Alors que le conflit entre Israël et les groupes armés palestiniens à Gaza entre dans son 16e mois, une lueur d’espoir semble poindre à l’horizon. Selon plusieurs responsables israéliens et internationaux, les négociations pour parvenir à un accord de cessez-le-feu seraient en bonne voie, avec des « progrès significatifs » enregistrés ces derniers jours.
Un cessez-le-feu qui s’accompagnerait de la libération des soldats et civils israéliens détenus par le Hamas, un dossier ultra-sensible en Israël. « Nous travaillons dur pour obtenir le retour de nos otages. C’est une priorité absolue », a souligné le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar lors d’un point presse.
Le Qatar, médiateur clé dans les négociations
Petit émirat du Golfe, le Qatar joue un rôle central de médiateur dans ces pourparlers de paix. Doha entretient en effet de bonnes relations à la fois avec Israël et le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par l’État hébreu. D’après une source diplomatique, des « discussions techniques » se poursuivent au Qatar pour finaliser les détails d’un accord.
Le contenu précis des négociations reste secret, mais il inclurait des mesures pour alléger le blocus imposé par Israël sur Gaza depuis 2007, en échange d’un engagement du Hamas à cesser les tirs de roquettes et à libérer les otages israéliens. Un émissaire américain participerait aussi activement aux discussions.
Une trêve encore fragile
Malgré ces développements encourageants, la situation sur le terrain reste très précaire. Ces derniers jours, l’armée israélienne a encore perdu 5 soldats dans des combats au nord de Gaza, portant le bilan à 408 militaires tués depuis le début de son offensive en octobre 2023.
Côté palestinien, au moins 19 personnes sont mortes dans la bande de Gaza ces dernières 24 heures, ce qui porte le total des victimes palestiniennes à plus de 46.000 morts et 100.000 blessés en 15 mois de guerre, un bilan effroyable.
« Chaque jour apporte son lot de morts et de destructions. Les gens brûlent leurs détritus pour cuire le peu de nourriture qu’ils ont. C’est l’enfer à Gaza, surtout avec l’hiver qui arrive »
– Un habitant de Gaza joint par téléphone
Divisions politiques en Israël
En Israël même, l’éventualité d’un accord suscite de vives controverses. Si la plupart des Israéliens aspirent à la paix, certains comme le ministre des Finances Bezalel Smotrich (extrême-droite) s’opposent à toute concession.
« Nous ne participerons pas à un accord de reddition qui inclurait la libération d’hyper-terroristes, l’arrêt de la guerre, et la perte de ce qui a été acquis au prix de beaucoup de sang versé »
– Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances, sur X (ex-Twitter)
À l’inverse, des ONG pacifistes et des soldats ayant perdu des proches appellent le gouvernement à saisir cette « opportunité historique » de mettre fin au cycle de violences. La route vers un accord s’annonce donc encore semée d’embûches, tant les positions sont tranchées de part et d’autre.
Retrait israélien au Liban, quel impact pour Gaza ?
Pendant ce temps, conformément à un plan négocié sous égide internationale, Israël a entamé son retrait du sud du Liban, où il combattait le Hezbollah depuis juin 2023. L’armée libanaise et les Casques bleus de l’ONU doivent prendre le contrôle de la zone après un retrait complet d’Israël prévu pour le 26 janvier 2025.
Certains y voient un modèle pour Gaza : retrait israélien en échange de garanties sécuritaires et d’un contrôle de l’Autorité palestinienne, appuyée par une force internationale. Mais la comparaison a ses limites, tant la situation à Gaza paraît inextricable après tant de mois de guerre et de souffrances.
La communauté internationale mobilisée
Face à l’ampleur de la crise humanitaire, la communauté internationale tente de se mobiliser. Ce mercredi, la Norvège accueillera une réunion d’une alliance internationale pour promouvoir une solution à deux États, israélien et palestinien. Un vœu pieux pour beaucoup, alors que sur le terrain, la logique de guerre l’emporte encore.
Les jours et semaines à venir seront donc cruciaux pour savoir si la « fenêtre d’opportunité » évoquée par la diplomatie internationale peut déboucher sur un véritable processus de paix, ou si Gaza et Israël sont condamnés à poursuivre leur descente aux enfers. Un cessez-le-feu, même fragile, représenterait en tout cas un immense espoir pour les millions de civils pris en étau dans ce conflit qui n’en finit pas.