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QuadrigaCX : 1 Million Saisi chez le Cofondateur

45 lingots d’or, des Rolex, un pistolet chargé… La police canadienne vient de saisir 1 million de dollars dans un coffre appartenant à Michael Patryn, cofondateur de QuadrigaCX. Six ans après l’effondrement de la plateforme, les victimes vont-elles enfin récupérer une partie de leur argent ?

Imaginez ouvrir un coffre-fort et découvrir 45 lingots d’or, des montres de luxe hors de prix et un pistolet chargé. C’est exactement ce qu’ont trouvé les enquêteurs canadiens en 2021 dans une banque de Vancouver. Et le propriétaire ? Michael Patryn, cofondateur de la tristement célèbre plateforme QuadrigaCX. Six ans après la disparition de Gerald Cotten et l’effondrement de l’exchange, la justice rattrape enfin les acteurs de ce qui reste l’un des plus gros scandales de l’histoire des cryptomonnaies.

Un million de dollars saisis grâce à une loi anti-richesse inexpliquée

Le 8 décembre 2025, la Colombie-Britannique a annoncé avoir obtenu gain de cause devant la Cour suprême. Michael Patryn n’a même pas contesté la procédure. Résultat : l’État provincial récupère officiellement environ 1 million de dollars canadiens en biens de luxe et en liquidités.

Cette saisie est rendue possible grâce à l’Unexplained Wealth Order, un outil juridique puissant introduit en 2019 en Colombie-Britannique. Concrètement, si une personne ne peut pas prouver l’origine légitime de ses biens, l’État peut les saisir sans même avoir à démontrer un crime précis. Une arme redoutable contre le blanchiment d’argent et les profits criminels.

Que contenait exactement le coffre ?

Les policiers ont mis la main sur un véritable trésor :

  • Trois lingots d’or d’un kilogramme chacun
  • Quarante-deux lingots plus petits
  • Plusieurs montres Rolex et Chanel
  • Bagues et bijoux de luxe
  • Espèces en devises diverses
  • Un pistolet Ruger 1911 .45 avec chargeurs garnis
  • Des documents d’identité sous différents noms

Tout était soigneusement rangé dans un coffre de la CIBC, au cœur de Vancouver. Un mélange troublant entre opulence et menace.

Retour sur le scandale QuadrigaCX : quand 215 millions s’évaporent

Pour comprendre l’ampleur de l’affaire, il faut remonter à janvier 2019. Gerald Cotten, PDG et unique détenteur des clés privées des cold wallets de la plateforme, meurt subitement en Inde à 30 ans. Problème : 190 millions de dollars canadiens (environ 215 millions USD à l’époque) appartenant à 76 000 clients deviennent inaccessibles.

Pendant des mois, la veuve de Cotten, Jennifer Robertson, affirme que son mari était le seul à connaître les mots de passe. L’histoire semble trop belle pour être vraie. Et elle ne l’était pas.

L’enquête d’EY (anciennement Ernst & Young), nommée syndic de faillite, va révéler l’impensable : dès 2016, QuadrigaCX fonctionnait comme une schéma de Ponzi. Cotten utilisait les nouveaux dépôts pour payer les retraits, tout en détournant des dizaines de millions pour son train de vie princier : avions privés, yachts, propriétés de luxe au Canada et à l’étranger.

Michael Patryn, l’ombre derrière Cotten

Si Gerald Cotten était le visage public de QuadrigaCX, Michael Patryn en était le cofondateur et le directeur technique. Un personnage au passé déjà lourd.

Sous le nom d’Omar Dhanani, il a été condamné aux États-Unis en 2005 pour avoir dirigé Shadowcrew, une plateforme de vente de données volées et de blanchiment d’argent. Il écope de 18 mois de prison et est expulsé vers le Canada en 2007. À son retour, il change légalement de nom pour devenir Michael Patryn.

En 2013, il rencontre Cotten et lance QuadrigaCX. Les deux hommes se comprennent : ils partagent la même vision d’un exchange « sans KYC » et la même appétence pour l’argent rapide. Selon les documents judiciaires, Patryn aurait bénéficié directement des fonds détournés.

Les créanciers toujours dans l’attente

En mai 2023, après des années de procédure, les créanciers n’ont récupéré qu’une fraction de leurs avoirs : environ 30 % en moyenne. Beaucoup ont tout perdu.

La saisie actuelle représente une lueur d’espoir. Le bureau des saisies civiles de Colombie-Britannique a annoncé qu’une étude sera menée pour déterminer si tout ou partie de ces 1 million de dollars pourra être redistribué aux victimes. Rien n’est encore garanti, mais c’est la première fois qu’un avoir concret est récupéré auprès d’un des deux fondateurs.

« C’est une petite victoire symbolique pour les milliers de personnes ruinées »

Un créancier anonyme, interview 2023

Où est Michael Patryn aujourd’hui ?

Les derniers documents judiciaires le localisent en Thaïlande. Il n’a pas répondu aux demandes de commentaire et n’a pas contesté la saisie. Un silence assourdissant qui en dit long.

Depuis 2021, il avait déjà été interdit d’exercer dans le secteur financier canadien par l’organisme de régulation de la Colombie-Britannique. Son nom apparaît également dans l’affaire du casino River Rock et dans des enquêtes sur le blanchiment d’argent lié aux cartels mexicains.

Leçons d’un scandale qui a changé la régulation crypto au Canada

L’affaire QuadrigaCX a été un électrochoc. Elle a révélé les failles béantes des exchanges non régulés et l’absence de protection pour les clients.

Depuis, le Canada a durci le ton :

  • Obligation d’enregistrement auprès des autorités provinciales
  • Exigence de ségrégation des fonds clients
  • Audit régulier des réserves (proof of reserves)
  • Interdiction des plateformes sans KYC sérieux

Des exchanges comme Kraken, Coinbase ou Bitbuy se sont conformés. D’autres, comme Binance, ont préféré quitter le marché canadien.

Et après ?

Cette saisie de 1 million n’est qu’une goutte d’eau face aux 215 millions disparus. Mais elle montre que la justice, même lentement, avance. D’autres enquêtes sont toujours en cours, notamment aux États-Unis où le FBI a ouvert un dossier sur Cotten et Patryn dès 2019.

Pour les milliers de victimes, chaque lingot d’or saisi est un rappel douloureux de ce qu’elles ont perdu… mais aussi l’espoir ténu que, un jour, elles récupéreront une partie de ce qui leur a été volé.

L’histoire de QuadrigaCX reste un avertissement brutal : dans la crypto, la confiance ne suffit pas. La preuve des réserves, la transparence et la régulation ne sont pas des options. Ce sont des nécessités.

En résumé : Six ans après le scandale, la Colombie-Britannique frappe fort en saisissant 1 million de dollars de biens de luxe à Michael Patryn. Une première victoire symbolique pour les victimes de QuadrigaCX, qui attendent toujours la majeure partie de leur argent.

Et vous, pensez-vous que les créanciers reverront un jour la totalité de leurs fonds ? L’histoire n’est manifestement pas terminée.

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