Un vent de tourmente souffle sur le Brésil. Selon des sources proches de l’enquête, le parquet s’apprêterait à trancher sur une potentielle inculpation de l’ex-président Jair Bolsonaro dans une affaire explosive de projet de « Coup d’État » visant à empêcher le retour au pouvoir de son rival Lula en 2022.
Bolsonaro dans le viseur de la justice
C’est un dossier brûlant qui atterrit sur le bureau du procureur général brésilien Paulo Gonet. Un juge de la Cour suprême lui a en effet transmis mardi le volumineux rapport d’enquête de la Police fédérale, qui recommande ni plus ni moins que l’inculpation de Jair Bolsonaro et de 36 autres personnes, pour la plupart des militaires, pour « abolition violente de l’État démocratique de droit, coup d’État et organisation criminelle ».
Des charges particulièrement lourdes qui font suite à près de deux ans d’investigations. Selon les enquêteurs, une véritable « organisation criminelle » aurait œuvré en coulisses en 2022 pour tenter de maintenir coûte que coûte le président d’extrême droite au pouvoir, alors que les sondages le donnaient perdant face à son adversaire de gauche Lula.
Un projet de « Coup d’État » qui ne dit pas son nom ?
Si Jair Bolsonaro a toujours nié en bloc ces accusations, criant à la « persécution » politique, les éléments rassemblés par la police semblent accablants. Outre un mystérieux projet de décret qui visait à convoquer de nouvelles élections et à faire arrêter un juge de la Cour suprême, les enquêteurs ont mis au jour un plan d’assassinats visant non seulement le président élu Lula, mais aussi son vice-président et ce même magistrat honni des bolsonaristes.
Baptisée « Opération poignard vert et jaune » en référence aux couleurs du drapeau brésilien, ce sinistre dessein aurait mobilisé des proches de l’ex-chef de l’État, dont plusieurs hauts gradés. L’empoisonnement aurait même été envisagé. De quoi faire froid dans le dos et rappeler les heures les plus sombres de l’histoire brésilienne.
Vers une nouvelle tourmente politique au Brésil ?
Reste à savoir quelles suites la justice donnera à ce dossier explosif. Le procureur général Paulo Gonet, qui a désormais la main, devra décider d’éventuelles poursuites contre Bolsonaro et ses affidés. Une décision lourde de conséquences alors que l’ancien président, déjà déclaré inéligible jusqu’en 2030 pour ses attaques infondées contre la fiabilité des urnes électroniques, doit déjà faire face à de multiples démêlés judiciaires.
Nul doute que la bataille judiciaire qui s’annonce sera âpre. Car au-delà du sort personnel de Jair Bolsonaro, c’est l’avenir de la démocratie brésilienne qui se joue. Après des années de bolsonarisme et de polarisation extrême, le géant sud-américain parviendra-t-il à tourner la page et à restaurer la confiance dans ses institutions ? L’inculpation de l’ex-président pour tentative de « Coup d’État » constituerait à cet égard un signal fort. Mais elle risque aussi de galvaniser ses partisans les plus radicaux et de raviver les tensions.
Lula face à un immense défi
Dans ce contexte inflammable, le président Lula, revenu au pouvoir en janvier dernier pour un troisième mandat, va devoir jouer serré. Lui qui avait promis de « reconstruire le Brésil » et de « réconcilier » le pays se retrouve déjà confronté à une épreuve de force qui conditionnera en large partie la suite de son quinquennat. Saura-t-il apaiser les esprits et engager les réformes indispensables pour réduire les fractures ? Sa légitimité et son autorité sont en jeu.
Une chose est sûre : tous les regards vont désormais se tourner vers le procureur général Paulo Gonet. En décidant de poursuivre ou non Jair Bolsonaro pour ce projet présumé de « Coup d’État », il pourrait sceller le destin de l’ex-président. Mais aussi influencer durablement le cours de la vie politique brésilienne, à l’heure où la démocratie semble plus fragile que jamais. Le Brésil retient son souffle.
