Une scène captivante s’est déroulée lundi dernier lors d’enchères à Genève. Sous les regards intenses des collectionneurs et passionnés d’histoire, un joyau numismatique des plus rares a été adjugé pour un montant vertigineux. Il s’agit d’une pièce romaine en or à l’effigie de Brutus, le plus célèbre des assassins de Jules César, qui a trouvé preneur pour la somme de 1,98 million d’euros.
Adjugée à un collectionneur européen après une intense bataille d’enchères
D’après une source proche de l’événement, cette pièce d’exception a déclenché une véritable frénésie parmi les acheteurs potentiels. Pas moins de huit enchérisseurs en ligne se sont livrés à une lutte acharnée pour s’approprier ce morceau d’histoire. C’est finalement un collectionneur européen qui a remporté le précieux sésame, pour un montant final de 1,98 millions d’euros, commission de vente comprise.
Brutus, figure controversée de la fin de la République romaine
Cette pièce, un aureus d’or romain pesant 8 grammes, est intimement liée aux derniers soubresauts de la République romaine. Elle a en effet été frappée en 43-42 avant J.-C. par Brutus et ses partisans, peu après leur coup d’éclat : l’assassinat de Jules César en mars 44 avant J.-C. Un acte qui a bouleversé l’histoire romaine et dont cette monnaie se fait l’écho.
L’avers de la pièce arbore fièrement le profil de Brutus, couronné de lauriers, tandis que le revers célèbre ses victoires militaires récentes à travers divers symboles guerriers. Un message politique fort, visant à asseoir la légitimité et les ambitions de ce prétendant au pouvoir suprême.
Une frappe mobile, témoin des manœuvres de Brutus
Mais cet aureus a une autre particularité remarquable. Il n’a pas été frappé à Rome, mais dans un atelier itinérant qui suivait Brutus et ses armées dans leurs déplacements, alors qu’il tentait de s’emparer du pouvoir. Une frappe « de campagne » en quelque sorte, qui ajoute encore à la valeur historique de la pièce.
Cette pièce, frappée non pas à Rome mais dans un atelier qui bougeait avec Brutus et ses armées, alors qu’il tentait de s’octroyer le pouvoir après avoir assassiné Jules César, avait aussi une valeur de propagande.
Un « morceau d’histoire » qui resurgit après des siècles
Cet aureus particulier fait partie des 17 spécimens connus à ce jour. Après avoir traversé les siècles en passant de main en main, à l’abri des regards, il a refait surface dans les années 1950 en étant mentionné dans le catalogue d’un collectionneur privé. Une autre apparition marquante a eu lieu en 2006 lors d’une vente aux enchères à Zurich, où il avait été acquis par un collectionneur privé pour 360 000 francs suisses.
Cette pièce à la destinée romanesque, conservée dans une boîte hermétique pour en préserver l’intégrité et l’authenticité, constitue un témoignage fascinant des luttes de pouvoir qui ont émaillé la fin de la République romaine. Elle incarne à elle seule un condensé d’histoire, d’ambitions politiques et de tragédies antiques qui continuent de nous captiver plus de deux millénaires après.
Un destin funeste pour Brutus malgré ses manœuvres
Ironie de l’histoire, cette monnaie a été frappée peu avant la célèbre bataille de Philippes qui a vu la défaite de Brutus face à Marc-Antoine et Octave, les futurs maîtres de Rome. Vaincu, Brutus a préféré se donner la mort plutôt que de tomber aux mains de ses ennemis. Un destin tragique pour cet homme dont l’effigie, couronnée de lauriers et auréolée du titre d’Imperator, annonçait pourtant de hautes ambitions.
La vente record de cet aureus exceptionnel prouve, s’il en était encore besoin, la fascination intacte qu’exercent sur nous les grands personnages et les épisodes marquants de l’histoire romaine. Ces quelques grammes d’or finement ouvragé recèlent des siècles de mystères, de drames et de récits légendaires qui ne cessent de stimuler notre imaginaire et notre soif de connaissance. Une manne inépuisable pour les passionnés d’histoire, les numismates chevronnés et les collectionneurs en quête de pièces uniques et chargées de sens.