Alors que les violences s’intensifient dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les manœuvres militaires régionales ajoutent à la complexité d’une situation explosive. D’après des sources proches du dossier, le Burundi aurait discrètement retiré mercredi des troupes engagées aux côtés de l’armée congolaise face à l’avancée des combattants du M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda voisin. Pendant ce temps, plus au nord, l’Ouganda a déployé des soldats pour sécuriser une importante ville congolaise.
Une Région à Feu et à Sang
Ces développements interviennent dans un contexte particulièrement tendu dans la région instable des Grands Lacs. Le M23, qui bénéficierait du soutien militaire rwandais selon Kinshasa, a réalisé une progression fulgurante ces derniers mois. Le groupe s’est emparé en janvier de Goma, grande ville et nœud économique du Nord-Kivu, avant de prendre dimanche Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu.
Les affrontements récents ont fait des milliers de morts d’après l’ONU et ravivent le spectre de la deuxième guerre du Congo (1998-2003). Ce conflit dévastateur avait impliqué de nombreux pays africains et causé des millions de victimes, tuées par les violences, les maladies ou la faim.
Le Burundi Se Retire, l’Ouganda S’engage
Depuis 2023, le Burundi avait déployé environ 10 000 soldats en soutien à l’armée congolaise. Mais selon des sources concordantes, Bujumbura serait en train de retirer discrètement une partie de ses troupes, contraintes de reculer face à la pression ennemie. Un haut gradé a confié à une agence de presse avoir dû « opérer un repli tactique » près de la frontière, ses hommes manquant de munitions et de ravitaillement.
Côté ougandais, les autorités ont annoncé mercredi que leurs forces sécurisaient la ville de Bunia, dans l’Ituri, en collaboration avec l’armée congolaise. Objectif : repousser des milices locales actives dans cette zone proche de l’Ouganda.
Accusations Croisées et Inquiétudes Internationales
Kigali et Bujumbura s’accusent mutuellement d’alimenter les tensions communautaires dans une région encore marquée par le génocide rwandais de 1994. Le président burundais Évariste Ndayishimiye a récemment mis en garde le Rwanda, qualifié « d’ennemi », affirmant que toute attaque contre son pays entraînerait des représailles.
De son côté, Kinshasa soupçonne le Rwanda de vouloir mettre la main sur les richesses minières de l’est congolais via le M23. Une accusation rejetée par Kigali, qui affirme que sa sécurité est menacée par la présence de groupes armés hostiles dans la zone, dont les FDLR, créés par d’anciens responsables du génocide.
Nous demandons au Rwanda et au M23 de veiller à ce que les droits humains et le droit humanitaire international soient respectés.
Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme
L’ONU accuse le M23 d’avoir exécuté des enfants lors de la prise de Bukavu, suscitant l’indignation internationale. Selon des analystes, si le déploiement ougandais à Bunia ne semble pas directement lié au conflit avec le M23 pour l’instant, il traduit les inquiétudes de Kampala face aux risques de débordement sur son territoire.
Une Poudrière Prête à Exploser
La communauté internationale redoute qu’une nouvelle guerre régionale n’éclate dans les Grands Lacs. Les initiatives diplomatiques se multiplient pour tenter de désamorcer les tensions, mais peinent pour l’instant à infléchir la dynamique guerrière sur le terrain.
Pendant ce temps, les populations civiles congolaises continuent de payer le prix fort de ces violences. Déplacés par centaines de milliers, victimes d’exactions de tous bords, elles sont prises en étau entre des forces armées rivales qui semblent déterminées à en découdre. Sans un sursaut rapide de la communauté internationale, le risque est grand de voir la RDC et toute la région sombrer dans un nouveau cycle infernal de conflits.