C’est un acte qui a suscité une vive émotion en France et bien au-delà. Dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, le Mur des Justes du mémorial de la Shoah, à Paris, a été la cible d’une vingtaine de tags représentant des mains rouges. Un geste d’une symbolique choquante, qui n’a pas manqué de provoquer l’indignation. Mais qui se cache derrière cette mystérieuse opération ? Selon les dernières informations de l’enquête, la piste russe semble se confirmer.
Mode opératoire bien rodé
D’après les révélations du Canard Enchaîné, les deux principaux suspects identifiés par les enquêteurs seraient des ressortissants bulgares, accompagnés d’un complice chargé de filmer la scène. Grâce aux images de vidéosurveillance, leur parcours a pu être retracé :
- Les suspects, vêtus de noir, sont repérés aux alentours de 3h du matin en train de taguer le Mur des Justes.
- Leur planque, un hôtel du XXe arrondissement, est rapidement localisée. Une copie du passeport de l’un d’eux y est retrouvée.
- Juste après leur forfait, les trois individus auraient fui en direction de la gare routière de Bercy pour prendre un bus vers Bruxelles.
Un mode opératoire qui n’est pas sans rappeler celui utilisé en octobre dernier lors d’une autre affaire de tags antisémites à Paris. À l’époque, quatre ressortissants moldaves, commandités par un homme d’affaires proche du Kremlin, avaient également pris la fuite vers la Belgique.
Une symbolique antisémite choquante
Si cet acte de vandalisme a autant choqué, c’est en raison de la symbolique des mains rouges taguées sur ce lieu emblématique de la mémoire de la Shoah. Fin avril, cette représentation avait déjà été au cœur d’une polémique, des étudiants ayant brandi leurs mains teintes en rouge lors d’une manifestation en soutien à la Palestine devant Sciences Po Paris.
Les mains rouges font référence au lynchage particulièrement sordide de deux réservistes israéliens par une foule palestinienne à Ramallah en 2000, l’un des assaillants exhibant ensuite ses mains couvertes de sang.
explique un expert
La Russie, nouveau perturbateur
Pour les enquêteurs, il ne fait guère de doute que la Russie, via des agents ou des intermédiaires, est derrière cette nouvelle opération visant à semer le trouble et attiser les tensions en France et en Europe. Un mode d’action qui s’inscrit dans une stratégie de déstabilisation désormais bien connue.
Contactée, l’ambassade de Russie dément toute implication et dénonce des “accusations infondées”. Mais les faits sont têtus et les indices concordants. Reste à savoir jusqu’où ira Moscou dans sa volonté de nuire, quitte à instrumentaliser les pages les plus sombres de notre Histoire. Une dérive inquiétante qui appelle la plus grande vigilance.