La scène politique polonaise s’agite à l’approche de l’élection présidentielle. Rafał Trzaskowski, le maire de Varsovie âgé de 52 ans, vient d’être désigné comme le candidat du principal parti de la coalition pro-européenne au pouvoir pour briguer la fonction suprême. Une annonce qui sonne comme un défi lancé au président sortant conservateur Andrzej Duda, proche de l’ancien pouvoir du Droit et Justice (PiS).
Un europhile convaincu face au Droit et Justice
Rafał Trzaskowski, docteur en sciences politiques spécialisé en relations internationales et polyglotte accompli, se présente comme l’homme providentiel pour sortir la Pologne de l’impasse politique dans laquelle elle se trouve. Élu triomphalement maire de Varsovie dès le premier tour en 2018, cet ancien eurodéputé et ministre affiche clairement son ambition :
J’ai un mandat très fort et beaucoup d’énergie, de détermination et de courage pour gagner contre le Droit et Justice.
Rafał Trzaskowski, candidat à la présidentielle
Fort du soutien massif de son parti, la Plate-forme civique (PO), dont il a remporté les primaires avec près de 75% des voix, le maire de Varsovie part avec un avantage certain. Tous les sondages le donnent grand favori de l’élection présidentielle qui devrait se tenir au printemps.
Une revanche attendue
Pour Rafał Trzaskowski, cette candidature a un goût de revanche. En 2020, il s’était incliné d’une courte tête face à Andrzej Duda qui briguait un second mandat. Cette fois, le maire de Varsovie compte bien inverser la tendance et l’emporter au nom des valeurs pro-européennes qu’il défend avec force.
Sa désignation intervient dans un contexte de cohabitation difficile entre le gouvernement pro-européen de Donald Tusk et le président Duda, qui n’hésite pas à utiliser son véto pour bloquer les initiatives de l’exécutif. Un bras de fer qui paralyse le pays et que Rafał Trzaskowski entend bien faire cesser en accédant à la magistrature suprême.
Un duel qui s’annonce intense
Face à lui, le Droit et Justice devrait miser sur Karol Nawrocki, 41 ans, actuel président de l’Institut de la mémoire nationale. La bataille électorale promet d’être intense entre ces deux visions antagonistes de la Pologne et de sa place en Europe.
Autres candidats pressentis, Szymon Holownia, qui préside la chambre basse du Parlement, a lui aussi annoncé son intention de se présenter sous l’étiquette de son parti Pologne 2050. L’échiquier politique se met en place alors que la campagne doit officiellement débuter le 8 janvier.
Un scrutin crucial se profile donc pour la Pologne, tiraillée entre ses aspirations européennes et la tentation d’un retour aux valeurs conservatrices. Avec la candidature de Rafał Trzaskowski, c’est un véritable choix de société qui sera proposé aux électeurs polonais. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir du pays.