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Procès Secret au Venezuela : 30 Ans pour le Gendre d’Edmundo González

Une condamnation à 30 ans de prison prononcée en secret : la fille d’Edmundo González Urrutia révèle l’effroyable sort réservé à son mari, arrêté sous les yeux de leurs enfants. Depuis janvier, plus aucun contact… Que cache vraiment ce procès clandestin au Venezuela ?

Imaginez que votre conjoint disparaisse un soir, arraché devant vos enfants par des agents en civil. Depuis presque un an, plus un signe de vie, plus une visite, plus même la certitude qu’il est encore en vie. Et puis, un jour, des rumeurs sur les réseaux sociaux : il aurait été condamné à trente ans de prison… lors d’un procès dont personne n’a jamais entendu parler. C’est la réalité que vit aujourd’hui la famille de Rafael Tudares Bracho, gendre de l’opposant Edmundo González Urrutia.

Un procès fantôme qui soulève l’indignation

C’est par un communiqué poignant que Mariana González de Tudares, fille d’Edmundo González Urrutia et épouse de Rafael Tudares Bracho, a brisé le silence mardi. Elle parle d’un procès clandestin, mené dans l’ombre la plus totale, sans avocat, sans famille, sans la moindre transparence.

« Mon avocat et moi allons à nouveau exiger des informations sur l’état du procès qui a été mené clandestinement contre mon époux », écrit-elle. Des informations non officielles circulant sur les réseaux sociaux évoquent déjà une condamnation à la peine maximale de 30 ans de prison. Une sentence d’une extrême sévérité, prononcée sans que la défense ait pu consulter le moindre dossier.

« En tout état de cause, le processus judiciaire et le procès pénal ont violé de manière flagrante ses droits humains »

Mariana González de Tudares

Une disparition sous les yeux des enfants

Le cauchemar a commencé le 7 janvier dernier. Rafael Tudares Bracho a été enlevé en pleine rue par des agents de sécurité de l’État, devant ses deux jeunes enfants. Depuis ce jour, sa femme n’a plus eu aucune communication, ni directe ni indirecte, avec lui.

Ce n’est pas la première fois que le régime vénézuélien utilise l’enlèvement comme outil de terreur. Mais frapper la famille directe du principal opposant reconnu par une large partie de la communauté internationale franchit un nouveau palier dans la persécution.

La famille insiste : Rafael Tudares Bracho ne faisait pas de politique. Il n’était ni militant, ni dirigeant, ni même porte-parole. Son seul « crime » ? Être le mari de la fille d’Edmundo González Urrutia, celui que l’opposition présente comme le véritable vainqueur de l’élection présidentielle de juillet 2024.

Un timing qui ne doit rien au hasard

L’arrestation est intervenue quelques jours seulement avant la prestation de serment de Nicolás Maduro, proclamé vainqueur par le Conseil national électoral malgré l’absence de publication des résultats détaillés. Une cérémonie contestée par des dizaines de pays qui reconnaissent Edmundo González Urrutia comme président élu.

Ce timing n’a rien d’anodin. Il s’inscrit dans une stratégie plus large d’intimidation des proches des figures de l’opposition, afin de faire taire toute voix dissidente à l’approche d’une investiture illégitime aux yeux de millions de Vénézuéliens.

Chronologie des faits marquants :

  • 28 juillet 2024 : Élection présidentielle contestée
  • Juillet-décembre 2024 : Répression massive, centaines d’arrestations
  • 7 janvier 2025 : Enlèvement de Rafael Tudares Bracho devant ses enfants
  • Décembre 2025 : Rumeurs de condamnation à 30 ans lors d’un procès secret

Près de 900 prisonniers politiques recensés

Le cas de Rafael Tudares Bracho n’est malheureusement pas isolé. Selon l’ONG Foro Penal, qui assure la défense de la majorité de ces détenus, le Venezuela compte actuellement près de 900 prisonniers pour motifs politiques. Un chiffre qui ne cesse de grimper depuis l’élection contestée de 2024.

Ces prisonniers sont souvent jugés lors de procédures expéditives, parfois sans même la présence d’un avocat. Nombre d’entre eux sont soumis à la torture ou à des conditions de détention inhumaines. Le silence des autorités face aux demandes des familles est devenu la règle.

L’exil forcé d’Edmundo González Urrutia

Edmundo González Urrutia, aujourd’hui réfugié en Espagne, a dû quitter le pays sous la menace directe du régime. L’opposition continue d’affirmer qu’il a remporté l’élection avec plus de 67 % des voix, preuves à l’appui sous forme de procès-verbaux publiés en ligne.

Le pouvoir, lui, maintient qu’une attaque informatique a empêché la publication des résultats détaillés. Une version que contredisent les milliers de documents rassemblés par l’opposition et validés par des observateurs indépendants.

« Je continuerai à me battre pour la vie, la liberté, l’intégrité personnelle et les droits de mon époux qui est absolument innocent des faits et des accusations qui lui sont injustement attribués »

Mariana González de Tudares

Un avocat dans le flou total

Maître José Vicente Haro, avocat de la famille, a confié ne disposer d’aucune information officielle sur cette supposée condamnation. Contactées, les autorités vénézuéliennes sont restées muettes. Un silence assourdissant qui en dit long sur la nature de ce procès.

Ce manque de transparence viole ouvertement les principes les plus élémentaires du droit : présomption d’innocence, droit à la défense, publicité des débats. Des standards internationaux que le Venezuela s’était pourtant engagé à respecter.

La persécution des familles : une nouvelle arme de répression

En s’attaquant aux conjoints, aux enfants, aux parents des opposants, le régime franchit une ligne rouge supplémentaire. Cette stratégie vise à briser moralement ceux qui osent encore contester le pouvoir. Faire payer les familles devient un moyen de dissuasion terrifiant.

Mais loin de faire taire les voix, cette répression semble renforcer la détermination de beaucoup. Le cri de Mariana González de Tudares résonne comme un appel à la solidarité internationale face à l’arbitraire.

Au moment où ces lignes sont écrites, aucune confirmation officielle de la condamnation n’a été communiquée. Mais le simple fait que de telles rumeurs puissent circuler sans démenti immédiat en dit long sur l’état de l’État de droit au Venezuela.

L’histoire de Rafael Tudares Bracho et de sa famille n’est pas qu’un drame personnel. C’est le reflet d’une dérive autoritaire qui touche des centaines de familles vénézuéliennes. Et tant que la communauté internationale ne réagira pas avec fermeté, d’autres enlèvements, d’autres procès secrets, d’autres vies brisées risquent de se multiplier dans l’indifférence.

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