Le procès des viols de Mazan, qui s’est achevé jeudi dernier, continue de faire parler de lui. Cette fois, c’est le comportement d’un des avocats de la défense qui est pointé du doigt. Me Christophe Bruschi, inscrit au barreau de Lyon, a en effet tenu des propos particulièrement insultants à l’égard de militantes féministes présentes à l’issue du procès. Des paroles qui ne sont pas passées inaperçues et qui pourraient lui valoir des sanctions disciplinaires.
Des insultes inacceptables selon de nombreux élus et militants
Alors que venait d’être prononcé le verdict condamnant les 51 accusés à des peines allant de 3 à 20 ans de prison, Me Bruschi s’en est pris verbalement à un groupe de féministes venues soutenir Gisèle Pelicot, victime principale de cette sordide affaire. «Hystériques», «mal embouchées»… L’avocat n’a pas mâché ses mots. Des attaques gratuites et particulièrement déplacées qui ont immédiatement suscité l’indignation.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses voix se sont élevées pour condamner l’attitude de Me Bruschi. Le député LFI Sébastien Delogu a notamment jugé ces propos «inacceptables» et appelé à des «mesures disciplinaires appropriées». D’autres élus ainsi que de nombreux internautes et associations féministes ont également fait part de leur colère face à ce dérapage verbal.
Le barreau de Lyon ouvre une enquête déontologique
Face à l’ampleur des réactions indignées, le barreau de Lyon a rapidement réagi en annonçant l’ouverture d’une enquête déontologique. Comme l’a rappelé l’ordre professionnel des avocats, «tout avocat est soumis à des règles déontologiques dont le bâtonnier est garant». Les propos de Me Bruschi seront donc examinés de près et pourraient déboucher sur d’éventuelles sanctions disciplinaires si sa faute est avérée.
Il est inacceptable qu’un auxiliaire de justice tienne des propos sexistes et insultants de la sorte, qui plus est dans un tel contexte.
– Une source au sein du barreau de Lyon
L’avocat mis en cause a tenté de justifier ses attaques verbales en les présentant comme une réponse aux critiques de certaines féministes visant son client. Il a nié toute «provocation» tout en fustigeant des militantes qui «font le buzz» et «sont dans la haine». Des arguments qui peinent à convaincre au vu du caractère déplacé et disproportionné de ses propos dans un tel contexte.
Une défense fragilisée par cette polémique
Au-delà des conséquences disciplinaires pour Me Bruschi lui-même, certains observateurs s’interrogent sur l’impact de cette controverse sur la défense de son client et plus largement sur l’image de la profession d’avocat. En tenant des propos misogynes et insultants publiquement, dans un procès aussi médiatisé et symbolique que celui des viols de Mazan, Me Bruschi dessert-il la cause qu’il est censé défendre ?
Même si les faits reprochés aux accusés et la stratégie de défense ne doivent pas être confondus avec l’attitude de cet avocat, difficile en effet de ne pas y voir une forme de mépris envers les victimes et la cause des femmes en général. Un «dérapage» d’autant plus mal venu que les condamnations prononcées dans ce procès ont été saluées comme une importante victoire contre les violences faites aux femmes.
Les avocats face à leurs responsabilités
Si l’enquête déontologique lancée par le barreau de Lyon permettra d’évaluer précisément le niveau de faute de Me Bruschi et les éventuelles sanctions, cette affaire pose la question de la responsabilité des avocats et de leurs prises de parole publiques. Comme tout citoyen, ils ont certes le droit de s’exprimer librement. Mais cette liberté ne peut se faire au détriment du respect dû aux justiciables et à leurs éventuels contradicteurs dans les prétoires.
Les «tricoteuses» et les «hystériques», pour reprendre les mots de Me Bruschi, sont avant tout des femmes engagées dans un combat légitime contre les violences sexistes. En les insultant de la sorte, cet avocat ne jette pas seulement le discrédit sur lui-même, mais porte atteinte à la dignité de sa profession. Une profession dont la parole est scrutée et dont on attend qu’elle incarne une certaine exemplarité, dans le respect de l’État de droit et des valeurs de notre société.
Il appartient donc aux instances ordinales, comme le barreau de Lyon, de rappeler ce devoir d’exemplarité et au besoin de sanctionner les manquements les plus graves. Non pour brider la liberté d’expression des avocats, mais pour préserver la noblesse de leur mission au service de la justice et des justiciables. Une mission incompatible avec les dérapages verbaux et la misogynie dont a fait preuve Me Bruschi en marge de ce procès hors normes.