Alors qu’un cessez-le-feu fragile venait à peine d’entrer en vigueur au Liban, de nouvelles tensions éclatent à la frontière avec Israël. Des sources militaires ont révélé que l’aviation israélienne avait mené dans la nuit des frappes ciblées sur ce qui serait, selon eux, des routes de contrebande d’armes utilisées par le Hezbollah entre la Syrie et le Liban.
Un point de passage stratégique visé
D’après le communiqué de l’armée israélienne, les raids aériens ont ciblé spécifiquement le point de passage frontalier d’Al-Arida, identifié comme un hub stratégique pour le trafic d’armes destinées au mouvement chiite libanais Hezbollah. Les infrastructures visées serviraient de plaques tournantes pour acheminer du matériel militaire en provenance de Syrie.
L’agence de presse officielle syrienne Sana a confirmé que le poste-frontière était « à nouveau hors service » suite à cette attaque israélienne survenue aux premières heures de la matinée. Cet incident intervient à peine plus d’une semaine après l’entrée en application d’une trêve négociée entre Israël et le Hezbollah, censée mettre un terme à plus de 2 mois d’affrontements meurtriers.
Riposte israélienne le long de la frontière
En parallèle de ces frappes aériennes, Tsahal affirme dans un second communiqué avoir déployé des forces le long de la frontière ouest avec le Liban. L’objectif déclaré était de « localiser et détruire » des rampes de lancement de roquettes visant le territoire israélien. Un camion équipé d’un lanceur de missiles aurait notamment été neutralisé, ainsi que des caches d’armes, de munitions et d’équipements militaires.
Ces opérations coup de poing témoignent de la grande fébrilité qui règne dans la région malgré l’accord de cessez-le-feu durement négocié sous l’égide des États-Unis et de la France. Pendant les 2 mois de conflit ouvert cet été, les affrontements entre Tsahal et le Hezbollah ont fait près de 4000 morts côté libanais et dévasté les bastions de ce mouvement pro-iranien.
Les termes d’une trêve déjà menacée
Le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre prévoyait un retrait progressif de l’armée israélienne du sud Liban sous 60 jours. En parallèle, les combattants du Hezbollah devaient se replier au nord du fleuve Litani et s’abstenir de toute présence armée à proximité de la frontière israélienne.
Mais depuis, Israéliens et Hezbollah s’accusent mutuellement de violations répétées de la trêve. En réponse aux raids israéliens de la nuit, des sources au sein du parti chiite dénoncent une « agression caractérisée » et une tentative de « changer les règles d’engagement ». Elles accusent Tel-Aviv de prendre prétexte d’un trafic d’armes présumé pour justifier la poursuite des attaques.
Israël cherche à nous punir d’avoir survécu à son agression cet été et d’avoir repoussé ses tentatives d’imposer ses diktats sur le Liban.
– Une source haut placée du Hezbollah
Risques de surenchère
Pour beaucoup d’analystes, le conflit pourrait se ré-enflammer à tout moment tant les acteurs sont à fleur de peau. Israël semble déterminé à empêcher le Hezbollah de se réarmer et de se renforcer pendant cette trêve, alors même que le mouvement islamiste jouit d’un grand prestige au Liban pour sa « résistance » face à l’offensive israélienne.
Le Hezbollah quant à lui entend montrer qu’il ne se laissera pas intimider et pourrait être tenté d’exercer des représailles pour marquer une « ligne rouge ». Dans ce contexte, les incidents de frontière comme celui de cette nuit risquent fort de se répéter, menaçant dangereusement le processus de paix.
Des efforts diplomatiques intenses
Face à ces tensions persistantes, la diplomatie internationale s’active pour consolider le cessez-le-feu et éviter tout dérapage. Les États-Unis et la France, principaux parrains de la trêve du 27 novembre, ont condamné ces dernières frappes israéliennes tout en appelant les deux parties à la « retenue » et au « respect des engagements ».
Les canaux de communication restent ouverts entre les différents acteurs. Mais dans un contexte aussi volatil et inflammable que celui du Proche-Orient, force est de constater que ce nouveau cessez-le-feu n’est qu’un répit fragile et précaire.
« Nous sommes au bord du précipice, dans une situation brinquebalante à la merci de la moindre étincelle », confie un diplomate européen au Liban. « L’urgence est de consolider l’arrêt des hostilités, au risque sinon que le feu ne reparte de plus belle. » Un pronostic inquiétant au moment où la région semble une nouvelle fois au bord de l’embrasement.