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Qatar : Fin de l’expérience démocratique par référendum

Le Qatar fait marche arrière sur sa timide expérience démocratique. Un référendum est organisé pour supprimer les élections législatives. L'émir retrouvera son pouvoir absolu de nomination du Conseil consultatif. Quelles conséquences pour l'avenir politique du pays ?

Ce mardi, les Qataris sont appelés aux urnes pour un référendum d’une importance capitale pour l’avenir politique de l’émirat. En jeu : la suppression pure et simple des élections législatives, mises en place il y a à peine deux ans. Un scrutin qui scelle le sort de la brève expérience démocratique qatarie.

Retour en arrière sur les avancées de 2021

Flashback en 2021. À un an de la Coupe du Monde de football, le Qatar créait la surprise en organisant les premières élections législatives de son histoire. Pour la première fois, les citoyens élisaient 30 des 45 membres du Majlis al-Choura, le conseil consultatif jusque-là entièrement nommé par l’émir. Une avancée démocratique notable, bien que limitée, le Majlis ne disposant que de pouvoirs restreints.

Mais cette ouverture n’aura été que de courte durée. Dès octobre 2022, l’émir Tamim ben Hamad al-Thani proposait de revenir à un Conseil intégralement nommé, tirant les “conclusions” de cette expérience électorale.

Un processus électoral contesté

Il faut dire que le scrutin de 2021 avait suscité des remous au sein de la société qatarie. En cause : l’exclusion de pans entiers de la population, notamment les membres de familles naturalisées après 1930 et certaines tribus comme les Al-Marri. Des restrictions sur le droit de vote et d’éligibilité qui avaient créé des divisions.

Chaque pays peut avoir son propre modèle, celui qui lui convient, qui convient à sa personnalité et à ses citoyens.

Saoud ben Khaled Al-Thani, membre éminent de la famille régnante

Vers un “oui” massif au référendum

La tenue même de ce référendum constitutionnel, le premier depuis plus de 20 ans, ne laisse guère planer le suspense. Des responsables qataris se disent confiants et prédisent un vote “unanime” en faveur des amendements proposés par l’émir, qui visent à restaurer son pouvoir de nomination.

Dans les bureaux de vote, l’affluence semble d’ailleurs plus masculine que féminine, laissant présager un électorat acquis aux vues du pouvoir en place. Le retour à un Majlis al-Choura non-élu, malgré son rôle purement consultatif, apparaît comme une évidence.

Quels droits pour les Qataris naturalisés ?

Parmi les autres modifications soumises à référendum figure cependant une extension des droits des Qataris naturalisés. Un amendement leur permettrait ainsi d’accéder aux fonctions ministérielles, jusqu’ici réservées aux citoyens de naissance. Une ouverture en demi-teinte, qui ne compense que partiellement la perte du droit de vote.

L’émirat à l’heure des choix

Au final, ce référendum marque un tournant pour le Qatar. Après avoir entrouvert la porte du processus législatif à ses citoyens, l’émirat semble faire le choix d’un retour à un pouvoir plus vertical et concentré. Un pari sur la stabilité et le contrôle politique, au détriment d’une représentation élargie de la population.

Reste à savoir si cette marche arrière n’aura pas un coût en termes d’image pour le petit État gazier, qui a misé sur son influence internationale et son “soft power”. Le regard des démocraties occidentales sur ce recul des libertés électorales sera certainement scruté de près à Doha.

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