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Ras-le-bol en Martinique : La Vie Chère Pousse à L’Exil

En Martinique, les émeutes contre la vie chère paralysent l'île depuis des semaines. Entre pillages, incendies et blocages, le ras-le-bol gagne du terrain. Certains habitants songent même à un départ définitif vers l'Hexagone. Témoignages de Martiniquais à bout.

Depuis plus d’un mois, la Martinique est secouée par un mouvement de contestation d’une ampleur inédite. Aux cris de “La vie est trop chère !”, des milliers de Martiniquais descendent quotidiennement dans les rues pour dénoncer la cherté de la vie sur l’île. Mais ce qui avait commencé comme une mobilisation pacifique a rapidement dégénéré en flambée de violences.

Un quotidien bouleversé par les émeutes

Pour les habitants, les conséquences sont lourdes. Florence, coiffeuse à Saint-Pierre, témoigne : “Il n’y a qu’une route qui relie notre domicile au reste de l’île, et elle est bloquée. Mon mari plombier ne peut pas aller travailler. Moi-même j’ai du mal à me rendre chez mes clients.” Une situation d’autant plus difficile qu’elle s’accompagne de pénuries d’essence, plusieurs stations-service ayant été prises pour cible par les émeutiers.

Yuri, agent immobilier à Fort-de-France, passe ses matinées sur les réseaux sociaux et Google Maps pour savoir quels axes sont praticables. “Chaque jour, je dois jongler avec les barrages pour les états des lieux. Et je crains pour les réservations à venir…”

Des enfants privés d’école

Même la scolarité des enfants est impactée. Face à l’insécurité et au manque de transports, de nombreux établissements ont dû fermer leurs portes. “Ces derniers ont dû passer en distanciel, mais les problèmes de connexion internet n’ont pas permis aux enfants de suivre correctement”, déplore Bruno, père d’une collégienne de 12 ans.

Faire ses courses, un parcours du combattant

Mais c’est surtout pour se ravitailler que les Martiniquais rencontrent des difficultés. Entre magasins pillés et problèmes d’approvisionnement, les prix s’envolent. “Deux supérettes sur trois ont été vandalisées près de chez moi. Il ne reste plus grand chose à acheter et tout est hors de prix” raconte Florence. Difficile dans ce contexte de nourrir correctement sa famille, surtout quand on sait que 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

On comprend la colère, mais toute cette violence nous épuise. Il y a des jours où l’on envisage de rentrer en métropole.

Florence, habitante de Saint-Pierre

La tentation de l’exil

Car si beaucoup soutiennent le mouvement sur le fond, ils sont de plus en plus nombreux à ne plus supporter les débordements qui l’accompagnent. Les pillages, les incendies, les agressions… “On cautionne pas que des éléments perturbateurs en profitent pour tout casser” s’agace Yuri. Un ras-le-bol qui pousse certains à envisager le départ, comme Florence : “Il y a des jours où l’on pense sérieusement à rentrer en métropole”.

Un exode qui risque de s’amplifier si la situation ne s’apaise pas rapidement. Le couvre-feu instauré depuis mi-octobre doit être levé ce 21 octobre. Les Martiniquais attendent maintenant des actes concrets de la part des pouvoirs publics pour faire baisser les prix et retrouver une vie normale. Faute de quoi, l’île aux fleurs pourrait voir partir nombre de ses enfants, épuisés par des conditions de vie devenues insupportables.

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