Au cœur de la nuit, la ville côtière syrienne de Tartous a été secouée par ce que les habitants ont décrit comme un véritable « tremblement de terre ». Selon des sources proches du dossier, une vague de bombardements d’une violence inédite, attribuée à Israël, a frappé un complexe de dépôts de munitions stratégiques situé à l’extérieur de la ville portuaire.
Une nuit de terreur pour les habitants de Bmalkah
Le petit village chrétien de Bmalkah, perché sur les hauteurs surplombant Tartous et sa base navale russe, n’a pas fermé l’œil de la nuit. Plusieurs heures après les frappes, des déflagrations continuaient d’ébranler la vallée où sont nichés de nombreux dépôts souterrains creusés dans les collines environnantes pour y abriter des stocks d’armements.
Ibrahim Ahmed, 28 ans, employé d’un cabinet d’avocats local, témoigne : « C’était comme un tremblement de terre. Toutes les fenêtres de ma maison ont été soufflées ». Au petit matin, il s’est rendu sur les lieux pour constater l’ampleur des dégâts. Autour du village, des bâtiments en béton et des bunkers éventrés jonchaient le sol, parmi les débris de munitions et les panaches de fumée s’élevant au-dessus de la vallée.
Israël vise les arsenaux syriens après la chute d’Assad
D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), cette offensive israélienne survient un peu plus d’une semaine après la chute surprise du régime de Bachar el-Assad, renversé par une alliance de groupes rebelles menés par le mouvement islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Israël semble déterminé à empêcher que les importants arsenaux syriens, notamment chimiques et balistiques, ne tombent aux mains des nouvelles forces au pouvoir.
En parallèle des raids aériens, Israël a également procédé à une incursion au sol très controversée, s’emparant d’une zone tampon auparavant sous contrôle de l’ONU. Si le nouveau homme fort de Damas, Abou Mohammed al-Jolani, a fermement condamné ce qui s’apparente à une annexion, il a aussi laissé entendre que la Syrie sortant de conflit était trop « épuisée » pour se lancer dans une nouvelle confrontation avec l’État hébreu.
Israël nie vouloir une confrontation, mais maintient sa pression
Pour sa part, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est voulu rassurant, affirmant qu’Israël n’avait « aucun intérêt à se confronter à la Syrie » et que sa politique serait dictée en fonction de « la réalité sur le terrain ». Une main tendue en apparence, qui masque mal la ferme intention de l’État hébreu de continuer à peser de tout son poids militaire pour façonner le rapport de force régional en sa faveur.
En attendant, ce sont les civils syriens qui paient le prix fort de ces bombardements d’une rare intensité. À Bmalkah et ailleurs sur la côte, les habitants tentent de recoller les morceaux de leurs maisons dévastées et de leurs vies brisées, tout en redoutant que leur pays meurtri ne sombre à nouveau dans le chaos.