà repassés sous contrôle public en raison de leurs mauvaises performances. L’idée était cependant de les gérer temporairement avant un retour au secteur privé. En Écosse et au Pays de Galles, les principaux opérateurs sont eux aussi redevenus publics dernièrement.
C’est un moment historique qui ouvre la voie au retour de nos chemins de fer dans le giron public, là où ils appartiennent, en tant que service vital.
Le syndicat ferroviaire TSSA
Vers de nouveaux défis
Cette réforme intervient dans un contexte tendu pour le rail britannique, qui a connu une vague de grèves ces dernières années sous la pression de la crise du pouvoir d’achat provoquée par l’inflation. La re-nationalisation devra donc aussi s’accompagner d’efforts pour améliorer les conditions de travail et la rémunération des employés du secteur. Un chantier de taille pour le gouvernement travailliste, qui devra prouver que le retour dans le public peut rimer avec efficacité et qualité de service pour les usagers.
La re-nationalisation progressive du rail britannique marque donc un tournant historique, reflétant une volonté de reprendre la main sur un service public essentiel. Reste à voir comment cette transition se déroulera dans la pratique, et si elle permettra effectivement de redresser la barre en termes de performances et de satisfaction des voyageurs. L’enjeu est de taille pour remettre le rail britannique sur de bons rails.