Imaginez circuler à moto dans les rues encore endormies d’une grande ville, à l’aube, quand soudain une explosion vous fauche sans avertissement. C’est la réalité brutale qu’ont vécue deux policiers à Cali, en Colombie, ce mardi. Dans un autre coin du pays, deux autres agents ont péri sous un déluge de grenades et de tirs. Ces quatre morts illustrent la violence persistante qui ronge le pays, malgré les efforts pour pacifier une nation marquée par des décennies de conflit armé.
Une Journée Sanglante pour les Forces de l’Ordre
Les événements se sont déroulés dans deux départements distincts, soulignant l’étendue géographique du problème. À Cali, troisième ville du pays située dans le sud-ouest, deux agents ont été tués par un engin explosif improvisé. Ils patrouillaient à moto aux alentours de quatre heures du matin lorsque l’explosion les a mortellement touchés par des éclats.
Le chef de la police locale a rapidement pointé du doigt la guérilla de l’ELN comme responsable de cet acte. Cette organisation, active depuis des décennies, continue de semer la terreur dans plusieurs régions. L’attaque n’était pas isolée : elle s’inscrit dans une série d’actions violentes récentes.
Plus au sud, dans le département voisin du Cauca, une autre scène d’horreur s’est jouée. Un commissariat rural a subi sept heures de harcèlement armé intense, avec grenades et rafales de tirs. Deux policiers n’ont pas survécu à cette offensive prolongée.
Les Attaques Attribuées aux Groupes Armés
Le ministre de la Défense a directement imputé cette seconde attaque à des dissidents des anciennes FARC. Ces factions, qui ont rejeté l’accord de paix, opèrent sous le commandement d’un leader connu sous le pseudonyme d’Ivan Mordisco, considéré comme l’un des criminels les plus recherchés du pays.
En réponse, les autorités ont annoncé le déploiement massif des forces publiques pour neutraliser les responsables. Cette promesse de fermeté arrive dans un contexte où la violence contre les forces de l’ordre a explosé cette année.
Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent l’ampleur des dégâts dans la commune touchée : une zone commerciale réduite à des gravats, plus d’une dizaine de bâtiments détruits. L’hôpital local a même été visé, forçant plusieurs familles à quitter leurs hogares.
Nous avons ordonné le déploiement de toutes les capacités de la Force publique pour neutraliser les criminels.
PEDRO SANCHEZ, MINISTRE DE LA DÉFENSE
Une Augmentation Dramatique des Assassinats
Les chiffres sont alarmants. De janvier à septembre, pas moins de 146 soldats et policiers ont été tués par des groupes armés illégaux. Cela représente une hausse de 128 % par rapport à la même période l’année précédente.
Cette escalade ne sort pas de nulle part. Elle est étroitement liée au contrôle des routes du trafic de cocaïne, dont la Colombie reste le premier producteur mondial. Les guérillas, qu’elles se revendiquent révolutionnaires ou non, financent largement leurs activités par ce commerce illicite.
D’autres sources de revenus incluent l’exploitation minière illégale, l’extorsion et, pour certaines factions, les enlèvements contre rançon. Ces pratiques transforment des idéaux politiques en entreprises criminelles pures et dures.
Statistiques clés sur la violence en 2025 :
- 146 membres des forces de l’ordre assassinés en neuf mois
- Hausse de 128 % comparé à 2024
- Plus de 80 attaques attribuées à l’ELN depuis dimanche
Le Confinement Imposé par l’ELN
Juste avant ces attaques, la guérilla de l’ELN avait décrété trois jours de confinement forcé dans ses zones d’influence. La raison invoquée ? Des menaces supposées d’intervention étrangère contre les laboratoires de production de cocaïne.
Cette mesure a directement affecté la population civile. Dès dimanche, un conducteur d’ambulance a été tué dans l’est du pays, près de la frontière vénézuélienne, dans le cadre de ce confinement imposé.
Le président a réagi avec vigueur, ordonnant aux forces de sécurité d’intervenir pour protéger les citoyens. Il a qualifié les membres de l’ELN de trafiquants déguisés en révolutionnaires, refusant toute intimidation.
Nous ne nous laisserons pas intimider par des trafiquants de drogue déguisés en révolutionnaires.
LE PRÉSIDENT COLOMBIEN
L’Échec des Négociations de Paix
Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le chef de l’État a tenté de négocier avec l’ELN. L’objectif était clair : mettre fin à un conflit qui dure depuis plus de cinquante ans. Malheureusement, ces pourparlers n’ont pas abouti.
En janvier, les discussions ont été suspendues après un massacre attribué à cette guérilla, qui a coûté la vie à plus de cent personnes dans une zone frontalière. Cet épisode a marqué un point de rupture définitif.
Aujourd’hui, l’ELN compte environ 5 800 membres et exerce une influence sur plus de 20 % des municipalités colombiennes. Ses actions récentes, avec plus de 82 attaques ou sabotages en quelques jours, montrent une capacité de nuisance intacte.
Les Dissidents des FARC : Une Menace Persistante
Si l’accord de paix historique a été signé avec les FARC, permettant la démobilisation de milliers de combattants, certains ont refusé de déposer les armes. Ces dissidents forment aujourd’hui des groupes puissants, souvent plus tournés vers le crime organisé que vers l’idéologie.
Le leader Ivan Mordisco incarne cette frange dure. Ses hommes contrôlent des territoires stratégiques pour le narcotrafic, particulièrement dans le Cauca, région riche en plantations de coca.
L’attaque contre le commissariat illustre leur tactique : harcèlement prolongé pour épuiser les défenseurs, destruction massive pour terroriser la population et affaiblir l’État.
Les Conséquences sur la Population Civile
Au-delà des policiers tombés, ces violences touchent directement les civils. Des familles déplacées, des commerces anéantis, un hôpital attaqué : le bilan humain et matériel est lourd.
Dans les zones sous influence guérillera, la vie quotidienne devient un calvaire. Les confinements forcés empêchent les gens de travailler, d’aller à l’école ou de se soigner librement.
Ces actes ne visent pas seulement les forces de l’ordre ; ils sèment la peur pour maintenir le contrôle territorial, essentiel au trafic de drogue.
| Groupe | Attaque Principale | Région | Conséquences |
|---|---|---|---|
| ELN | Engin explosif | Cali (Valle del Cauca) | 2 policiers tués |
| Dissidents FARC | Harcèlement armé | Cauca | 2 policiers tués, destructions massives |
Le Lien Indéfectible avec le Narcotrafic
La Colombie produit la majeure partie de la cocaïne consommée dans le monde. Ce triste record attire tous les groupes armés, qui se disputent les routes, les laboratoires et les cultures.
Même si certains se revendiquent d’une idéologie de gauche, la réalité sur le terrain est souvent plus prosaïque : protection de cargaisons, taxation des cultivateurs, élimination de concurrents.
Cette économie parallèle génère des milliards de dollars, permettant d’acheter armes, recruter combattants et corrompre fonctionnaires. Elle perpetue un cycle infernal de violence.
Perspectives d’Apaisement ?
Face à cette nouvelle vague d’attaques, le gouvernement promet une réponse ferme. Des renforts sont déployés, des opérations militaires lancées.
Mais l’histoire récente montre que la répression seule ne suffit pas. Les tentatives de dialogue ont échoué, la misère dans les campagnes alimente le recrutement, et la demande internationale de drogue reste forte.
La Colombie se trouve à un carrefour délicat. Entre fermeté sécuritaire et recherche de solutions sociales, le chemin vers une paix durable reste semé d’embûches.
Ces quatre policiers morts en une seule journée rappellent cruellement que le conflit, loin d’être terminé, continue de réclamer des vies. Leur sacrifice met en lumière le courage de ceux qui, chaque jour, affrontent ces menaces pour protéger la population.
Dans un pays qui aspire à tourner la page d’un demi-siècle de guerre, ces événements interrogent sur l’avenir. La violence guérillera peut-elle être contenue ? Ou assisterons-nous à une nouvelle spirale meurtrière ? Seul l’avenir le dira, mais l’urgence d’agir est plus pressante que jamais.









