C’est un projet qui divise dans le Var. Depuis 8 ans, le groupe Suez ambitionne d’implanter une vaste décharge pour les déchets du BTP sur le site d’une ancienne mine dans le massif du Tanneron, à proximité immédiate du splendide lac de Saint-Cassien. Un projet XXL qui suscite une forte opposition locale, malgré l’insistance de la multinationale à le présenter comme « indispensable » et « d’intérêt public ».
Une décharge géante source d’inquiétudes
Le site retenu est celui de la mine de bauxite de Fontsante, à l’arrêt depuis 1987, niché dans un écrin de verdure à seulement quelques centaines de mètres des rives du lac de Saint-Cassien, un joyau naturel très prisé pour les loisirs. Le projet, destiné à enfouir des millions de tonnes de gravats et de déchets inertes du BTP en provenance du Var et des Alpes-Maritimes, prévoit une emprise au sol colossale de plusieurs dizaines d’hectares.
Autant dire une perspective qui fait frémir les opposants, réunis en un collectif d’une dizaine d’associations locales. Pour eux, les risques sont multiples :
- Pollution de la nappe phréatique et du lac, ce dernier fournissant de l’eau potable à toute la région
- Nuisances olfactives, sonores et visuelles majeures
- Dégradation d’un site naturel remarquable
- Risque d’effondrement et de glissement de terrain
- Atteinte à la biodiversité
- Impact dévastateur sur le tourisme et l’économie locale
Comment peut-on nous faire courir un tel risque, pour les générations actuelles et futures ? Ce projet est une aberration !
Martine, riveraine et membre du collectif
Mobilisation tous azimuts
Face à cette menace, la résistance s’organise. Pétitions, manifestations, recours en justice, interpellation des pouvoirs publics : tous les moyens sont bons pour tenter de faire barrage à ce projet controversé. Une mobilisation qui semble porter ses fruits puisque la plupart des élus locaux, jusqu’au président de région, ont fini par afficher leur opposition.
Mais Suez ne désarme pas. Malgré plusieurs refus, le groupe a déposé une nouvelle demande d’autorisation fin 2022, avec pour objectif un démarrage des travaux en 2027. Selon Suez, les inquiétudes sont infondées et le projet, vital pour gérer les déchets de la région, serait exemplaire en termes d’intégration environnementale.
Un bras de fer intense en perspective
Deux visions diamétralement opposées qui laissent présager d’un bras de fer acharné dans les mois à venir. Certains militants les plus déterminés n’hésitent pas à brandir la menace d’une ZAD sur le site si le projet devait être autorisé. Le feuilleton de la décharge du Tanneron est donc loin d’être terminé.
Un dossier brûlant qui illustre la difficulté de concilier la nécessaire gestion des déchets avec la préservation de l’environnement et du cadre de vie. Et pose la question fondamentale de notre modèle de développement et de consommation, grand pourvoyeur de déchets en tous genres. La contestation du projet de Suez apparaît à cet égard comme le symbole d’une aspiration croissante des populations à un avenir plus soutenable.