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RDC : Au cœur de la guerre sans fin au Nord-Kivu

Un document avec des témoignages rares et puissants au cœur de la guerre oubliée qui ravage le Nord-Kivu en RDC. Liseron Boudoul s'est rendue dans cette zone dangereuse pour montrer la réalité d'un conflit aux multiples enjeux. Un grand reportage à découvrir absolument pour comprendre cette crise majeure.

C’est une guerre oubliée qui se déroule loin des projecteurs, au fin fond de la République démocratique du Congo. Au Nord-Kivu, dans l’est du pays, le conflit fait rage depuis plus de 25 ans, faisant des millions de victimes. Un territoire déchiré où s’affrontent plus de 150 groupes armés sur fond de rivalités ethniques et de course effrénée aux immenses ressources naturelles de la région.

Pour tenter de comprendre les raisons de ce conflit interminable et donner la parole à une population prise en étau, la reporter Liseron Boudoul s’est rendue dans cette zone dangereuse et difficile d’accès. Un périple au cœur des ténèbres qui a donné naissance à « Nord-Kivu, la guerre sans fin », un grand reportage exceptionnel à découvrir ce samedi soir sur LCI. Un document rare et nécessaire pour saisir les enjeux et la réalité d’une crise majeure mais largement ignorée.

Une région à feu et à sang

Depuis 1996 et la première guerre du Congo, le Nord-Kivu est le théâtre de violences incessantes. Un conflit aux multiples facettes qui s’est mué en une véritable poudrière régionale. D’un côté, les milices Maï-Maï et les groupes armés Hutu, parmi lesquels de nombreux acteurs du génocide rwandais de 1994. De l’autre, le M23, une rébellion soutenue par le Rwanda voisin, qui a connu un regain d’activité depuis 2021 et contrôle désormais de vastes portions du territoire.

Face à eux, l’armée congolaise semble totalement dépassée malgré le soutien de la mission de l’ONU en RDC (MONUSCO). Les différents accords de paix et les interventions diplomatiques régionales n’ont jusqu’ici pas permis de mettre fin aux combats.

Richesses convoitées et exactions

Au cœur de ce conflit, le contrôle des abondantes ressources naturelles de la région. Le Nord-Kivu regorge en effet de minerais précieux comme l’or, le coltan, utilisé dans nos téléphones portables et ordinateurs, ou encore le cobalt, indispensable aux batteries de nos voitures électriques. Des richesses qui attisent les convoitises des groupes armés mais aussi de pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda, régulièrement accusés de piller les ressources de la RDC.

Une situation qui permet à ces milices de prospérer en toute impunité, commettant au passage de nombreuses exactions sur les populations civiles : pillages, viols, massacres… D’après l’ONU, plus de 7,5 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, et on dénombre plus de 5 millions de déplacés internes. Un drame qui se déroule dans une indifférence quasi-générale.

Témoignages poignants et cris d’alerte

Dans son reportage, Liseron Boudoul donne la parole à des hommes et des femmes plongés dans cette spirale de violence. Comme cette mère de famille qui a vu son mari et ses enfants massacrés par des rebelles et qui a dû fuir son village en flammes. Ou encore ce chef milicien Maï-Maï qui explique avoir pris les armes pour défendre sa communauté face à la menace du M23.

« Ici, chaque communauté a son groupe armé car l’État ne nous protège pas. Si on ne se défend pas nous-mêmes, on se fera tous tuer », explique-t-il face caméra.

Une descente aux enfers qui se poursuit parfois jusque dans les camps de déplacés, régulièrement attaqués par des hommes en armes. Le viol y est utilisé comme arme de guerre à grande échelle.

« J’ai été violée par trois soldats. Quand je crie, ils me frappent. Après, ils m’ont abandonnée dans la brousse. J’ai marché longtemps pour arriver ici », raconte une jeune femme en larmes.

– Jeannette, rescapée

Autre réalité glaçante mise en lumière par le reportage, l’exploitation des enfants dans les mines de cobalt et de coltan. Selon des ONG, plus de 40 000 enfants travailleraient dans des conditions effroyables pour extraire les minerais de nos produits high-tech. Une malédiction pour toute une région qui peine à entrevoir la lumière au bout du tunnel.

Face à la caméra, un activiste lance un cri d’alarme : « Le monde doit cesser de fermer les yeux sur ce qui se passe ici. En achetant des portables et des voitures électriques, les gens participent au financement de la guerre et de l’esclavage des enfants », martèle-t-il. Un message qui résonne comme un appel à une prise de conscience internationale.

La crainte d’un embrasement régional

Si rien n’est fait, c’est toute la région des Grands Lacs qui pourrait basculer dans la guerre. Les dernières semaines ont été marquées par l’escalade des tensions entre la RDC et le Rwanda, Kinshasa accusant Kigali de soutenir activement le M23. Des combats ont éclaté à la frontière et chaque camp masse des troupes, laissant planer la menace d’un embrasement régional.

Une inquiétude partagée par de nombreux observateurs qui redoutent un scénario catastrophe dans une région déjà profondément déstabilisée. Un conflit ouvert entre la RDC et le Rwanda, sur fond de rivalités ethniques, de ressentiment hérité du génocide et d’appétits économiques, engendrerait des conséquences terribles pour les populations civiles.

Le reportage de Liseron Boudoul sonne donc comme un signal d’alarme. Un cri du cœur pour briser l’indifférence et pousser la communauté internationale à s’impliquer davantage pour mettre fin à cette guerre oubliée. Car sans une action diplomatique concertée, sans une réelle volonté politique de s’attaquer aux racines économiques du conflit, le Nord-Kivu restera probablement encore longtemps prisonnier de cette spirale infernale. Une tragédie humaine qui nous concerne tous.

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