Imaginez un tuyau titanesque s’étendant sur plus de 1.300 kilomètres à travers les étendues gelées de l’Alaska, transportant des millions de mètres cubes de gaz vers un port où des navires attendent pour conquérir l’Asie. Ce rêve, caressé depuis des décennies, revient sur le devant de la scène avec une promesse : celle d’un président américain bien décidé à faire de ce projet une réalité. Mais derrière les discours enflammés, que sait-on vraiment de ce gazoduc qui fait saliver le Japon, la Corée du Sud et d’autres ? Plongeons dans cette saga énergétique qui mêle ambition, défis économiques et enjeux géopolitiques.
Un Projet Pharaonique Ressuscité
Quand le président américain a pris la parole devant le Congrès en ce début 2025, il n’a pas mâché ses mots : un gazoduc « immense », parmi les plus grands au monde, est en marche. Ce n’est pas une idée sortie de nulle part. Les racines de ce projet remontent à une époque où les États-Unis découvraient des trésors enfouis sous la glace de l’Alaska. Aujourd’hui, il s’agit de relier le nord de cet État sauvage à son sud, avec un objectif clair : transformer le gaz en or liquide pour l’Asie.
Une Vision Signée Trump
Le locataire de la Maison Blanche n’a pas perdu de temps. Dès son retour au pouvoir, il a décrété une « urgence énergétique », un signal fort pour booster la production d’hydrocarbures. Dans son discours, il a vanté un projet prêt à décoller : permis en poche, partenaires asiatiques en ligne de mire. Mais ce n’est pas tout. Il a aussi signé un décret pour lever les restrictions sur les forages maritimes, une décision qui fait écho à sa passion pour les énergies fossiles.
« Ce sera vraiment spectaculaire. Tout est prêt. »
– Le président américain lors de son discours au Congrès
Cette assurance contraste avec l’histoire chaotique du projet. Car si l’idée brille sous les projecteurs aujourd’hui, elle a déjà connu des hauts et des bas dignes d’un feuilleton.
Une Histoire Pleine de Rebondissements
Tout commence en 1967, avec la découverte de vastes réserves de gaz et de pétrole dans la baie de Prudhoe, au nord de l’Alaska. À l’époque, l’idée d’un gazoduc germe rapidement. Dans les années 1970, un premier projet voit le jour, mais il s’effondre face à des coûts prohibitifs. Quelques décennies plus tard, au début des années 2000, une nouvelle tentative émerge, portée par des géants pétroliers et même un intérêt russe. Pourtant, là encore, l’économie a eu le dernier mot : trop cher, pas rentable.
Le projet actuel, baptisé Alaska LNG, n’est donc pas une nouveauté. Ce qui change, c’est le contexte : une volonté politique affirmée et un marché asiatique affamé de gaz naturel. Mais à 44 milliards de dollars, le pari reste risqué.
Un Colosse de 1.300 Kilomètres
Visualisez un tuyau de 807 miles – soit près de 1.300 kilomètres – presque entièrement enterré sous les terres gelées de l’Alaska. Son trajet ? Du nord, riche en gaz, jusqu’à Nikiski, un port proche d’Anchorage. Là, une usine transformerait ce gaz en GNL (gaz naturel liquéfié), prêt à embarquer sur des méthaniers direction l’Asie. Chaque jour, ce monstre pourrait acheminer environ 100 millions de mètres cubes de gaz.
- Point de départ : Baie de Prudhoe et Point Thomson.
- Destination : Terminal de Nikiski.
- Distance : 1.299 km de pure ambition.
- Capacité : 100 millions de m³ par jour.
Sept à neuf jours de navigation suffiraient pour atteindre les côtes asiatiques. Une prouesse logistique, mais aussi un défi technique colossal dans un environnement aussi hostile.
L’Asie, Cible Prioritaire
Pourquoi l’Asie ? Parce que le continent est en quête d’énergie. Le Japon, la Corée du Sud, les Philippines et Taïwan lorgnent sur ce gaz américain. Lors d’une rencontre à Washington début février 2025, le président américain a assuré que le Japon s’était engagé à des achats massifs. La Corée du Sud, elle, reste prudente : des discussions sont en cours, mais rien de signé, selon une source proche du ministère du Commerce.
Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large : rééquilibrer la balance commerciale américaine. Mais derrière les promesses, les experts s’interrogent : le marché suivra-t-il vraiment ?
Un Coût qui Donne le Vertige
Parlons chiffres : 44 milliards de dollars, soit environ 41 milliards d’euros. Un montant astronomique qui fait de Alaska LNG l’un des projets énergétiques les plus coûteux jamais envisagés. Porté par une entreprise américaine, il ne verrait pas le jour avant 2030, dans le meilleur des cas. Mais dans un monde où les énergies renouvelables gagnent du terrain, ce pari sur les fossiles est-il encore pertinent ?
Élément | Détail |
Coût estimé | 44 milliards $ |
Longueur | 1.299 km |
Délai | Opérationnel en 2030 |
Les précédents échecs pèsent lourd. Dans les années 2000, des géants comme BP ou ExxonMobil avaient jeté l’éponge. Aujourd’hui, les conditions ont-elles vraiment changé ?
Entre Ambition et Réalité
Ce gazoduc, c’est un symbole. Celui d’une Amérique qui veut rester un titan énergétique. Mais c’est aussi un pari risqué dans un monde en transition. Les permis sont là, les discours aussi. Reste à savoir si les investisseurs suivront et si l’Asie tiendra ses promesses. D’ici 2030, bien des choses peuvent changer : politiques, climats, marchés. Alors, rêve ou mirage ? L’avenir nous le dira.
En attendant, ce projet fascine autant qu’il interroge. Une chose est sûre : il ne laisse personne indifférent. Et vous, qu’en pensez-vous ?