InternationalPolitique

Propos Controversés des Ministres Néerlandais : Vives Critiques

Le premier ministre néerlandais Dick Schoof, fraîchement investi, se retrouve déjà sous le feu des critiques. En cause : d'anciens propos polémiques de deux de ses ministres sur une théorie complotiste d'extrême-droite. Un début de mandat sous haute tension...

À peine investi, le nouveau premier ministre néerlandais Dick Schoof fait déjà face à une tempête politique. Son gouvernement, formé le 2 juillet par une coalition menée par le dirigeant d’extrême-droite Geert Wilders, est vivement critiqué pour les propos passés de deux ministres sur la théorie complotiste du “grand remplacement”.

Des ministres dans la tourmente

Au cœur de la polémique, Marjolein Faber, ministre de l’Asile et de la Migration, et Reinette Klever, en charge du Commerce extérieur et de l’Aide au développement. Toutes deux membres du Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, elles avaient par le passé évoqué l’“omvolking”, terme néerlandais désignant le supposé remplacement de la population blanche européenne par l’immigration.

Face au tollé, les deux ministres ont pris leurs distances avec ce terme aux origines néo-nazies, tout en maintenant le constat d’une “évolution démographique inquiétante” aux Pays-Bas. Un pays où la nouvelle coalition entend mener la politique migratoire “la plus stricte jamais vue”.

L’opposition monte au créneau

Pour l’opposition, la présence au gouvernement de ministres ayant relayé des thèses “conspirationnistes” et “racistes” est intolérable. Lors d’un débat parlementaire d’une rare âpreté, Dick Schoof, premier ministre sans étiquette, s’est retrouvé bien seul pour défendre son équipe :

Je le répète, ce gouvernement est contre la discrimination, le racisme et l’exclusion.

– Dick Schoof, premier ministre des Pays-Bas

Mais les partenaires de la coalition semblent prêts à aller très loin pour normaliser la pensée extrémiste du PVV, juge le politologue Ruud Koole. Les déclarations passées sur le “grand remplacement” ont été balayées d’un revers de main, le concept ayant été reformulé en simple “phénomène démographique”.

Wilders attaque son propre premier ministre

Ironie de l’histoire, c’est Geert Wilders lui-même, pourtant grand vainqueur des élections, qui a porté l’estocade contre “son” premier ministre. Fustigeant la défense “molle” de Dick Schoof envers les ministres incriminés, il a jugé son intervention “dégoûtante”, tout en se désolidarisant dans le même temps de la théorie du “grand remplacement”.

Une sortie aussitôt qualifiée d’“irresponsable” par Mark Rutte, chef de file des libéraux du VVD et ancien premier ministre. Mais ce coup de théâtre illustre bien les profondes tensions qui agitent la nouvelle coalition néerlandaise. Entre normalisation de la rhétorique extrémiste et dénis permanents, l’équilibre s’annonce périlleux pour Dick Schoof.

La pente glissante du racisme institutionnel

Pour Sarah Bracke, sociologue à l’université d’Amsterdam, le gouvernement néerlandais s’aventure sur “une pente intellectuellement et politiquement intenable” en refusant de nommer le racisme porté par le PVV. Nier la nature extrémiste et raciste des idées au cœur de ce parti et de la coalition ne les fera pas disparaître pour autant, bien au contraire.

La tâche de Dick Schoof s’annonce donc particulièrement ardue. Pris en étau entre les attaques de Geert Wilders et une opposition vent debout, sa marge de manœuvre semble étroite. Selon Ruud Koole, “si Wilders continue de critiquer son premier ministre, cela pourrait conduire à la démission de celui-ci”. Mais le feuilleton politique néerlandais ne fait sans doute que commencer.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.