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Rapatriement Humanitaire : Deux Néerlandais Condamnés Condamnés à Mort Quitte l’Indonésie

Après des années dans les geôles indonésiennes, deux Néerlandais condamnés à mort et à perpétuité pour trafic de drogue s’apprêtent à rentrer chez eux. Un accord secret vient-il d’être conclu ? Leur état de santé a-t-il tout changé ? Ce qui se cache derrière ce rapatriement soudain…

Imaginez passer plus de dix ans dans une prison surpeuplée, sous la menace constante d’une exécution. C’est le quotidien qu’ont vécu deux Néerlandais jusqu’à ce week-end où tout a basculé.

Un espoir inattendu vient de se concrétiser pour Ali Tokman et Siegfried Mets, deux hommes âgés condamnés en Indonésie pour des affaires de trafic de stupéfiants. Leur transfert vers Jakarta, préalable à un retour aux Pays-Bas, marque la fin d’un long calvaire.

Un transfert sous haute sécurité avant le grand départ

Dimanche, Ali Tokman, 65 ans, a quitté la prison de Surabaya à Java oriental. Escorté par un important dispositif policier, il a été conduit vers la capitale indonésienne. Direction : l’établissement pénitentiaire de Cipinang, déjà réputé pour ses conditions de détention particulièrement rudes.

Son compatriote Siegfried Mets, 74 ans, s’y trouve déjà. Les deux hommes doivent prendre place à bord d’un vol spécial lundi pour rejoindre les Pays-Bas. Un épilogue que peu auraient osé prédire il y a encore quelques mois.

Des parcours judiciaires lourds

Ali Tokman avait initialement écopé de la peine de mort en 2015. Motif : l’introduction clandestine de plus de six kilogrammes de MDMA sur le territoire indonésien. Sa condamnation avait ensuite été commuée en réclusion à perpétuité.

Siegfried Mets, lui, porte le poids d’une sentence prononcée dès 2008. Il avait été interpellé avec 600 000 pilules d’ecstasy. La justice indonésienne n’avait montré aucune clémence : peine capitale immédiate.

Ces deux affaires illustrent la fermeté extrême des autorités face aux infractions liées aux stupéfiants. L’Indonésie applique en effet certaines des législations les plus sévères au monde en la matière.

L’argument humanitaire au cœur de l’accord

Le ministre indonésien des Droits de l’Homme, Yusril Ihza Mahendra, a confirmé que les deux détenus souffraient de graves problèmes de santé. Siegfried Mets présente une main fracturée non soignée correctement. Ali Tokman lutte contre une hypertension artérielle sévère.

Ces éléments médicaux ont été déterminants. L’ambassadeur des Pays-Bas à Jakarta, Marc Gerritsen, avait officiellement formulé la demande de rapatriement pour raisons humanitaires dès le début de la semaine.

« Leur état de santé justifie pleinement ce transfert », a sobrement déclaré le diplomate.

Une série de libérations qui interroge

Ce n’est pas la première fois que Jakarta accepte de relâcher des condamnés étrangers. Le mois dernier, Lindsay Sandiford, une Britannique elle aussi dans le couloir de la mort depuis plus de dix ans, a été expulsée vers le Royaume-Uni.

Plus de quatre-vingt-dix ressortissants étrangers croupissaient encore sous sentence capitale début novembre, exclusivement pour des délits liés à la drogue, selon les chiffres du ministère indonésien de l’Immigration.

Cette vague de clémence relative soulève des questions. Officiellement, les autorités invoquent des motifs humanitaires. Mais plusieurs observateurs y voient aussi une stratégie diplomatique.

La réciprocité, l’autre face de l’accord

Derrière les discours officiels, un objectif plus pragmatique se dessine. Jakarta espère obtenir en retour le transfert de plusieurs de ses propres ressortissants détenus à l’étranger.

Cette logique de réciprocité n’est pas nouvelle. Elle a déjà fonctionné avec d’autres pays ces dernières années. L’Indonésie utilise ainsi ses prisons comme levier dans ses négociations internationales.

Les Pays-Bas, qui détiennent plusieurs Indonésiens condamnés pour divers délits, pourraient donc prochainement procéder à des renvois similaires.

Cipinang, dernier arrêt avant la liberté

Avant de pouvoir enfin respirer l’air européen, les deux hommes devront passer leurs dernières heures indonésiennes à Cipinang. Cette prison est tristement célèbre.

Surcharge chronique, chaleur étouffante, hygiène précaire : les conditions y sont régulièrement dénoncées par les organisations de défense des droits humains. Ironie du sort, c’est dans cet établissement que les deux Néerlandais vivront leurs ultimes instants de détention indonésienne.

Mais pour eux, Cipinang représente désormais la porte de sortie. Un symbole inversé : la prison la plus dure devient le sas vers la liberté.

Que vont-ils trouver aux Pays-Bas ?

Le retour ne sera pas synonyme de liberté totale. Les deux hommes restent condamnés. Aux Pays-Bas, ils devront purger le reste de leur peine dans des conditions infiniment plus humaines.

Ils bénéficieront probablement d’un régime de semi-liberté ou de mesures d’aménagement rapides, compte tenu de leur âge et de leur état de santé. Mais surtout, ils échapperont à la menace d’une exécution qui planait encore il y a peu.

Leur histoire soulève une question de fond : jusqu’où la santé et l’âge doivent-ils peser face à la gravité des faits reprochés ?

Un précédent qui pourrait en annoncer d’autres

L’accord conclu en quelques jours entre Jakarta et La Haye montre que la realpolitik pénale peut parfois primer sur la fermeté affichée. D’autres pays européens, disposant de ressortissants dans la même situation, observent attentivement le dossier.

La France, l’Australie ou encore le Brésil comptent encore des détenus dans le couloir de la mort indonésien. Certains diplomates murmurent déjà que des négociations similaires pourraient être enclenchées dans les prochains mois.

Le cas des deux Néerlandais risque donc de faire jurisprudence. Pas sur le plan juridique, mais bien sur le terrain diplomatique.

Dans les couloirs des ministères des Affaires étrangères, on étudie déjà les prochains dossiers. Car derrière chaque condamné étranger se cache désormais une possible monnaie d’échange.

Ali Tokman et Siegfried Mets ne le savent peut-être pas encore, mais leur avion du retour pourrait bien ouvrir la voie à d’autres.

En résumé : Deux hommes âgés, deux peines extrêmes, un accord humanitaire éclair conclu en une semaine. Ce rapatriement illustre parfaitement la frontière parfois ténue entre justice inflexible et diplomatie pragmatique.

L’histoire de ces deux Néerlandais nous rappelle que derrière les grands principes, il y a toujours des hommes. Des hommes usés par les années, par la maladie, par l’incertitude.

Demain, quand leur avion décollera de Jakarta, ce sera bien plus qu’un simple vol de retour. Ce sera la fin d’un cauchemar de plus d’une décennie.

Et peut-être le début d’une nouvelle forme de justice internationale, où la santé et la dignité finissent parfois par l’emporter sur la sévérité.

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