Dans le département de la Vienne, une tempête souffle autour d’un projet éolien qui divise. Aux premiers rangs de la fronde, Murielle Phelippon, maire de Magné, et Isabelle Boetsch, adjointe à Gençay, ont décidé de monter au créneau pour défendre leur patrimoine. En ligne de mire : quatre mâts de 180 mètres de haut qui doivent prendre place à proximité de deux châteaux, dont l’un est classé monument historique. Un “massacre visuel” pour les élues locales.
Pourtant, rien ne laissait présager un tel scénario il y a encore quelques mois. En 2021, l’ancienne préfète de la Vienne, Chantal Castelnot, avait en effet mis son veto au projet, se rangeant ainsi du côté des élus et des habitants, farouchement opposés aux éoliennes. Mais coup de théâtre en 2024 : le nouveau préfet, Jean-Marie Girier, vient de donner son feu vert, provoquant l’ire des anti-éoliens.
Des élues déterminées à se faire entendre
Face à ce revirement, Murielle Phelippon et Isabelle Boetsch ont décidé de passer à l’action. Ce mercredi, elles grimperont ainsi dans une nacelle pour réaliser, à 25 mètres du sol, des clichés simulant l’impact visuel des futures éoliennes. Une initiative spectaculaire destinée à alerter l’opinion sur les conséquences de ce projet pour le paysage et le cadre de vie des habitants.
Interrogée par une source proche du dossier, Murielle Phelippon ne décolère pas : “Nous nous battons depuis des années contre ce projet aberrant. Les éoliennes vont totalement dénaturer nos paysages et porter atteinte à notre patrimoine historique. C’est inacceptable !” Son adjointe Isabelle Boetsch abonde : “Nous ne lâcherons rien. Il en va de la préservation de notre cadre de vie et de la valorisation de nos richesses touristiques.”
Du côté des partisans de l’éolien, on met en avant la nécessité de développer les énergies renouvelables pour lutter contre le réchauffement climatique. Un argument balayé par les anti-éoliens, qui dénoncent un “diktat” des promoteurs et un “saccage” des campagnes françaises.
Le préfet sous le feu des critiques
Le revirement du préfet Jean-Marie Girier suscite en tout cas une vive polémique. Certains y voient un reniement de la parole de l’État, quand d’autres s’interrogent sur les raisons de ce changement de cap. Une chose est sûre : le dossier est explosif et promet encore de nombreux rebondissements.
Pour les maires de Magné et Gençay, pas question en tout cas de baisser les bras. Bien décidées à défendre leur territoire jusqu’au bout, elles comptent multiplier les actions pour faire plier le préfet et les promoteurs. Une détermination à toute épreuve pour ces élues locales en première ligne face au défi éolien.
Face à cette levée de boucliers, le préfet Jean-Marie Girier devra faire preuve de pédagogie et de persuasion pour justifier sa décision et apaiser les tensions. Un véritable casse-tête en perspective, tant le sujet divise et cristallise les passions. L’éolien, énergie d’avenir ou menace pour nos paysages ? Le débat est loin d’être clos, et le cas de la Vienne en est le parfait exemple.
Dans ce bras de fer entre pro et anti-éoliens, l’avenir des châteaux de Magné et Gençay sera scruté avec attention. Leur destin sera-t-il sacrifié sur l’autel des énergies vertes ou préservé au nom de la défense du patrimoine ? Les prochains mois seront décisifs et pourraient faire jurisprudence dans un débat qui enflamme l’Hexagone.
Une chose est sûre : l’épopée des deux élues de la Vienne force le respect et témoigne de l’engagement des territoires pour préserver leurs richesses face aux grands projets d’infrastructure. Un combat de David contre Goliath qui nous rappelle que l’écologie et le patrimoine sont l’affaire de tous, et surtout des élus locaux, garants de la qualité de vie de leurs administrés.