Un fait divers singulier s’est produit le samedi 12 octobre 2024 dans le quartier de Saint-Pierre à Brest, suscitant l’émoi et divisant l’opinion. Excédé par l’occupation illégale de son logement par deux familles roumaines depuis plus de six ans, un propriétaire a pris une décision radicale : détruire l’intérieur de son habitation à coups de masse pour en déloger les occupants.
Un immeuble “insalubre” squatté depuis des années
L’affaire prend racine en 2021, lorsque le propriétaire fait l’acquisition d’un petit immeuble de deux étages dans ce quartier populaire brestois. Mais rapidement, il déchante. Le bien est jugé insalubre et nécessiterait d’importantes rénovations pour être habitable. Surtout, il découvre que son nouveau logement est déjà occupé, et ce depuis plusieurs années, par des familles roumaines.
Malgré ses tentatives pour régulariser la situation et obtenir leur expulsion par des voies légales, rien n’y fait. Les squatteurs semblent fermement décidés à rester, arguant de leur droit au logement. Au fil des mois, la frustration du propriétaire ne cesse de croître face à cette situation qui lui échappe totalement.
Exaspéré, le propriétaire passe à l’action
N’y tenant plus, il décide alors de prendre les choses en main. Le samedi 12 octobre, il débarque accompagné d’au moins un autre homme, armés de masses et de barres à mine. Profitant de l’absence des occupants, ils s’introduisent dans le logement et entreprennent méthodiquement d’en détruire l’intérieur, sous les yeux ébahis de quelques voisins.
Murs défoncés, portes arrachées, sanitaires brisés… Ils ne laissent rien au hasard pour rendre le lieu totalement inhabitable et forcer les squatteurs à partir. Une fois leur œuvre de démolition accomplie, les deux hommes repartent comme si de rien n’était, laissant derrière eux un appartement dévasté.
Une affaire qui divise l’opinion
Si pour l’heure aucune plainte n’a été déposée par les familles expulsées de manière aussi expéditive, l’affaire ne manque pas de faire réagir. Pour certains, l’exaspération du propriétaire, confronté à une situation inextricable, est compréhensible. D’autres s’indignent de ces méthodes musclées et illégales, appelant au respect du droit au logement.
La Ligue des droits de l’Homme s’est d’ailleurs émue de ce cas, le qualifiant “d’inacceptable” et appelant les autorités à réagir fermement. “On ne peut cautionner un propriétaire se faisant justice lui-même de manière aussi violente et expéditive. C’est un dangereux précédent”, a déclaré un de ses représentants locaux.
Le casse-tête des logements squattés
Au-delà de son caractère spectaculaire, cette affaire remet en lumière la problématique épineuse des logements squattés et le difficile équilibre entre droit de propriété et droit au logement. Si la loi ASAP de décembre 2022 a durci les sanctions contre les squatteurs, elle semble encore insuffisante aux yeux de nombreux propriétaires.
- Plus de 170 000 logements squattés recensés en France
- Des procédures d’expulsion souvent longues et complexes
- Un sentiment d’impunité du côté des squatteurs
Face à ce qu’ils perçoivent comme un déni de leurs droits les plus élémentaires, certains propriétaires n’hésitent plus à employer des méthodes expéditives pour récupérer leur bien, quitte à se mettre hors-la-loi. Un phénomène inquiétant qui semble s’amplifier et appelle à une réponse des pouvoirs publics pour sortir de cette spirale.
Une situation intenable appelant à des solutions
Au final, cette histoire brestoise illustre de manière coup de poing une situation intenable et la nécessité de trouver des solutions équilibrées. Si la frustration des propriétaires privés de leur bien est légitime, la réponse ne peut être dans des expulsions musclées faisant fi de l’État de droit. Les squatteurs, souvent issus de populations fragiles, ne peuvent non plus être abandonnés à leur sort sans solution de relogement.
Il est urgent que les différents acteurs – État, collectivités, associations – se saisissent du problème pour proposer des réponses alliant fermeté et humanité. Sinon le risque est grand de voir ce type d’affaires se multiplier.
Un responsable associatif local
Une affaire choc qui, espérons-le, servira d’électrochoc pour avancer enfin sur ce dossier ô combien sensible. En attendant, à Brest, le calme est revenu dans le petit immeuble du quartier Saint-Pierre. Mais pour combien de temps ? L’avenir nous le dira.