Une simple suggestion sur les réseaux sociaux, et c’est toute la classe politique qui s’embrase. En proposant l’organisation d’une “Grande marche populaire en direction de Matignon”, l’ancien député insoumis Adrien Quatennens a déclenché un véritable séisme. De Marine Le Pen à Aurore Bergé en passant par François Bayrou, les réactions indignées n’ont pas tardé. Le spectre de l’insurrection plane sur le débat post-législatives.
Quatennens, le trublion qui agite la gauche
Bien qu’il ne soit plus député, Adrien Quatennens n’en finit pas de faire parler de lui. Condamné pour violences conjugales, écarté de l’Assemblée nationale, le voilà qui revient sur le devant de la scène en lançant une petite phrase lourde de sens. Sur le réseau social X (ex-Twitter), il écrit : “Macron veut nous voler la victoire et manœuvre pour faire barrage à l’application du programme du NFP”. Et de suggérer en guise de riposte “une grande marche populaire en direction de Matignon”.
Une provocation de trop pour ses adversaires politiques, qui y voient un appel à peine voilé à l’insurrection. Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée, dénonce une “extrême gauche minoritaire en voix et en sièges” qui voudrait “imposer son programme alors qu’elle n’en a pas la légitimité électorale”. Elle fustige un “climat de menaces et d’intimidations” et n’hésite pas à comparer cette marche à “l’assaut du Capitole” à Washington en janvier 2021.
Une “révolution violente” pour Bayrou
Même son de cloche chez les macronistes. Aurore Bergé, ancienne ministre déléguée, estime qu’“Adrien Quatennens n’a plus aucune légitimité pour s’exprimer” au vu des violences conjugales qu’il a commises. “On ne marche pas sur Matignon”, tonne-t-elle, voyant dans cette suggestion une remise en cause des institutions. Une accusation reprise par François Bayrou, président du MoDem, pour qui il s’agit ni plus ni moins d’un appel à “une révolution violente”.
Il y a des forces [politiques] qui ne respectent pas les valeurs démocratiques élémentaires et les institutions. Qui ont dans l’idée qu’une révolution violente peut imposer au pays sa loi.
François Bayrou sur BFMTV
Le NFP se défend et maintient la pression
Face à ces critiques, Adrien Quatennens se défend de tout appel à l’insurrection. Il dénonce à son tour un “bloc bourgeois” qui aurait “peur du peuple” et de sa “mobilisation dans la rue pour exiger son dû”, à savoir “l’application d’un programme arrivé en tête des élections”. Une ligne défendue par son camarade Manuel Bompard, qui estime que le président Macron cherche à “ne pas tenir compte des résultats des élections législatives”. Pour le coordinateur de LFI, “il faut une mobilisation populaire”.
Deux visions radicalement opposées de la démocratie et de la légitimité politique qui s’affrontent donc, sur fond de négociations difficiles pour la formation d’un gouvernement. Le NFP, arrivé en tête aux législatives mais sans majorité absolue, entend bien peser de tout son poids pour imposer son programme et son premier ministre. Quitte à en appeler à la rue ? L’hypothèse, pour l’instant, semble écartée par les leaders de la gauche. Mais la petite phrase d’Adrien Quatennens a ravivé le spectre des Gilets Jaunes et d’un pays ingouvernable. De quoi électriser un peu plus le climat politique déjà brûlant de ce début de quinquennat.