Un vent de polémique souffle sur la cathédrale Notre-Dame de Paris. Dans une interview accordée au Figaro, la ministre de la Culture Rachida Dati a proposé de faire payer l’entrée aux touristes visitant l’édifice emblématique de la capitale. Une mesure symbolique visant à financer un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux en France. Mais cette idée ne fait pas l’unanimité, certains craignant une atteinte à l’accessibilité de ce joyau architectural.
Une entrée payante pour les touristes
Rachida Dati part d’un constat : partout en Europe, l’accès aux édifices religieux les plus remarquables est payant. La maire du 7e arrondissement de Paris souhaite donc appliquer la même logique à Notre-Dame. Elle a proposé à l’archevêque de Paris de mettre en place un tarif symbolique de 5 euros pour toutes les visites touristiques de la cathédrale.
Selon les estimations de la ministre, avec 5 euros par visiteur, ce sont 75 millions d’euros qui pourraient être récoltés chaque année. Une somme conséquente qui serait entièrement consacrée à un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux en France. “Notre-Dame a réveillé notre attention pour le patrimoine religieux, qui appartient à tous les Français, quelle que soit leur confession”, a souligné Rachida Dati.
Avec 5 euros seulement par visiteur, on récolterait 75 millions d’euros par an. Ainsi, Notre-Dame de Paris sauverait toutes les églises de Paris et de France. Ce serait un magnifique symbole.
Rachida Dati, ministre de la Culture
Une mesure qui divise
Si l’intention de sauvegarder le patrimoine religieux est louable, la proposition de Rachida Dati suscite de vives réactions. Certains s’inquiètent d’une possible privatisation de ce monument historique appartenant à tous les Français. D’autres craignent que cette mesure ne dissuade une partie des touristes et ne crée une barrière tarifaire pour les visiteurs les moins aisés.
Des voix s’élèvent également pour rappeler que Notre-Dame bénéficie déjà de dons importants, notamment suite à l’incendie qui a ravagé une partie de l’édifice en 2019. La cathédrale, qui doit rouvrir ses portes le 7 décembre 2024, a en effet fait l’objet d’une reconstruction colossale financée en grande partie par la générosité des donateurs. Faut-il en plus faire payer l’entrée aux visiteurs ?
Vers une tarification différenciée dans les musées ?
Au-delà du cas de Notre-Dame, Rachida Dati souhaite ouvrir le débat sur la politique tarifaire des établissements culturels français. La ministre s’est ainsi prononcée pour une modulation des tarifs dans les monuments et musées nationaux à partir de 2026, avec des prix différents selon la nationalité des visiteurs.
Est-il par exemple normal qu’un visiteur français paie son entrée au Louvre le même prix qu’un visiteur brésilien ou chinois ?
Rachida Dati, ministre de la Culture
Selon la ministre, les visiteurs hors Union européenne devraient payer davantage leur billet d’entrée, ce supplément finançant la rénovation du patrimoine national. Une “vraie rupture” qui permettrait de ne pas faire peser tous les coûts sur les contribuables français, argue-t-elle. Une piste qui promet de faire débat dans les mois à venir.
Notre-Dame, un symbole au cœur des polémiques
La proposition de Rachida Dati intervient alors que Notre-Dame s’apprête à rouvrir après 5 ans de travaux titanesques. La cathédrale, qui accueille habituellement plus de 12 millions de visiteurs par an, reste un symbole fort pour les Parisiens et les Français. Mais aussi une attraction touristique majeure, qui suscite de nombreuses convoitises.
Ces derniers mois, d’autres polémiques ont agité le chantier de reconstruction, comme le remplacement de certains vitraux du XIXe siècle par des créations contemporaines. Un projet qui a divisé, certains y voyant une atteinte à l’intégrité patrimoniale du bâtiment. Preuve que chaque décision concernant ce joyau architectural est scrutée et débattue.
Avec sa proposition d’entrée payante, Rachida Dati a mis le doigt sur un sujet sensible : comment trouver un équilibre entre accessibilité, préservation du patrimoine et contraintes économiques ? Un débat complexe qui ne manquera pas de rebondir dans les prochains mois, alors que Notre-Dame s’apprête à retrouver son public. La bataille pour le financement du patrimoine ne fait que commencer.