La 12e journée de Ligue 1 a été marquée par un incident inhabituel lors de la rencontre entre l’AS Saint-Étienne et Montpellier HSC. À la 17e minute de jeu, le match a dû être brièvement interrompu en raison de lancers de balles de tennis depuis les tribunes. Un geste fort de la part des supporters stéphanois, qui souhaitaient ainsi exprimer leur mécontentement envers l’action de la Ligue de Football Professionnel (LFP) et l’influence du Qatar, pays d’origine de la chaîne beIN Sports, diffuseur de la Ligue 1.
Des banderoles déployées pour dénoncer les “trous de balles qui tuent le football français”
Outre les balles de tennis lancées sur la pelouse, les ultras de l’ASSE ont également déployé plusieurs banderoles dans les tribunes de Geoffroy-Guichard. Sur l’une d’elles, on pouvait lire : “LFP, BeIN Sport, Qatar, CVC : les trous de balles qui tuent le football français”. Une référence directe au fonds d’investissement CVC, qui a récemment apporté 1,5 milliard d’euros au football français en échange d’une rente d’environ 13% sur ses recettes commerciales.
Les Green Angels, un autre groupe de supporters stéphanois, ont quant à eux brandi une banderole avec le message suivant : “LFP : vous êtes les toutous du Qatar. En attendant le retour de bâton, jouons à la baballe”. Un ton provocateur qui illustre bien la colère et la frustration ressenties par une partie des fans de football français face à l’influence grandissante des acteurs étrangers dans le championnat.
La LFP et les clubs français face à un dilemme
Si l’apport financier de CVC et l’exposition médiatique offerte par beIN Sports peuvent sembler bénéfiques pour le développement de la Ligue 1, nombreux sont ceux qui s’inquiètent des contreparties et des potentielles dérives liées à ces partenariats. La LFP se retrouve ainsi face à un délicat équilibre à trouver entre la nécessité de sécuriser des revenus pour les clubs et le maintien de l’intégrité et de l’identité du football français.
Les supporters, attachés aux valeurs traditionnelles du sport et à l’indépendance des clubs, redoutent une perte de contrôle et une soumission aux intérêts des investisseurs étrangers. Leur mécontentement, exprimé de manière spectaculaire lors de ce match entre Saint-Étienne et Montpellier, témoigne d’une fracture grandissante entre les instances dirigeantes et une partie des fans.
Vers une remise en question du modèle économique du football ?
Au-delà du cas spécifique de la Ligue 1, c’est tout le modèle économique du football moderne qui semble remis en question par ces protestations. La course effrénée aux droits TV et aux investissements étrangers, si elle permet aux clubs de renflouer leurs caisses à court terme, pose la question de la pérennité et de l’équité du système à long terme.
Certains observateurs appellent ainsi à une réflexion de fond sur la gouvernance du football et la place accordée aux supporters dans les processus de décision. Une meilleure prise en compte de leur voix et de leurs préoccupations pourrait permettre d’apaiser les tensions et de construire un modèle plus durable et respectueux de l’identité des clubs.
En attendant, l’interruption du match Saint-Étienne – Montpellier restera comme un symbole fort du malaise qui traverse actuellement le football français. Un signal d’alarme pour les instances dirigeantes, qui devront impérativement trouver des réponses aux inquiétudes légitimes des supporters si elles veulent éviter une crise durable et préserver la passion autour de notre championnat.