Lundi 18 novembre, les dirigeants des plus grandes puissances économiques mondiales étaient réunis à Rio de Janeiro pour le sommet du G20. Avec la conférence climat COP29 de Bakou qui peine à trouver un accord, tous les espoirs étaient placés dans ce rendez-vous pour faire avancer les négociations sur le financement de la lutte contre le réchauffement. Mais le sommet s’est achevé sur un bilan en demi-teinte, sans percée majeure.
La COP29 dans l’impasse, le G20 attendu au tournant
Depuis plus d’une semaine, les négociations piétinent à la COP29 qui se tient à Bakou en Azerbaïdjan. Le point de blocage principal : la question épineuse du financement de l’adaptation au changement climatique pour les pays en développement. Ces derniers réclament que les nations riches, historiquement responsables du réchauffement, mettent davantage la main au pot. Mais pour l’instant, aucun accord n’a été trouvé, menaçant l’issue de cette 29e conférence de l’ONU sur le climat.
Dans ce contexte, beaucoup espéraient que le sommet du G20 qui s’est tenu ce lundi à Rio permettrait de débloquer la situation. Ce club des vingt plus grandes puissances mondiales, qui représentent 85 % du PIB de la planète et 80 % des émissions de gaz à effet de serre, a en effet un poids politique et économique considérable. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait demandé aux dirigeants du G20 d’assumer leur « leadership » et de faire des « compromis » pour faire avancer les discussions.
Un appel à l’action qui n’a pas été suivi d’effets
Mais force est de constater que cet appel n’a pas été entendu. Malgré des discussions sur le climat, le G20 n’a pas réussi à s’entendre sur des engagements concrets pour aider à débloquer les négociations à la COP29. Aucune annonce significative n’a été faite sur le dossier central du financement de l’adaptation pour les pays vulnérables.
Pire, le communiqué final du sommet n’a même pas repris l’engagement obtenu l’an dernier à la COP28 de Dubaï sur une « transition juste et équitable vers une sortie des combustibles fossiles ». Un recul qui inquiète les défenseurs du climat.
Les dirigeants renvoient la balle à Bakou, mais le problème c’est que les personnes qui prennent les décisions sont en fait à Rio
déplore Mick Sheldrick, cofondateur de l’ONG Global Citizen.
« Ils ne se sont pas montrés à la hauteur de l’enjeu », ajoute-t-il. Beaucoup regrettent qu’il n’y ait même pas de référence à l’accord obtenu de haute lutte à la précédente COP il y a un an.
L’impossible équation entre pays riches et émergents
En réalité, ce sommet du G20 aura surtout révélé les profondes divisions qui traversent le bloc. D’un côté, les pays riches, États-Unis et Europe en tête, poussent pour accélérer la réduction des émissions de CO2 et la transition vers les énergies propres. De l’autre, les grandes puissances émergentes comme la Chine et l’Inde freinent des quatre fers, arguant de leur droit au développement.
Ces pays, qui dépendent encore largement du charbon, refusent de prendre des engagements trop contraignants tant que les nations industrialisées n’auront pas tenu leurs promesses d’aide financière. Un clivage Nord-Sud difficilement conciliable, qui bloque toute avancée ambitieuse dans la lutte contre le réchauffement.
L’espoir d’un sursaut in extremis à la COP29
Avec cet échec du G20 à donner une impulsion, c’est donc vers la COP29 que tous les regards sont désormais tournés. Mais à quelques jours de la fin prévue de la conférence, l’espoir d’un accord s’amenuise. Selon des sources proches des négociations, les discussions entre pays riches et pays en développement sont toujours dans l’impasse sur la question des financements.
Certains évoquent la possibilité de prolonger le sommet au-delà de la date de clôture prévue vendredi, le temps de trouver un compromis. Mais le risque d’un échec pur et simple, comme lors de la COP25 de Madrid en 2019, n’est plus à exclure. Un revers cinglant qui serait un très mauvais signal envoyé à un moment où l’urgence climatique n’a jamais été aussi forte.
Après des catastrophes à répétition cet été, des incendies monstres au Canada aux inondations dévastatrices en Chine en passant par la canicule record en Europe, la nécessité d’une action concertée face au réchauffement apparaît pourtant plus évidente que jamais. Mais à ce stade, le multilatéralisme climatique semble toujours dans l’incapacité de dépasser ses blocages et de se hisser au niveau des enjeux. Sauf miracle de dernière minute à Bakou, 2024 s’annonce comme une nouvelle année perdue pour le climat.