Imaginez devoir tout quitter du jour au lendemain, votre maison, vos souvenirs, votre pays. Aujourd’hui, plus de 120 millions de personnes vivent cette réalité. Et pourtant, dans un monde où les budgets d’aide internationale fondent comme neige au soleil, une l’espoir persiste.
Un souffle d’espoir à Genève pour les réfugiés
Mardi, à Genève, quelque chose d’important s’est produit. Alors que beaucoup prédisaient une nouvelle année de disette pour l’aide humanitaire, les donateurs ont surpris tout le monde.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé avoir obtenu plus de 1,5 milliard de dollars de promesses de dons pour l’année 2026. Un chiffre qui, à première vue, peut paraître abstrait. Mais lorsqu’on sait que l’organisation a dû supprimer près de 5 000 postes cette année à cause de coupes drastiques, cette nouvelle prend une tout autre dimension.
Des engagements qui dépassent ceux de l’an dernier
Les États présents à la conférence ont promis 1,161 milliard de dollars directement au HCR. C’est légèrement plus que l’an dernier – un record à l’époque. À cela s’ajoute un engagement exceptionnel de 350 millions de dollars venant du secteur privé.
Résultat ? Le total dépasse les 1,5 milliard, couvrant près de 18 % des besoins estimés pour 2026. Filippo Grandi, le Haut-Commissaire, n’a pas caché sa satisfaction :
« Les engagements pris aujourd’hui montrent que le monde n’a pas tourné le dos aux personnes contraintes de fuir et que le soutien aux réfugiés perdure. »
Cette phrase, prononcée dans un communiqué officiel, résonne comme un soulagement dans un contexte particulièrement tendu.
Qui sont les grands donateurs de 2026 ?
Certains pays se distinguent par leur constance et leur générosité. En tête de liste, on retrouve :
- Le Danemark
- L’Allemagne
- Le Japon
- Les Pays-Bas
- La Norvège
Mais la vraie surprise vient de pays habituellement plus discrets. L’Irlande, le Luxembourg et surtout l’Islande ont considérablement augmenté leurs contributions. L’Union européenne a également confirmé un financement important, même si les montants exacts n’ont pas été précisés lors de la conférence.
Le secteur privé, lui, joue un rôle croissant. Les 350 millions promis montrent une nouvelle dynamique : les entreprises et fondations veulent désormais être visibles dans l’aide aux réfugiés.
18 % de couverture : beaucoup ou trop peu ?
Reprenons les chiffres calmement. Le HCR a publié en novembre son appel global pour 2026. Le budget nécessaire ? 8,504 milliards de dollars. Soit environ 20 % de moins que l’an dernier.
Cette baisse ne signifie pas que les besoins ont diminué. Au contraire. Elle reflète une nouvelle stratégie : l’organisation a choisi de se concentrer sur l’essentiel – protection, interventions vitales, soutien aux systèmes des pays d’accueil – plutôt que de maintenir des programmes trop ambitieux mais impossibles à financer.
Au final, les 1,5 milliard promis couvrent donc moins d’un cinquième des besoins. C’est mieux que rien. Mais cela reste insuffisant pour répondre à l’ampleur des crises actuelles : Soudan, Ukraine, Syrie, Afghanistan, Birmanie, Haïti… la liste est longue.
Le problème des fonds trop « affectés »
Un détail technique, mais crucial, a été soulevé lors de la conférence. Le pourcentage de fonds non affectés – c’est-à-dire que le HCR peut utiliser librement là où l’urgence est la plus forte – est tombé à 17 %.
C’est presque deux fois moins qu’en 2023. Or, pour les humanitaires, la flexibilité est vitale. Quand une nouvelle crise éclate (un tremblement de terre, un coup d’État, une famine soudaine), il faut pouvoir réagir en quelques jours, pas attendre des mois de négociations pour débloquer des fonds pré-affectés à tel ou tel pays.
Cette tendance à l’affectation stricte est un vrai casse-tête. Elle reflète aussi une méfiance croissante de certains donateurs qui veulent « voir » où va leur argent. Compréhensible d’un côté. Dangereux pour l’efficacité de l’autre.
Et les États-Unis dans tout ça ?
Longtemps premier donateur du HCR, les États-Unis brillent aujourd’hui par leur absence dans le communiqué. Les raisons ? Probablement liées aux incertitudes budgétaires internes et au changement d’administration en janvier 2025.
Cette absence pèse lourd. Car quand le plus gros contributeur historique se retire ou réduit drastiquement, tout l’édifice vacille. Les autres pays et le secteur privé tentent de compenser, mais la marge est mince.
Pourquoi cette mobilisation reste encourageante
Parce qu’elle existe. Tout simplement.
Dans un monde où les discours anti-migrants gagnent du terrain, où certains gouvernements ferment leurs portes et leurs portefeuilles, voir des États et des entreprises maintenir – voire augmenter – leur soutien est un signal fort.
Cela montre que la solidarité internationale n’est pas morte. Elle est fragilisée, sous pression, parfois hypocrite, mais elle existe encore. Et tant qu’elle existe, il y a de l’espoir pour ces familles qui dorment sous des tentes, ces enfants qui n’ont plus d’école, ces parents qui ne savent pas s’ils pourront nourrir leurs petits demain.
Ce que l’avenir nous réserve
Le HCR attend encore des annonces dans les prochains mois. Certains pays, à cause de leurs règles budgétaires, ne peuvent pas s’engager aussi tôt. Il est donc possible que le montant total grimpe encore.
Mais même dans le meilleur des cas, on restera très loin des 8,5 milliards nécessaires. Cela signifie des choix déchirants : quels camps garder ouverts ? Quels programmes d’éducation sacrifier ? Quelles distributions de nourriture réduire ?
La réponse ne viendra pas seulement des gouvernements. Elle passera aussi par nous. Par la société civile, les entreprises, les fondations, les citoyens ordinaires qui donnent 5, 10 ou 50 euros. Chaque geste compte.
Parce qu’au bout du compte, derrière ces milliards et ces pourcentages, il y a des visages. Des histoires. Des vies qui méritent d’être protégées.
Et tant que des hommes et des femmes, quelque part dans le monde, continueront de tendre la main à ceux qui ont tout perdu, l’humanité ne sera pas complètement perdue.









