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Raids meurtriers en Cisjordanie occupée : 6 morts, la tension monte

Les autorités palestiniennes annoncent la mort de 6 Palestiniens lors de raids israéliens en Cisjordanie occupée. L'armée affirme avoir frappé des "cellules terroristes". La région est au bord de l'embrasement après des semaines de violences. Que se passe-t-il sur le terrain ? Décryptage.

Le conflit israélo-palestinien connaît une nouvelle escalade sanglante. Ce mardi, les autorités palestiniennes ont annoncé la mort de six Palestiniens lors de deux raids israéliens distincts en Cisjordanie occupée. Quatre personnes ont été tuées dans la ville de Tubas et deux autres à Jénine selon le ministère palestinien de la Santé. L’armée israélienne affirme pour sa part avoir frappé des « cellules terroristes armées » dans la région de Jénine.

Cisjordanie occupée : le théâtre de violents affrontements

Ces derniers mois, la Cisjordanie occupée est le théâtre d’une recrudescence de violences meurtrières. Les forces israéliennes multiplient les raids, officiellement pour démanteler les réseaux terroristes palestiniens. En face, la résistance palestinienne s’organise, avec de plus en plus de jeunes prêts à prendre les armes. Un engrenage qui fait craindre une troisième Intifada, près de 20 ans après la dernière.

L’origine des tensions actuelles

Pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter à l’origine du conflit israélo-palestinien. Depuis la guerre des Six Jours en 1967, Israël occupe la Cisjordanie et Jérusalem-Est, où vivent près de 3 millions de Palestiniens. Malgré les accords d’Oslo en 1993 qui prévoyaient la création d’un État palestinien, le processus de paix est depuis longtemps au point mort.

La colonisation israélienne, illégale au regard du droit international, n’a cessé de grignoter les territoires palestiniens. Près de 700 000 colons israéliens y vivent aujourd’hui.

Rapport de l’ONG israélienne La Paix Maintenant

Cette colonisation, couplée au blocus de Gaza depuis 2007 et à l’absence d’horizon politique, nourrit un sentiment de frustration et de colère chez les Palestiniens. De son côté, Israël invoque son droit à se défendre face à la menace terroriste.

Une flambée de violences meurtrières

Depuis le début de l’année, plus de 150 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est selon l’ONU. Du côté israélien, une trentaine de personnes sont mortes dans des attaques. Un bilan très lourd, le pire depuis la Seconde Intifada au début des années 2000.

2023 est en passe de devenir l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens en Cisjordanie depuis que l’ONU a commencé à comptabiliser les victimes du conflit en 2005.

Tor Wennesland, médiateur de l’ONU pour le Proche-Orient

Les affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens sont quasi quotidiens, donnant lieu à un cycle de représailles sans fin. Des factions armées comme le Hamas et le Jihad islamique intensifient leurs tirs de roquettes depuis Gaza. En réponse, l’aviation israélienne bombarde l’enclave palestinienne.

Un risque d’embrasement généralisé

De nombreux observateurs craignent que la situation ne dégénère en conflit ouvert, sur fond de crise politique en Israël et dans les Territoires palestiniens. Le gouvernement de Benjamin Netanyahou, le plus à droite de l’histoire d’Israël, a promis une réponse « forte » au terrorisme. Côté palestinien, le président Mahmoud Abbas peine à endiguer la violence des jeunes générations.

L’élimination par Israël de Mohammed Deif, chef militaire du Hamas, accentue le risque d’une escalade militaire de grande ampleur. Car si le conflit reste pour l’instant circonscrit à la Cisjordanie et à Gaza, il pourrait s’étendre à d’autres fronts, impliquant le Liban ou la Syrie par exemple.

Face à cette poudrière, la communauté internationale semble impuissante. Les États-Unis, allié traditionnel d’Israël, peinent à relancer le dialogue. L’Europe est divisée sur la question. Quant à l’ONU, ses résolutions condamnant la colonisation restent lettre morte.

La spirale de la violence risque donc de s’emballer, faute de perspective de paix à court terme. Une inquiétude résumée par ce constat glaçant d’un diplomate européen :

On assiste à une radicalisation de part et d’autre. Israéliens et Palestiniens sont enfermés dans une logique guerrière dont il sera très difficile de sortir sans une volonté politique forte. Malheureusement, c’est exactement ce qui manque aujourd’hui.

Un diplomate européen sous couvert d’anonymat

Alors que les affrontements sanglants se multiplient chaque jour en Cisjordanie, ravivant le spectre d’un embrasement général, le chemin vers une solution pacifique du conflit israélo-palestinien n’a jamais semblé aussi éloigné. Une impasse tragique dont les deux peuples, aspirant pourtant à vivre en sécurité, risquent de payer le prix fort.

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