Selon une source proche du dossier, le ministre chinois de la Défense, Dong Jun, ferait l’objet d’une enquête pour corruption. Cette affaire s’inscrit dans le cadre de la vaste campagne anticorruption lancée par le président Xi Jinping à son arrivée au pouvoir, et qui s’est depuis élargie aux rangs de l’armée. Retour sur les enjeux de cette purge sans précédent visant les hauts gradés militaires, alors que la Chine cherche à renforcer sa puissance.
Une « méfiance chronique » de Xi Jinping envers les chefs militaires
Depuis l’été 2023, près d’une vingtaine de responsables militaires et de l’industrie de la défense ont été démis de leurs fonctions, dont les deux derniers ministres en date. D’après les médias d’État, les ex-ministres Wei Fenghe et Li Shangfu ont été exclus du Parti communiste et font l’objet d’une enquête pour corruption présumée.
Xi Jinping semble avoir une méfiance chronique envers ses hauts responsables militaires.
Ankit Panda, expert à la Fondation Carnegie pour la paix internationale
Ces purges seraient liées à une enquête plus large visant la Force des fusées, unité cruciale de l’armée chinoise responsable des missiles nucléaires et conventionnels. Plusieurs hauts gradés de cette force stratégique ont été évincés ces derniers mois.
Dysfonctionnements et scandales au sein de l’armée ?
La chute présumée du nouveau ministre Dong Jun, nommé en décembre et sans lien avec la Force des fusées, suggèrerait que la corruption au sein de l’armée est encore plus profonde qu’imaginé. Citant des sources du renseignement américain, l’agence Bloomberg affirme que la corruption généralisée aurait entraîné de graves dysfonctionnements :
- Équipements défectueux
- Carburant de missiles remplacé par de l’eau
- Défaillances compromettant le fonctionnement des missiles
Des révélations inquiétantes alors que la Chine intensifie la pression militaire sur Taïwan et en mer de Chine méridionale. Dans ce contexte, la corruption pourrait remettre en question la capacité de l’armée à atteindre ses objectifs militaires.
Une campagne anticorruption paralysante pour l’armée ?
Avec la mise à l’écart du 3ème ministre de la Défense consécutif, certains analystes craignent que les purges ne deviennent une distraction pour l’armée, au moment où Xi Jinping la presse d’être prête au combat d’ici 2027, notamment sur le dossier taïwanais. La concurrence féroce pour les hauts postes pourrait déclencher des cycles sans fin d’arrestations et d’accusations entre officiers rivaux.
Reste à savoir si cette vaste campagne anticorruption permettra in fine d’assainir les rangs ou si elle signera au contraire le début d’une instabilité chronique, pouvant entraver la modernisation de l’armée et les ambitions stratégiques de la Chine. Une chose est sûre, Xi Jinping semble plus que jamais déterminé à garder la mainmise sur les forces armées, quitte à déstabiliser profondément l’institution militaire.