Marcinelle, Donchery, Rosières-aux-Salines, Nantes, La Courneuve… Derrière ces noms de villes se cachent des adresses tristement célèbres. Des lieux ordinaires en apparence, mais marqués à jamais par les crimes atroces qui s’y sont déroulés. Surnommées « maisons de l’horreur », ces habitations portent en elles les stigmates indélébiles de leur sombre passé, malgré le passage du temps et l’arrivée de nouveaux occupants.
Quand les murs parlent et les fantômes du passé ressurgissent
Olivier Parmentier, 50 ans, informaticien, a fait le choix audacieux d’emménager dans l’une de ces « maisons maudites ». En 2023, il a acquis pour 142 000 euros le pavillon de Jâlons, près de Châlons-en-Champagne, théâtre d’un féminicide brutal en 2013. « Quand on l’achète, tout le monde vient vous raconter ce qui s’y est passé », confie-t-il, conscient de l’histoire macabre des lieux.
Car si les années passent, les souvenirs des drames restent vivaces dans la mémoire collective. Les voisins n’oublient pas, les rumeurs persistent, alimentant l’aura lugubre de ces maisons. Certains nouveaux propriétaires, lassés des commérages et des regards en biais, finissent par repartir, vaincus par le poids du passé.
Des années chaotiques avant un nouveau départ
Pour ces habitations stigmatisées, le chemin vers une nouvelle vie est souvent long et chaotique. Laissées à l’abandon pendant des années, squattées ou vandalisées, beaucoup tombent en ruine avant de trouver un acquéreur. D’autres, comme la maison de Nantes où vivait la famille Dupont de Ligonnès avant la tuerie de 2011, sont finalement rasées, dans l’espoir d’effacer toute trace du drame.
On a l’impression que le mal est incrusté dans les murs. Même repeints, ils transpirent encore la douleur et l’effroi.
Un agent immobilier ayant visité une «maison de l’horreur»
Un lourd secret à porter pour les nouveaux habitants
Mais pour ceux qui osent y vivre, le plus dur reste à venir. Le poids du secret devient vite étouffant. Faut-il informer ses invités de l’histoire des lieux au risque de les mettre mal à l’aise ? Les enfants doivent-ils connaître le lourd passé de leur chambre ? Des dilemmes moraux qui s’ajoutent à une atmosphère souvent pesante, certains allant jusqu’à déménager, convaincus que les lieux sont hantés par les victimes.
Une décote financière pour des biens « marqués »
Au-delà de l’aspect émotionnel, acquérir une «maison de l’horreur» représente aussi un risque financier. Leur sinistre réputation entraîne une forte décote à la revente, pouvant atteindre 30% selon les estimations. Un manque à gagner conséquent pour les propriétaires contraints de vendre à perte un bien devenu difficile à assumer.
L’espoir d’une nouvelle vie pour ces maisons meurtries
Malgré tout, certaines de ces propriétés écrivent un nouveau chapitre de leur histoire. Avec le temps et la détermination de leurs occupants, elles redeviennent peu à peu des maisons familiales ordinaires, où résonnent à nouveau les rires d’enfants. Un message d’espoir pour toutes ces habitations meurtries, preuves que même les lieux les plus sombres peuvent retrouver la lumière.
Des tragédies humaines aux conséquences immobilières, l’histoire tourmentée des « maisons de l’horreur » nous renvoie à l’empreinte indélébile que laissent les drames sur notre environnement. Un héritage lourd à porter pour les pierres comme pour les âmes.