Un rapport explosif vient d’être remis au président Emmanuel Macron, levant le voile sur un pan sombre et longtemps tu de l’histoire franco-camerounaise. Fruit du travail d’une commission mixte de chercheurs français et camerounais, ce document met en lumière le rôle controversé joué par la France dans la répression des mouvements indépendantistes au Cameroun entre 1945 et 1971.
Selon nos informations, le rapport détaille comment les autorités françaises ont violemment réprimé les maquis de l’Union des Populations du Cameroun (UPC), un parti nationaliste engagé dans la lutte armée pour l’indépendance. Des dizaines de milliers de militants pro-UPC, dont le leader Ruben Um Nyobè, auraient été massacrés, d’abord par l’armée française puis, après l’indépendance en 1960, par les forces camerounaises du régime d’Ahmadou Ahidjo.
Des archives déclassifiées qui font la lumière sur les exactions
La particularité de ce rapport réside dans l’accès total donné aux chercheurs de la commission aux archives françaises de l’époque. Des documents jusqu’ici classifiés qui révèlent l’ampleur de l’implication française dans cette page sanglante de l’histoire camerounaise.
Les archives françaises ont été rendues entièrement accessibles aux chercheurs de la Commission, afin de faire la lumière sur les événements de la période de l’indépendance camerounaise.
L’Elysée
Des témoignages glaçants et des rapports militaires accablants décrivent les opérations de contre-insurrection menées par l’armée française contre les maquisards de l’UPC. Villages rasés, populations déplacées, exécutions sommaires… Les exactions commises au nom de la lutte anti-indépendantiste semblent avoir été systématiques et massives.
Un devoir de mémoire nécessaire
Pour le président Emmanuel Macron, qui a initié cette commission lors de sa visite au Cameroun en juillet 2022, ce travail de vérité est essentiel pour construire une nouvelle relation avec l’Afrique fondée sur la transparence et la reconnaissance des erreurs du passé.
Le président a salué le travail scientifique mené par les chercheurs, tout comme le caractère inédit de cette première commission mixte. Il a également rappelé son attachement à la poursuite du travail de mémoire et de vérité initié avec le Cameroun.
Communiqué de l’Elysée
Après le rapport Duclert sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 2021, ce nouveau pavé dans la mare de la Françafrique risque de susciter de vives réactions. Mais pour beaucoup, cette introspection douloureuse est un passage obligé pour tourner la page d’un passé colonial brutal et construire des relations apaisées.
Et maintenant ? Les suites à donner à ce rapport
Si le contenu détaillé du rapport n’a pas encore été rendu public, on sait d’ores et déjà qu’il sera remis prochainement aux autorités camerounaises. Nombreux sont ceux qui attendent de voir quelle suite sera donnée à ces révélations par les deux pays.
Côté camerounais, des voix s’élèvent déjà pour réclamer des excuses officielles de la France et l’ouverture de négociations sur d’éventuelles réparations. Le pouvoir en place, incarné par le président Paul Biya, lui-même un ancien de l’administration française, sera attentivement scruté.
Côté français, au-delà des déclarations d’intention, beaucoup attendent des actes concrets pour matérialiser cette volonté affichée de transparence sur le passé colonial. L’ouverture complète des archives, la facilitation du travail des historiens, le soutien aux initiatives mémorielles sont autant de pistes évoquées.
Une chose est sûre, ce rapport marque un tournant dans l’écriture de l’histoire commune entre la France et le Cameroun. Un premier pas vers la reconnaissance des zones d’ombre du passé et, peut-être, la construction d’un avenir commun apaisé. Le chemin sera long mais l’impulsion semble donnée. Reste désormais à transformer l’essai.
