En Iran, le débat sur le port du voile obligatoire fait de nouveau des remous. Selon les médias locaux, le Parlement iranien a officiellement réclamé mercredi des modifications à un projet de loi très controversé visant à renforcer drastiquement les sanctions à l’encontre des femmes qui ne portent pas le hijab, le voile islamique obligatoire dans le pays depuis la révolution de 1979.
D’après une source proche du dossier, le vice-président iranien chargé des affaires parlementaires, Shahram Dabiri, a déclaré : « Nous avons demandé que la loi sur la chasteté et le hijab ne soit pas renvoyée au gouvernement » en l’état. Le président du Parlement a quant à lui requis un amendement du texte, sans préciser la nature exacte des changements souhaités.
Un projet de loi qui divise l’Iran
Si le contenu détaillé de cette nouvelle loi n’a pas été rendu public officiellement, les grandes lignes rapportées par la presse ont suffi à faire polémique. Le texte prévoirait des peines allant jusqu’à 10 ans de prison et des amendes équivalentes à 6000 dollars pour les personnes accusées d’encourager « la nudité » ou « l’indécence ». Les contrevenantes auraient seulement 10 jours pour s’acquitter des pénalités, sous peine de faire l’objet d’une interdiction de sortie du territoire et d’être privées de certains services publics comme l’obtention d’un permis de conduire.
Mais le point le plus controversé concerne l’utilisation de l’intelligence artificielle pour identifier, via des caméras, les femmes ne portant pas le voile dans les lieux publics. Un recours à la technologie qui passe mal auprès d’une partie de la population.
Des doutes émis jusqu’au sommet de l’État
Début décembre déjà, le président du Parlement iranien Massoud Pezeshkian avait publiquement émis des réserves sur la pertinence de légiférer davantage sur le port du voile. Des doutes partagés bien au-delà des bancs de l’hémicycle, puisque ce projet de loi de 74 articles divise aussi bien les milieux politiques et religieux que la société civile iranienne dans son ensemble.
L’ombre des manifestations de 2022
Il faut dire que le sujet est plus que jamais sensible en Iran depuis la mort en septembre dernier de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée par la police des mœurs pour un supposé port incorrect du hijab. Son décès avait déclenché une vague de contestation d’une ampleur inédite, qui s’est étendue bien au-delà de la question du voile pour remettre en cause les fondements-mêmes de la République islamique.
Dans ce contexte, de plus en plus de femmes osent désormais sortir tête nue dans l’espace public, en signe de défiance vis-à-vis du régime. Un acte courageux, le code vestimentaire restant une obligation constitutionnelle en Iran à ce jour. Le gouvernement a désormais la possibilité de demander au Parlement de revoir sa copie, avant une éventuelle promulgation de cette loi controversée. L’issue de ce bras de fer politique autour du voile sera scrutée de près, en Iran comme à l’international.