Imaginez un monde où près de 10% de l’électricité proviendrait du nucléaire. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ce scénario pourrait devenir réalité dès 2025. Dans un récent rapport, l’AIE prévoit en effet que la production d’électricité d’origine nucléaire atteindra un niveau record à cette date, portée par une demande croissante liée à l’électrification des usages et à l’essor de l’intelligence artificielle.
La Chine, moteur de la croissance nucléaire mondiale
Si le nucléaire connaît un tel regain, c’est en grande partie grâce à la Chine. Le pays asiatique est en effet à l’origine de près de la moitié des réacteurs en construction dans le monde depuis 2017. Une dynamique qui contraste avec la situation dans d’autres pays comme les États-Unis ou la France, où les coûts élevés freinent le développement de nouvelles centrales.
Un défi majeur : la concentration de l’approvisionnement
Mais si le nucléaire a le vent en poupe, il doit aussi faire face à des défis de taille. Parmi eux, la question de l’approvisionnement en combustible et en technologies. Aujourd’hui, plus de 99% des capacités d’enrichissement sont détenues par seulement quatre entreprises dans le monde. Une situation qui expose la filière à des risques géopolitiques et économiques.
Nous entrons dans une nouvelle ère pour l’énergie nucléaire. Cette année, 2025, la production d’électricité d’origine nucléaire sera la plus élevée de l’histoire.
Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE
L’innovation au service de la transition énergétique
Pour surmonter ces obstacles, l’industrie nucléaire mise sur l’innovation. L’émergence des petits réacteurs modulaires (SMR) ouvre notamment de nouvelles perspectives en termes de flexibilité et d’applications. Ces mini-centrales pourraient ainsi permettre d’électrifier des sites industriels isolés ou de produire de la chaleur décarbonée.
Au-delà de ces avancées technologiques, le nucléaire a aussi un rôle clé à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Depuis 1971, il a permis d’éviter l’émission de 72 gigatonnes de CO2 en se substituant aux énergies fossiles. Un atout environnemental non négligeable à l’heure où la neutralité carbone est devenue un objectif mondial.
Vers un mix énergétique décarboné et diversifié
Malgré ces bénéfices, le nucléaire ne pourra pas à lui seul répondre à tous les besoins énergétiques de demain. Son développement devra s’inscrire dans une approche globale et complémentaire, aux côtés des énergies renouvelables et des actions d’efficacité énergétique. C’est à cette condition que nous pourrons bâtir un système électrique à la fois décarboné, résilient et abordable.
La prévision record de l’AIE pour 2025 est donc à la fois encourageante et révélatrice des transformations à l’œuvre dans le secteur de l’énergie. Elle confirme le regain d’intérêt pour le nucléaire civil, tout en soulignant les défis qui restent à relever pour en faire un pilier durable de la transition bas-carbone. Une équation complexe qui appellera une coopération renforcée entre États, industriels et citoyens dans les années à venir.