C’est un procès criminel d’une ampleur exceptionnelle qui s’est ouvert devant la cour criminelle d’Avignon. Au cœur de cette affaire retentissante : les viols en série subis par Gisèle Pelicot, 71 ans, droguée pendant près de 10 ans par son propre mari qui la livrait à des dizaines d’hommes. Pas moins de 51 accusés comparaissent, dont l’époux, Dominique Pelicot, présenté comme le “chef d’orchestre” de ce dossier sordide. Place désormais au réquisitoire du parquet, très attendu.
Une affaire symbole des violences faites aux femmes
Au-delà de son caractère hors norme, ce procès est devenu le symbole de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes subies par les femmes. Suivi par 138 médias du monde entier, il suscite une attention bien au-delà des frontières françaises. La présidente de la chambre des députés chilienne a salué “le courage et la dignité” de Gisèle Pelicot, “citoyenne ordinaire qui a donné une leçon au monde entier”.
Les enjeux du réquisitoire
Au cœur des débats : la question du discernement des 49 hommes ayant abusé de la victime. Pouvaient-ils ignorer qu’elle était droguée, comme beaucoup l’affirment ? Ou leur responsabilité est-elle pleinement engagée ? C’est tout l’enjeu du réquisitoire qui doit s’étaler sur trois jours. Selon des informations recueillies par l’AFP, le parquet devrait consacrer environ 15 minutes à chaque accusé.
Les peines encourues
Poursuivis majoritairement pour viols aggravés, les accusés risquent jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. Pour Dominique Pelicot et son principal complice qui répliquait le même mode opératoire sur sa propre femme, la peine maximale semble acquise. Les réquisitions pourraient en revanche être plus nuancées pour les autres, en fonction de leur degré d’implication et de récidive.
Il faut que justice et vérité soient rendues pour cette famille
Me Antoine Camus, avocat des parties civiles
Après le réquisitoire, place aux plaidoiries de la défense
Une fois le réquisitoire terminé, la parole sera donnée aux avocats de la défense pour plaider la cause de leurs clients. Me Béatrice Zavarro, conseil de Dominique Pelicot, ouvrira le bal. Les plaidoiries devraient s’étaler jusqu’au 13 décembre.
Il restera alors une semaine aux 5 magistrats professionnels composant la cour pour délibérer. Le verdict de ce procès exceptionnel est attendu au plus tard le 20 décembre. Il sera particulièrement scruté au regard de l’émotion et des attentes suscitées par ce dossier qui met en lumière l’ampleur des violences sexuelles subies par les femmes, y compris au sein du couple.
L’enjeu est de taille pour l’institution judiciaire, qui doit démontrer sa capacité à apporter une réponse pénale adaptée à des crimes d’une gravité et d’une ampleur peu communes. Au-delà du sort individuel des accusés, c’est un message fort qui est attendu en matière de lutte contre les violences faites aux femmes.