Les amoureux de randonnée et les propriétaires forestiers sont-ils condamnés à s’opposer ? Alors que les uns revendiquent un droit d’accès à la nature, les autres brandissent la protection de leur bien privé. Un différend qui prend une tournure juridique, avec la récente loi du 2 février 2023 visant à limiter l’engrillagement des espaces naturels. Mais derrière les textes, c’est une véritable guerre des chemins qui se joue sur le terrain.
Quand les forêts se barricadent
Imaginez partir pour une paisible balade en forêt, et tomber nez à nez avec un portail cadenassé ou un sentier retourné à coups de pelleteuse. C’est le cauchemar vécu par de nombreux randonneurs ces derniers mois, notamment dans le massif des Vosges. En cause : des propriétaires excédés qui cherchent à protéger leurs terres des passages intempestifs.
Le phénomène reste marginal à l’échelle nationale. Mais pour ceux qui le subissent, c’est un véritable crève-cœur. « Ce qui est arrivé cet hiver, c’est une fermeture brutale, avec une destruction du sentier. Nous avons assisté à un spectacle désolant », se désole Joseph Peter, du Club Vosgien, association de promotion de la randonnée.
Sanctionner les marcheurs : une loi qui passe mal
Pour ne rien arranger, la loi de février dernier est venue mettre de l’huile sur le feu en sanctionnant pénalement les intrusions en terrain privé. Désormais, un randonneur s’aventurant sans autorisation s’expose à 135€ d’amende. De quoi provoquer l’ire des associations.
Les randonneurs sont traités comme des chauffards, alors que nous ne faisons que marcher sur un terrain privé, sans commettre le moindre dommage.
Jano Celle, Association Thur Écologie & Transport
Sécurité et biodiversité : les arguments des propriétaires
Du côté des forestiers, on met en avant des impératifs de sécurité et de préservation des milieux naturels face à une surfréquentation. Avec 3,5 millions de propriétaires privés se partageant 75% des espaces boisés français, difficile d’assurer un accueil du public dans de bonnes conditions partout.
« Les forêts ne sont pas toujours aménagées pour recevoir du public. Cela nécessite de l’entretien. Parfois, les gens veulent aller partout, mais ils n’ont pas d’assurance personnelle, tout comme les propriétaires », souligne Antoine de Ponton d’Amécourt, président de Fransylva, la fédération des forestiers privés.
Vers un droit d’accès universel à la nature ?
Pour désamorcer les tensions, de nombreuses voix appellent à la concertation et au dialogue entre les différents usagers de la forêt. Des conventions existent déjà pour encadrer et sécuriser l’accès à certains sentiers. Mais beaucoup souhaitent aller plus loin, en consacrant un véritable droit à la nature pour tous.
La propriété privée est un droit issu de la Révolution et il est important d’en tenir compte. Mais existe également celui de pouvoir être dans la nature. C’est une question de santé publique.
Lisa Belluco, députée
L’élue défend une proposition de loi pour abroger les sanctions contre les randonneurs, et milite pour un droit d’accès inspiré des pays nordiques. A condition de respecter les lieux et d’être correctement sensibilisé aux bonnes pratiques. Car au fond, personne n’a intérêt à voir nos belles forêts transformées en champ de bataille.
Partager l’amour des grands espaces
Malgré les crispations actuelles, l’espoir d’un apaisement demeure. Propriétaires et randonneurs partagent au fond une même passion de la nature et de sa biodiversité. Il suffirait parfois de se parler pour le réaliser.
Dans toutes les discussions que nous avons pu avoir, nous sommes conscients du partage de la nature et des règles de bonne conduite. Si tout le monde se montre de bonne volonté, tout se passera bien.
Brigitte Soulary, présidente de la Fédération française de randonnée pédestre
Accepter de partager les chemins, dans le respect mutuel. Voilà peut-être la clé pour retrouver la sérénité au cœur de nos forêts. Et permettre à chacun, propriétaire comme randonneur, de profiter de cet inestimable patrimoine naturel qui fait la fierté de nos terroirs.
Pour désamorcer les tensions, de nombreuses voix appellent à la concertation et au dialogue entre les différents usagers de la forêt. Des conventions existent déjà pour encadrer et sécuriser l’accès à certains sentiers. Mais beaucoup souhaitent aller plus loin, en consacrant un véritable droit à la nature pour tous.
La propriété privée est un droit issu de la Révolution et il est important d’en tenir compte. Mais existe également celui de pouvoir être dans la nature. C’est une question de santé publique.
Lisa Belluco, députée
L’élue défend une proposition de loi pour abroger les sanctions contre les randonneurs, et milite pour un droit d’accès inspiré des pays nordiques. A condition de respecter les lieux et d’être correctement sensibilisé aux bonnes pratiques. Car au fond, personne n’a intérêt à voir nos belles forêts transformées en champ de bataille.
Partager l’amour des grands espaces
Malgré les crispations actuelles, l’espoir d’un apaisement demeure. Propriétaires et randonneurs partagent au fond une même passion de la nature et de sa biodiversité. Il suffirait parfois de se parler pour le réaliser.
Dans toutes les discussions que nous avons pu avoir, nous sommes conscients du partage de la nature et des règles de bonne conduite. Si tout le monde se montre de bonne volonté, tout se passera bien.
Brigitte Soulary, présidente de la Fédération française de randonnée pédestre
Accepter de partager les chemins, dans le respect mutuel. Voilà peut-être la clé pour retrouver la sérénité au cœur de nos forêts. Et permettre à chacun, propriétaire comme randonneur, de profiter de cet inestimable patrimoine naturel qui fait la fierté de nos terroirs.