Imaginez la scène : un homme de 46 ans, enfermé depuis près de trois ans dans une cellule du centre pénitentiaire de Béziers, attend son procès pour des faits d’une extrême gravité. Quatre viols en réunion, des agressions sexuelles sur des proches. Vingt ans de réclusion criminelle planent au-dessus de sa tête. Et pourtant, même privé de liberté, il trouve le moyen de poursuivre ses pulsions.
Un téléphone clandestin au cœur de la cellule
En décembre 2025, le tribunal correctionnel de Béziers examine une nouvelle affaire le concernant. Cette fois, il ne s’agit plus seulement des faits qui l’ont conduit devant la cour criminelle en janvier 2026. L’homme est poursuivi pour corruption de mineur de moins de 15 ans par moyen de communication électronique et pour recel de téléphone portable en détention.
Comment un détenu en attente de jugement pour des crimes sexuels graves peut-il encore avoir accès à un smartphone ? La question brûle les lèvres de tous ceux qui suivent l’affaire. Car les messages envoyés au jeune garçon ne laissent aucune place au doute.
« Je suis en train de me branler, tu me fais jouir… »
Cette phrase, lue à l’audience par la présidente, n’est que l’une des nombreuses lignes envoyées via une application de messagerie. Le reste du contenu, bien plus long et explicite, a provoqué un silence glacial dans la salle.
Un profil du mis en cause
L’individu, né à Béziers, n’en est visiblement pas à son premier dérapage. Incarcéré depuis février 2022, il doit répondre devant la cour criminelle de Montpellier de quatre viols commis, selon l’accusation, avec la complicité de deux membres de sa propre famille. Les victimes ? Des proches. L’affaire initiale est déjà d’une rare violence.
Malgré cette épée de Damoclès, le quadragénaire n’a apparemment pas renoncé à ses pulsions. Pire : il les a reportées sur un nouvel enfant, contacté au hasard des réseaux sociaux.
L’audition : un accusé qui tourne le dos
Lors de son extraction, jeudi 4 décembre, l’homme est apparu particulièrement mal à l’aise. Menotté, escorté, il a préféré tourner le dos à la salle pendant toute la durée de sa présence dans le box. Un geste qui en dit long sur la honte… ou sur le calcul.
Il a reconnu les faits de recel de téléphone, mais a tenté de minimiser la portée des messages. Selon lui, il ne savait pas que la personne en face était mineure. Un argument qui a du mal à passer quand on connaît le contenu des échanges et l’âge affiché sur le profil de la victime.
Les téléphones en prison : un fléau bien connu
Le trafic de portables en détention n’est malheureusement pas une nouveauté. Chaque année, des milliers d’appareils sont saisis dans les cellules françaises. Mais dans le cas présent, la dangerosité du détenu rend la situation particulièrement alarmante.
Un homme poursuivi pour viols en réunion, placé en détention provisoire justement pour éviter tout risque de réitération, qui continue de harceler sexuellement des enfants depuis sa cellule. La faille est béante.
Les surveillants pénitentiaires le répètent depuis des années : les brouilleurs d’ondes, pourtant installés dans certains établissements, sont facilement contournés. Les drones livrent des colis par-dessus les murs. Les visites restent un vecteur important. Et une fois le téléphone à l’intérieur, il devient presque impossible de contrôler tous les échanges.
La protection des mineurs à l’ère numérique
Cette affaire met également en lumière la vulnérabilité extrême des enfants sur internet. Un simple profil sur un réseau social, une photo, un âge affiché, et les prédateurs savent frapper.
Le garçon victime dans cette affaire a eu le courage de signaler les messages. Mais combien d’autres subissent en silence ? Combien reçoivent des propositions similaires sans oser en parler ?
Les associations de protection de l’enfance alertent régulièrement sur l’explosion des cas de corruption de mineurs en ligne. Les plateformes peinent à modérer les contenus. Les pédocriminels, eux, s’adaptent à de nouvelles techniques.
Quelle peine pour ce nouveau délit ?
Pour la corruption de mineur de moins de 15 ans par moyen électronique, le prévenu encourt jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende. Au recel de téléphone s’ajoutent 1 an de prison et 15 000 € d’amende. Enfin, le refus de communiquer les codes de déverrouillage est puni de 3 ans et 45 000 €.
Des peines qui viendront s’ajouter – ou se confondre – avec la sanction attendue dans l’affaire des viols. Car même si la justice correctionnelle le condamne rapidement, il restera très probablement derrière les barreaux jusqu’à son procès criminel.
Un système pénitentiaire à bout de souffle ?
Cette nouvelle affaire relance le débat sur la surpopulation carcérale, le manque de moyens humains et techniques, et surtout sur la capacité réelle d’empêcher les détenus dangereux de nuire à l’extérieur.
Comment expliquer qu’un homme en attente de jugement pour des crimes sexuels graves puisse continuer à contacter des enfants ? Pourquoi les fouilles ne permettent-elles pas de détecter tous les appareils ? Les questions sont nombreuses, les réponses souvent embarrassées.
Certains syndicats pénitentiaires réclament depuis longtemps des investissements massifs dans les brouilleurs dernière génération, dans la vidéosurveillance intelligente, dans la formation. Mais les budgets peinent à suivre.
Vers une prise de conscience collective
Cette histoire, aussi sordide soit-elle, a au moins le mérite de rappeler une réalité brutale : la pédocriminalité ne s’arrête pas aux portes de la prison. Elle s’adapte, se numérise, se dissimule.
Elle nous oblige, collectivement, à nous interroger sur la protection réelle des enfants à l’ère du tout-numérique, sur l’efficacité de notre système pénitentiaire, et sur notre capacité à empêcher que des prédateurs, même enfermés, continuent de faire des victimes.
Le procès criminel de janvier 2026 sera scruté. Mais d’ici là, un garçon de moins de 15 ans portera le poids de messages qu’il n’aurait jamais dû recevoir. Et la société tout entière devra se demander : comment avons-nous pu laisser faire ?
À retenir :
- Un détenu poursuivi pour quatre viols continue de harceler sexuellement un mineur depuis sa cellule.
- Accès à un téléphone clandestin malgré les contrôles.
- Messages d’une violence sexuelle rare lus à l’audience.
- Nouvelle illustration des failles du contrôle en détention.
L’histoire n’est pas finie. Elle ne le sera sans doute jamais tant que des failles persisteront. Mais chaque affaire, aussi douloureuse soit-elle, doit servir à renforcer la protection des plus vulnérables.









